lundi 27 juillet 2015

Razorback - 1984 - Russell MULCAHY

Au fin fond de l'outback australien, un sanglier géant sème la terreur.

Si ce film rappelle un classique des années 70, ce n'est pas Jaws, mais plutôt Texas Chainsaw Massacre. Le film baisse dans une ambiance de Rednecks Movies très sympathique avec chasseurs de kangourous cinglés et pauvres citadins perdus. Ce qui intéressé les auteurs, ce n'est pas de faire un énième film de grosse bestiole, mais de montrer le caractère dangereux et insolite de l'Outback australien et de ses habitants. Le monstre n'apparait qu'assez peu dans le film et fait surtout office de Mc Guffin. L'ambiance est très travaillé avec des décors apocalyptiques et des véhicules tunés qui n'auraient pas dépareillés dans Mad Max. La réalisation est très clippesque,ce qui peut en rebuter certains. Personnellement, je trouve que cela s'accorde bien avec l'ambiance burlesque du film.
Si RAZORBACK déçoit beaucoup de personnes (d'après ce que j'ai lu), ce n'est pas parce qu’il s'agit d'un mauvais film, mais parce que le spectateur n'y trouve pas ce qu'il attend. Ce n'est pas une chasse épique et angoissante sur un sanglier géant, mais une comédie noire au milieu des bogans.

dimanche 26 juillet 2015

Red Hill - 2010 - Patrick HUGHES

Dans un coin perdu d'Australie, une jeune shériff débarque pour prendre un nouveau poste. Au même moment, un  criminel condamné pour meurtre s'évade et revient pour se venger.

Red Hill a été réalisé par Patrick HUGHES, futur metteur en scène de Expendables 3. On a affaire ici à un transposition moderne des codes du western au sein de l'Outback australien. L'histoire est classique , mais bien efficace. Le casting, composés d'inconnus, est très bon et nous offre un défilé de sales tronches de bogans*. La mise en scène est très soignée: elle offre de très beaux plans de la nature australienne. L'ambiance vire peu à peu au fantastique avec ce personnage d'évadé qui se transforme peu à peu en figure surnaturelle. Le film offre même un critique assez intelligente sur le sort des aborigènes en Australie.
Après, je n'adhère pas totalement au film. L'idée d'un personnage qui vient terroriser une petite ville a déjà été vue plusieurs fois, par exemple dans Halloween ou L'Homme des Hautes Plaines. Mais ce qui marche dans ces films, ce sont les blancs dans l'histoire, les trous dans le scénario: dans les deux exemples cités précédemment, le spectateur a tout au long de l'histoire des doutes sur la motivation du bad guy, il ne sait pas réellement pourquoi il agit, ni même si le tueur est un être vivant ou s'est réellement échappé de l'Enfer. La fin du film est d’ailleurs loin de lever les doutes à ce sujet. Le problème de Red Hill, c'est que tout est expliqué. Après visionnage, le spectateur n'a aucun doute sur ce qui s'est passé. Pour moi, le long-métrage aurait gagné en efficacité si quelques pages du script avait été jetées. 


*: Terme argotique pour désigner les rednecks australiens.

mercredi 22 juillet 2015

Air Strike - 2002 - David WORTH


En Europe de l'est, un groupe de courageux soldats américains affronte un baron de la drogue.


Je n'ai pas fait d'étude de cinéma, mais s'il existe une option Utilisation de stock-shot, le réalisateur mériterait le diplôme. Les seuls prises de vues d'hélicoptères qui ne proviennent pas des archives de l'U.S. Army sont des images de synthèse d'une laideur assez incroyable! Excusons le réalisateur, il n'avait certainement pas le budget pour faire ce qu'il voulait.

L’histoire est assez catastrophique, mal exposée avec des passages franchement ridicules.On sent que Black Hawk Down est le modèle qu'Air Strike cherche à imiter. Mais là où Ridley SCOTT brossait une galerie de soldats sympathiques et glissait une réflexion politique assez pertinente, David WORTH montre une bande de bidasses têtes-à-claques et se vautre dans le patriotisme le plus ridicule. Il faut quand reconnaitre une qualité au film, c'est qu'il est très rythmé et qu'on ne s'ennuie pas. Il va également très loin dans une connerie assez réjouissante.

Air Strike est une bonne définition de ce qu'est un nanar: un film totalement à côté de la plaque dont le processus créatif a merdé à un moment. Je ne pense pas qu'il y ait un quelconque second degré. Les auteurs ont simplement voulu une série B un peu bourrine et flatter les sentiments patriotiques des spectateurs américains. Le problème est qu'il va tellement loin dans la bêtise qu'il perd toute crédibilité.

mardi 21 juillet 2015

In The Heat Of The Night - 1967 - Norman JEWISON

Titre français: Dans la chaleur de la nuit

Dans un petite du Sud profond des États-Unis, un homme est assassiné. Un policier noir originaire du Nord va devoir collaborer avec les flics locaux pour arrêter le coupable, non sans se heurter au racisme ambiant.
Il y a deux manières de parler de Dans la chaleur de la nuit: le plus évident est l'aspect politique.A la sortie du film, le mouvements de droits civiques afro-américains était très actif et présenter un policier noir dans ce contexte était très audacieux.
L'autre chose que l'on peut dire, c'est que In The Heat Of The Night est surtout un excellent film policier. L'intrigue en elle-même n'est pas des plus originale. Elle est correcte, sans plus. L'intérêt réside dans l'excellent mise en scène de Norman JEWISON, auteur très sous-estimé: il a parfaitement su retranscrire une atmosphère poisseuse et étouffante. L'affrontement entre Rod STEIGER et Sidney POITIER est un modèle de tension psychologique: on sent que ces deux personnages se détestent de prime abord, puis en viennent peu à peu, sinon à s'apprécier, au moins à se respecter. L'une des meilleurs idées du film, c'est de ne pas avoir fait été trop schématique: aucun des deux héros n'est totalement sympathique ou antipathique. Le personnage de Sidney POITIER oublie parfois qu'il est un policier et se laisse guider par ses sentiments. Le flic bouseux interprété par Rod STEIGER ne parait pas être un mauvais bougre et finit par comprendre au-delà des préjugés de son environnement. De même, ne pas avoir pris comme sujet un crime raciste renforce l'impact du film car on se concentre plus sur les relations tendues entre les protagonistes que sur l'intrigue qui n'a pas grand intérêt.

lundi 20 juillet 2015

Black Water - 2007 - Andrew TRAUCKI & David NERLICH

Deux jeunes sœurs et le petit copain de l'une d'elle partent faire une balade en bateau dans les marais. Si vous regardez l'affiche, vous saurez ce qu'ils vont rencontrer.

Avec ce pitch, on pense être en terrain connu, mais on a tort. Black Water évite les défauts de la navrante série des  Lake Placid* et réussit à être suffisamment différent du modèle du genre: Jaws. Le film est originaire d'Australie et a été réalisé pour un budget assez faible (800 000 $).

La différence notable avec la plupart des navets avec des animaux géants, c'est que Black Water a été réalisé par un vrai cinéaste (deux en l'occurrence!). En terme de mise en scène, de direction d'acteurs ou d'effets spéciaux, les auteurs ont été professionnels et ont su délivrer une ambiance crédible et angoissante. Le scénario, sans être foncièrement original, réserve des péripéties intéressantes et surprenantes. Les personnages sont crédibles et sympathiques.

Les deux réal' ont également une approche assez originale du film de grande bête. Dans Jaws, le requin est un monstre quasi-surnaturel, infaillible et presque indestructible: il a une forte valeur symbolique et est une métaphore des peurs que le shérif BRODY doit affronter. Dans le cas présent, on a simplement un crocodile qui veut bouffer son casse-croûte: il rôde autour de ses proies, les goûte et agit comme le ferait ceux de son espèce. Il se constitue une réserve comme le ferait tout animal sauvage. Mais il n'en est pas moins effrayant!

Black Water est un très bon survival dans sa plus pure expression: ce que vivent les personnages n'est pas une simple étape, une épreuve qu'ils doivent affronter et après laquelle ils auront grimpé une marche. Non, ils resteront marqués physiquement et psychologiquement par ce qu'ils ont vécu.


*à l’exception du premier volet!

mercredi 15 juillet 2015

Fair Game - 1986 - Mario ANDREACCHIO

L'affiche résume bien le film...
Au fin fonds de l'outback australien, des chasseurs de kangourous s'en prennent à une jeune femme qui garde un sanctuaire pour animaux. Sa vengeance sera terrible.

On est ici en terrain connu, celui du bon gros film d'exploitation. Fair Game n'est rien d'autre que ce qu'il promet: un survival bourrin et jouissif. Si d'autres films du même genre peuvent offrir une réflexion politique (la guerre du Viet-Nam  dans Sans Retour) ou éthique (la culpabilité dans Délivrance), Fair Game se contente d'être une série B décomplexée et efficace. Tout y est outré et caricatural, mais on s'en moque royalement! Si on est de bon humeur, on peut y voir un vague message écologique, mais ce n'est pas le propos ni l'intérêt.

Si l'histoire ne présente aucune originalité, la mise en scène est très efficace. La scène d'ouverture où la voiture de l'héroïne est prise en chasse par les camions des rednecks est un modèle de fluidité dans le montage et la prise de vue. Les poursuites automobiles sont réellement impressionnantes, même 30 ans après, et montrent que les cascadeurs australiens de l'époque devaient être une sacrée bande de cinglés!

mardi 14 juillet 2015

Photo interdite d'une bourgeoise - 1970 - La Mort caresse à minuit - 1972 - Luciano ERCOLI

Photo interdite d'une bourgeoise
Titre original: La Foto proibite di una signora per bene

 La mort caresse à minuit 
Titre original: La morte accarezza a mezzanotte


Deux films vus à la Cinémathèque Française dans le cadre des soirées Cinéma Bis. Ils ont été réalisés par Luciano ERCOLI, producteur et occasionnellement réalisateur. Pour l'anecdote, ERCOLI a été producteur pour le Fantomas de 1964 avec Louis DE FUNES.

Il s'agit de giallos, un genre italien de films très populaire dans les années 70 où une femme est observée et traquée par un tueur tapi dans l'ombre. Ce type de cinéma est très marqué par le cinéma d'HITCHCOCK et influencera grandement Brian DE PALMA ou John CARPENTER (notamment pour Halloween).

Photo interdite d'une bourgeoise raconte l'histoire d'une jeune et belle épouse un peu délaissée qui se retrouve prise au piège d'un maitre-chanteur. C'est un film assez sympathique mais pas sans défaut. L'histoire est bien menée, avec moult retournements et coups de théâtre: le spectateur ne sait pas si l'héroïne est réellement victime d'une manipulation ou s'il s'agit d'un délire paranoïaque. L'actrice principale est plutôt convaincante. A part les dernières images qui sont assez ridicules, on se fait plutôt bien prendre à cette histoire.

Après, la mise en scène est assez plan-plan, efficace mais sans plus. Ce n'est pas mauvais, mais assez impersonnel et nuit à l'efficacité du récit. Surtout, la musique est réellement affreuse (pourtant signée d'Ennio MORRICONE) et ressemble celle d'un téléfilm érotique du dimanche soir sur M6.

La mort caresse à minuit narre l'histoire d'un mannequin qui suite à l'absorption d'une substance hallucinogène croit avoir été témoin d'un meurtre. Tourné deux ans après Photo interdite d'une bourgeoise, la mise en scène est plus efficace, mieux maitrisé: les plans sont travaillés et donnent une ambiance quasi-surnaturelle. La musique, signée Gianni FERRIO, est mieux utilisée et ne gâche pas la montée en tension. Jusqu'au dénouement, on ne sait pas si l’héroïne est victime d'une machination ou de son imagination. Jusqu'au dénouement, le film est très bien. Parce que le dénouement est réellement mauvais et donne l'impression d'un bâclage sans nom avec des bad guys qui semblent sortir de nulle part et un twist franchement pitoyable. C'est dommage, mais le reste du film très bon.


jeudi 2 juillet 2015

Mr No Legs - 1979 - Ricou BROWNING

Titre français: L'infernale poursuite

Une jeune est assassinée accidentellement par un trafiquant de drogue, membre d'un grand réseau. Deux policiers, dont le frère de la victime, vont traquer les membres de l'organisation. Parmi eux, un cul-de-jatte en fauteuil roulant qui cache deux fusils de chasse dans les accoudoirs et est adepte des arts martiaux.

Roger CORMAN a dit un jour que lorsque l'on voulait réaliser un film, il faut toujours commencer par l'affiche. Après tout, c'est la première chose que les spectateurs voient du film (du moins jusqu'à une certaine époque) et c'est ce qui va l'inciter à payer sa place. Évidemment, quand on lit le résumé et qu'on voit l'affiche de Mr No Legs, le cinéphile lambda va être attiré dans la salle. A la sortie, il va être quelque peu déçu. Pour être honnête, le cul-de-jatte karateka doit apparaître dans environ 20 minutes et n'a qu'un rôle assez secondaire dans l'intrigue. Les séquences où il apparaît sont certes sympathiques (j'aime beaucoup les étoiles de Shuriken dissimulées sur les roues du fauteuil) mais pas très folichonnes non plus. Si l'acteur semble avoir de réelles compétences martiales, elles sont mal exploitées et mises en valeur. Le combat entre lui et cinq autres personnes autour d'une piscine est quand même assez mou. Il faut lui reconnaître un certain charisme et une vraie sale tronche, mais c'est tout.
Le film est assez mal écrit et réalisé, avec des acteurs à la ramasse. L'intrigue, assez simple, est bourrée de trous scénaristiques et est parfois incohérente. La mise en scène est très molle, avec des scènes d'action peu palpitante. La séquence finale de poursuite en voiture est beaucoup trop longue, très mal montée avec des plans qui s'enchainent sans grande cohérence et un emploi de mannequins en mousse assez visible.
Le film est heureusement sauvé (ou enfoncé selon les critères) par une version française ringarde. De plus, l'esthétique du film baigne dans un cachet 70's qui est une horreur visuelle tout à fait délectable pour le spectateur contemporain. Si dans d'autres films les chemises pelle à tarte et les voitures orange ont une certaine classe, c'est assez catastrophique dans le cas présent.
Mr No Legs est une déception. Avec un tel bad guy, le film aurait pu être un pur délire cinématographique et se démarquer. Malheureusement, le personnage est clairement sous-exploité et le film se prend beaucoup trop au sérieux.

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Le réalisateur est un nommé Ricou BROWNING. Ancien plongeur professionnel, il était la doublure pour les scènes aquatiques de La Créature du lagon noir et de ses suites. Il a également travaillé pour la télévision et a réalisé et produit des épisodes de Flipper le Dauphin.




Le personnage de No Legs est interprété par un certain Ted VOLLRATH. Vétéran de la guerre de Corée où il faut blessé au combat et amputé des deux jambes, il aurait acquis une ceinture noire de karaté. A part ce film, il n'aurait rien tourné d'autre.