mardi 13 décembre 2016

La Nuit des Morts-Vivants - 1968 - Georges ROMERO / 1990 - Tom SAVINI

La nuit des morts-vivants - 1968 - Georges ROMERO
Titre original: Night of the living dead

Pour de mystérieuses raisons, les morts reviennent à la vie et ont faim de chair fraîche.

La nuit des morts-vivants peut être considéré comme une pierre angulaire du cinéma pour plusieurs raisons: tout d'abord, il s'agit d'un des premiers films qui fait sortir le cinéma d'épouvante des grandes figures gothiques. L'horreur ne vient plus des châteaux de Transylvanie ou du laboratoire d'un savant fou, mais devient quelque chose de beaucoup plus concret, presque réaliste. Au fond, il n'y a pas grand chose qui sépare l'humain du zombie. Des films comme 2 000 Maniacs avait déjà défriché le terrain, mais l'impact de La nuit des morts-vivants est incomparable.

Ensuite, le but des personnages n'est pas d'affronter et de détruire le mal, comme le ferait n'importe quel VAN HELSING, mais simplement de survivre: cela pose une règle des films de zombies qui reste valable de nos jours. Le héros cherche avant tout à protéger les siens et ne pas se faire bouffer, il n'essaie pas de sauver le monde. Le zombie n'est pas un monstre surpuissant, il est donc difficile de lui opposer un héros traditionnel, sinon il n'y a pas d'enjeu. C'est le problème du personnage de Brad PITT dans World War Z qui incarne la figure classique du sauveur de l'humanité.

Le film suit ses personnages sans jamais changer de point de vue, à l'exception des bulletins d'informations et de la séquence finale, il n'y a pas de scènes expliquant réellement la situation dans le monde, on est presque dans un found footage. Ce choix de narration vient principalement des contraintes budgétaires, mais au final sert le récit. L'identification du spectateur aux personnages se trouve renforcée: on ne sait pas grand chose d'eux, mais on les apprécie et on espère qu'ils vont s'en sortir.

La nuit des morts-vivants est également porteur d'un message critique assez fort, mais qui, selon moi, n'est pas forcément bien interprété par le public. On considère souvent que le fait d'engager un afro-américain pour tenir le rôle principal est un acte très politique dans une Amérique marquée par la ségrégation. Ce à quoi Georges ROMERO a répondu qu'il avait choisi uniquement Duane JONES parce qu’il était le plus talentueux. En fait, ce que montre ROMERO, c'est que l'espèce humaine est incapable de faire face à une menace et qu'il suffit de peu de chose pour que l'ensemble des structures sociales volent en éclat: pendant tout le siège de la maison par les zombies, Ben (l'afro-américain) ne cessera de disputer le commandement à Harry, archétype du blanc conservateur. Plutôt que d'essayer d'adopter une défense commune et efficace, ils vont se disputer pour savoir la stratégie à adopter, au détriment de l'efficacité. Zombie est dans cette continuité et même L'armée des morts de Zack SNYDER est assez proche sur cet aspect: l'Homme n'est pas capable de réfléchir face à une menace et d'avoir une conduite rationnelle, il raisonne d'une manière stupide et mérite presque de se faire bouffer.

En plus d'être critique, La nuit des morts-vivants est très ironique vis-à-vis du spectateur: pendant tout le film, le spectateur ne cesse de prendre parti pour Ben. Charismatique, courageux et sachant prendre l'initiative, il est l'exact opposé de Harry qui apparait lâche et veule (cependant, il a une femme et un enfant à protéger, ce que n'a pas Ben). Harry veut que le groupe se barricade dans la cave tandis que Ben veut rester en surface. Au final, Ben aura la plus longue espérance de survie en adoptant la stratégie de Harry.

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La nuit des morts-vivants - 1990 - Tom SAVINI

A peu près le même script que pour l'original...

Etait-il nécessaire de faire un remake de La nuit des morts-vivants? Oui! Même si l'original a rebattu les cartes du cinéma fantastique et reste d'un intérêt historique incontestable, il a pris un coup de vieux qui rend son visionnage assez pénible pour celui qui le découvre aujourd'hui.

L'histoire est assez proche de la version de 1968. Tom SAVINI cherche avant tout à rendre hommage à son modèle et plutôt que d'adopter le ton énervé et ultra-réaliste de l'original, il donne au film un ton plus humoristique. Attention, on n'est pas dans la franche déconnade comme pouvait l'être Le retour des morts-vivants, mais SAVINI n'est pas là pour se prendre au sérieux et fait ce que fera TARANTINO quelques années plus tard: rendre hommage à un genre en détournant ses codes sans s'en moquer. SAVINI se permet cependant une petite pique en montrant comment les humains semble prendre un plaisir sadique à massacrer les zombies, mais cela reste assez discret.

Le gros changement touche principalement le personnage de Barbara. Dans la version de 1968, elle est en état de choc et ne fait rien durant la majeure partie du film (elle a vu son frère se faire massacrer) et n'a, au final, qu'une importance assez réduite. Tom SAVINI en fait une héroïne badass qui va massacrer du mort-vivant avec une efficacité à en faire pâlir Ellen RIPLEY.

En regardant le remake, je me suis dit que l'original ne pourrait plus passer aujourd'hui, notamment à cause de la façon dont Barbara était traitée par ROMERO: le réalisateur sera jugé machiste et patriarcal s'il présentait de nos jours un personnage féminin qui ne peut se défendre et ne fait rien d'autre que rester prostré. Peut-être que ROMERO est sexiste, je n'en sais rien, mais certains ont tendance à trop interpréter les films: la version de 1968 cherche à être réaliste, il n'y a rien de choquant à ce qu'un personnage soit en cas d'invasion de zombies tellement choqué parce qu'il ne puisse plus agir.

La nuit des morts-vivants de 1990 est un sympathique film d'action qui a permis de rajeunir le genre du film de zombie. Il n'a pas le mordant de son ainé mais est efficace et distrayant, ce qu'on demande avant tout à un film.

dimanche 4 décembre 2016

The Trip - 1967 - Roger CORMAN

Paul est publicitaire à Los Angeles. Il déprime à cause de la séparation d'avec sa femme. Suite à une prise de LSD, il va connaitre un trip infernal et connaitra des visions hallucinogènes et psychédéliques.

La drogue, c'est de la merde si vous n'achetez pas des produits de bonnes qualités...

Parmi toutes les catégories du cinéma d'exploitation, la Drugsploitation est une des plus surprenantes. Mélange de moralisme et de voyeurisme, le but de ces films est de montrer les méfaits de la drogue qui  ravage la jeunesse tout en éludant le moindre élément d'analyse. Si on filme des drogués et montre des images chocs, on ne cherche pas réellement à comprendre pourquoi ils en sont arrivés à se détruire ainsi. Il ne faut pas perdre de vue que le but de ce film est de faire acheter un ticket au spectateur, pas de faire de la sociologie. En gros, c'est du Enquête Exclusive avant l'heure. Pour ceux que le sujet intéresse, Nanarland a signé un très bon article.

The Trip est réalisé par Roger CORMAN et compte notamment Peter FONDA et Denis HOPPER dans son casting. Les deux premiers (CORMAN ET FONDA) avaient déjà tourné ensemble dans Les Anges Sauvages, prototype du films de bikers des 60's. Les deux derniers (FONDA et HOPPER) tourneront quelques années plus tard Easy Rider. Mais, ironie de l'histoire, au lieu d'être produit par un studio indépendant, le film initiateur de la contre-culture sera financé par une major hollywoodienne (Columbia en l’occurrence) et contiendra notamment une séquence de trip hallucinogène.

Et sinon, ça vaut quoi The Trip? D'un point de vue purement cinématographique, le film n'a pas trop mal supporté le poids des années. Esthétiquement, il est très marqué par son époque, mais c'est paradoxalement ce qui le rend intéressant: on a une sorte de photographie du Los Angeles de la fin des 60's avec tous les clichés que cela véhicule, que cela soit d'un point de vue vestimentaire ou musicale. Évidemment, il ne faut pas considérer que The Trip est un document historique ou représentatif sur l'état du pays, le mouvement hippie ayant été très minoritaire dans la jeunesse américaine. Par contre, si vous voulez réaliser un film ou écrire une histoire qui se passe durant le Flower Power, The Trip vous fournira tous les clichés possibles et inimaginables.

Les séquences hallucinogènes sont plutôt bien réalisées et suffisamment variées pour que l'on ne s'ennuie pas. Il y a par exemple, des allusions au Seigneur des Anneaux qui rappellent que ce livre était un classique des campus à cette époque. Le film est assez court (1h16), le sujet étant assez faible et ne permet pas de faire plus. CORMAN a le bon goût de ne pas être trop moraliste: à l'exception d'une annonce en début de film, CORMAN ne cherche pas réellement à faire passer de message, il a conscience que ce genre de chose énerve le spectateur. Il se contente de montrer des séquences un peu osées, ce qui a le mérite de ne fâcher personne.

Pour la petite anecdote, au générique, j'ai eu la surprise de voir que le film a été scénarisé par Jack NICHOLSON qu'on retrouvera au casting d'Easy Rider.



mercredi 30 novembre 2016

Fantasia chez les ploucs - 1971 - Gérard PIRES

Le film est à l'image de son affiche...
Dans un coin paumé de l'Alabama, deux trafiquants d’alcool tente de mettre la main sur le bikini serti de diamant d'une strip-teaseuse.

Fantasia chez les ploucs est un essai de comédie de  rednecksploitation à la française. Inspiré d'un livre de Charles WILLIAMS (également auteur de Calme Blanc), il met en scène trois des plus grandes vedettes de l'époque (Lino VENTURA, Jean YANNE et Mireille DARC). Le film s'inscrit dans une tradition très américaine de représentation des campagnards, par exemple pensez à la série Shériff, fais moi peur.

Je n'ai pas lu le roman original, mais d'après ce que j'en sais, il est raconté à travers le regard d'un enfant de 7 ans qui ne comprend pas les actions des adultes: l'intérêt de l'histoire vient du décalage entre ce que raconte innocemment le gamin et ce que comprend le lecteur. Une des raisons de l'échec artistique de ce film est que l'histoire n'a pas été retravaillé: les évènements ont été repris tels que décrits dans le le roman, sans travail sur le point de vue. De ce fait, au lieu d'une histoire burlesque, on a un récit pataud qui accumule les lourdeurs. 

Gérard PIRES, qui signera plus tard le premier Taxi, n'aime pas raconter une histoire ou filmer des personnages. Ce qui le branche, c'est les bagnoles, montrer des cascades ou des accidents. Le film en regorge sans réelle justification. Les scènes d'exposition s'enchainent sans lien logique et sans qu'on ait une ébauche d'intrigue. Le ton se veut loufoque, mais PIRES n'est pas Gérard OURY et si Lino VENTURA ou Jean YANNE peuvent être d'excellents acteurs comiques, ils ont l'air de s'emmerder ici. Vers la dernière demi-heure, PIRES ne sait plus quoi raconter et Fantasia chez les ploucs fait clairement du surplace.

Mais si le film est très mauvais et pénible à voir, il reste intéressant pour se rappeler que ce n'était pas mieux avant: on critique beaucoup le cinéma populaire français actuel pour son côté interchangeable et redondant, mais de sacrés merdes ont été tournées par ceux qu'on considère comme étant nos plus grands acteurs. La mémoire a fait le tri et on ne se rappelle que leurs grands films. Fantasia chez les ploucs a très mal vieilli, mais n'était pas bon à la base. On peut reconnaitre cependant un certain courage (ou inconscience) aux producteurs qui ont osé financé un projet réellement culotté. Le film avait du potentiel, il aurait pu apporter quelque chose au cinéma français. Cela n'a pas été le cas, il était condamné à être une bouse avec un réalisateur qui ne sait pas quoi faire de son histoire et un casting à côté de la plaque. Mais ils ont osé, ce qui est à mettre à leur crédit.

jeudi 24 novembre 2016

La Saga Pusher


Pusher - 1996


Frank est un petit dealer de Copenhague. A la suite d'une transaction qui tourne mal, il doit une forte somme d'argent à Milo, un gros bonnet. 

Premier long-métrage de Nicolas Winding REFN, Pusher est l'antithèse des films de gangsters américains comme Scarface ou Les Affranchis. Les truands danois n'ont pas de beaux costards ou de chaines en or clinquantes, ne dinent pas dans des restaurants de luxe ou ne conduisent pas des voitures rutilantes. Ils ont au contraire l'air plutôt miteux et ne mènent pas grand train. Loin des italo-américains de SCORSESE, ils inspirent plus la pitié que l'admiration.

Le style de REFN est assez proche d'un documentaire: caméra à l'épaule, lumière naturelle et prise de son directe. On est totalement immergé au côté de Frank et de sa recherche désespérée. REFN accumule les scènes chocs sans qu'elles n'aient l'air gratuites: chaque chose que fait Frank n'est qu'un pas de plus dans les ennuis. L'une des scènes les plus intéressantes est lorsqu'il rend visite à sa mère pour essayer de lui emprunter de l'argent: ce moment parait anodin, mais il montre que Frank est totalement au bout du rouleau. Lorsqu'un voyou est réduit à essayer ce genre de chose pour se sortir de ses problèmes, il n'a plus grand chose à espérer de son mode de vie.

Mais le point fort de Pusher est son casting: outre les excellents seconds rôles (avec notamment un Mads MIKKELSEN tout jeune), Frank est interprété par Kim BODNIA, dont il s'agit d'un des premiers rôles. Avec son regard de chien triste, il apporte une forte humanité à un personnage qui n'est au fond qu'un sinistre connard et qui mérite presque ce qui lui arrive. Grâce à Kim, on se prend d'affection pour Frank et on craint pour lui.

Après, le film a quelques défauts: la relation entre Frank et Rita (une prostituée chez qu'il cache de la drogue) ne fait pas très crédible à l'écran. Mais surtout, le film n'a pas grand chose à dire sur son personnage principal et devient redondant: on comprend que Frank va dans le mur, mais on en sait trop peu pour réellement s'attacher à lui. Il n'a pas une histoire qui le rend réellement intéressant: Henry HILL (Les Affranchis) est  un héros passionnant car, tout d'abord fasciné par le mode de vie des truands, il prend peu à peu conscience qu'il va y laisser sa peau. On n'a que la chute de Frank, pas ce qu'il a été avant.

Pusher a des défauts, mais son style ultra-réaliste et coup-de-poing et surtout la qualité du casting en font un très bon premier film.

Dommage que la carrière de Kim n'ait pas davantage marché à l'international, parce que niveau talent et charisme, il pouvait (presque) concurrencer Mads MIKKELSEN.


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Pusher II Du Sang sur les mains - 2004

Quelques temps après les évènements du premier Pusher...
Tony, l'ancien meilleur copain de Frank, est libéré de prison. Il va retrouver son père, le Duc, un gangster craint et respecté avec qu'il entretient des relations difficiles.

Pusher II reprend le même style brut et direct que le premier volet, en caméra à l’épaule et décors naturels. Il y a cependant un travail stylistique qui a été fait sur l'utilisation de la musique et les lumières, particulièrement pendant la scène du mariage, même si on est encore loin de ce que REFN fera par la suite. Le film montre également que les truands peuvent être d'une compétence discutable, voire même de parfaits crétins, là où Frank était surtout victime de la malchance.

REFN corrige le principal problème du premier Pusher et donne une véritable consistance à son héros: Tony n'est pas qu'un simple malfrat, il est aussi un fils qui cherche l'amour de son père. C'est un personnage réellement touchant, magnifiquement interprété par Mads MIKKELSEN qui réussit à alterner les moments où il joue un parfait crétin avec ceux où Tony est un héros tragique (parfois pendant la même scène). Son regard suffit à retranscrire tout l'humanité et la souffrance du personnage. Ce dernier se fait humilier constamment par son père qui ne cesse de dénigrer ses efforts pour être un fils dont il serait fier. La violence qu'il subit est essentiellement morale, mais aussi brutale que la violence physique: lors du mariage d'un ami de la famille, le Duc déclare en public qu'il aurait préféré que le marié soit son fils plutôt que Tony. Il préférerait certainement se battre avec lui, pour après s'embrasser, que de subir de telles humiliations.

Cette photo de Mads n'apporte rien, mais je voulais la mettre...

Mais Pusher II est aussi, paradoxalement, le film le plus optimiste de la saga car il offre un semblant d'espoir à son personnage: la scène finale où Tony s'enfuit avec son enfant, il comprend qu'il n'a plus rien à attendre de cet univers et que s'il laisse son bébé, il finira comme lui. Ce n'est pas le geste d'un égoïste qui essaie de donner un sens à sa vie en sacrifiant un enfant (comme par exemple le héros de Mon nom est Tsotsi), c'est celui d'un père.





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Pusher 3  I am the Angel of Death - 2005

Milo, un caïd de Copenhague, doit fêter l'anniversaire de sa fille. En parallèle, il doit gérer un gros deal avec des mafieux albanais.

Il n'était pas prévu, lors du tournage du premier Pusher, qu'il y aient d'autres volets. Du sang sur les mains et Je suis l'Ange de la Mort ont été tournés à cause de problèmes financiers de REFN. Ce dernier, loin de bâcler le travail, a cependant réussi à créer un univers cohérent où chaque épisode peut se voir indépendamment les uns des autres. Un des grands atouts des deux derniers opus est de réutiliser des personnages secondaires de Pusher I, pour en faire les principaux protagonistes.

Milo, dans Pusher I, c'est le gros ponte du trafic de came. Un brin caricatural, il est une de ces figures à la Paul CICERO (Les Affranchis), un caïd qu'il vaut mieux ne pas froisser sous peine de finir jeté à l'eau avec des semelles en béton. Après une apparition éclair dans Pusher II, on le retrouve ici en tête d’affiche. Milo est fatigué. Jadis il tenait ses affaires d'une main de fer, mais il n'est plus dans le coup. Il ne peut plus compter sur grand monde, ses nouveaux hommes de mains ne sont pas très efficaces. Même sa fille qu'il chérit plus que tout commence à lui marcher dessus. Une nouvelle génération de truands commence à émerger et s'impose peu à peu. Milo n'a plus grand chose de sa superbe, la fin est proche pour lui. Milo est vieux. Pusher III est l'épisode le plus désespéré: une vie entière passée à devenir quelqu'un, mais au final on se retrouve tout seul. Milo est triste. Il n'aura même pas de dernier tour de chant, comme un vieux crooner.

Milo, c'est Nicolas Winding REFN. Tout comme il a mis beaucoup de lui en Tony pour le second volet, il a mis beaucoup de lui en Milo pour le dernier chapitre. Il en a assez du monde de Pusher et souhaite le quitter. Certes, les histoires de dealers lui ont beaucoup apporté, mais il est fatigué de cet univers. Lui aussi doit passer à autre chose. L'ange de la Mort conclut brillamment cette trilogie, REFN laisse ces personnages derrière lui.


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Pusher - 2012

Frank est un petit dealer de Londres. A la suite d'une transaction qui tourne mal... (Merci de se reporter à l'original).

Drôle d'idée que de faire un remake de Pusher: l'original a des défauts mais supporte parfaitement le poids des années (les vieux téléphones portables sont les seuls éléments réellement datés). Le remake se contente juste d'être une copie carbone sans essayer d'introduire la moindre nouveauté. Le réalisateur a disposé d'un budget plus conséquent que REFN: l'image est plus propre et on a parfois l'impression de regarder un clip, particulièrement lors des séquences en boîte de nuit. Paradoxalement, cela crée un esthétique léchée et branchouille qui risque de très mal supporter le poids des années.

Pusher 2012 a particulièrement raté son casting: la pire idée est certainement d'embaucher Zlatko BURIC dans le rôle de Milo. Il ne s'agit pas d'un caméo sympathique des auteurs, mais de la preuve d'un manque total d'imagination de leur part. Le talent et le charisme de l'acteur ne sont pas en cause, mais sa présence ne cesse de nous rappeler l'univers glauque et oppressant de l'original. Richard COYLE, qui interprète Frank, est assez convaincant dans son rôle, mais il n'arrive pas à dégager la même empathie que Kim BODNIA. Ce dernier, avec sa bouille ronde et ses yeux bleus, arrivait à inspirer beaucoup de sympathie malgré ses actes. Mais le pire est certainement Bronson WEBB, dans le rôle de Tony, qui fait passer son personnage pour un crétin et détruit tout crédibilité: je suis d'accord pour dire que l'acolyte de Frank n'est pas une lumière et que WEBB a la lourde tache de reprendre un rôle joué à l'origine par Mads MIKKELSEN, mais il y a des limites!

Tout n'est pas à jeté dans Pusher 2012: l'ambiance des bas-fonds de Londres est sympathique et même si on connait l'histoire, le film fonctionne bien. Mais j'ai du mal à comprendre la démarche des auteurs qui se contentent de reprendre les ingrédients sans modifier la recette. Je ne suis pas contre les remakes, mais cela doit être justifié par une nouvelle approche de l'histoire ou une actualisation d'un film daté. La version 2009 de The Firm est un bon exemple de ce que doit être un remake: les auteurs essayaient de raconter la même histoire mais d'un point de vue différent. Même si le film avait des défauts, les auteurs essayaient de faire quelque chose de neuf et pertinent.

Finalement, je préfère le look crane rasé et jogging Addidas des danois plutôt que les minets londoniens.


"- Frank, tu me dois 55 000 £!"
"- Toi, tu dois avoir de sacrés dettes pour reprendre le même rôle qu'il y a 15 ans!"



samedi 29 octobre 2016

Police des mœurs - 1987 - Jean ROUGERON

A.k.a: Saint Tropez Vice pour l'exploitation internationale

Sur la Côte d'Azur, la police des mœurs enquête sur un trafic d'êtres humains mené par une organisation criminelle.

Le film policier français n'est pas exclusivement parisien: d'autres villes ont l'occasion d'être le lieu d'enquêtes ou d'affrontements entre flics et truands: Rouen (Adieu Poulet), Orléans (Police Python 357), Nice (Sans Mobile Apparent) et bien évidement Marseille (Borsalino, French Connection 2...). Il existe cependant une ville qui n'a pas été particulièrement gâtée, c'est Saint-Tropez. A part Brigitte BARDOT ou les aventures du Maréchal des Logis Chef CRUCHOT, Saint-Tropez n'évoque pas grand chose dans la mémoire du cinéma français.

Police des Mœurs est une curiosité dans l'univers du polar français des années 80: il s'agit d'une tentative d'adapter l'atmosphère de la série Miami Vice sur la Riviera française. Au revoir les banlieues rouges et les ambiance nocturnes bleues sur fond de solos de saxophone, bonjour les voitures de luxes et les nappes de synthétiseur sur fond de soleil couchant. Le film est évidemment une catastrophe cinématographique: rien ne fonctionne que ce soit au niveau de l'intrigue, de la mise en scène ou de l'interprétation, Police des Mœurs se contentant de singer les tics de son modèle américain sans avoir la moindre qualité de la série de Michael MANN.

Police des mœurs essaie de donner une impression de richesse en multipliant les voitures et les montres de luxe, mais cela ne fait que souligner le caractère fauché du film en comparaison de la pauvreté de la mise en scène et l'indigence des scènes d'action. La garde-robe des acteur est particulièrement datée, surtout en ce qui concerne le héros qui tente maladroitement de copier Don JOHNSON. Mais si ce dernier était un symbole de la classe telle qu'on la définissait dans les années 80, son homologue français a l'air moins distingué.

L'homme le plus classe de la télé américaine dans les années 80, après Tom SELLECK dans Magnum.



Cela ne fait que confirmer le principe de Georges ABITBOL selon lequel il ne faut pas confondre la classe et la coquetterie. Il ne sert à rien d'avoir sur soi pour une barre de fringues, de se fournir chez Azzedine ALAÏA ou d'acheter ses sous-pulls chez Yohji YAMAMOTO.

Police des Mœurs n'atteint pas le même niveau de débilité que Brigade des Mœurs, mais reste un bon mètre-étalon de la connerie. On est en présence de ce qui peut se faire de pire en matière de polar à l'américaine: les codes sont copiés sans essayer de les adapter au contexte. Mais le plus surprenant est la tendance du réalisateur à montrer des filles dénudées à la moindre occasion, ce qui finit même par devenir franchement gênant: On a parfois l'impression de regarder un téléfilm érotique du dimanche sur M6 qu'un film policier.




dimanche 23 octobre 2016

Little Odessa - 1994 - James GRAY

Joshua est tueur à gages. Un contrat va le ramener dans le quartier de son enfance où il va revoir sa famille avec qu'il avait coupé les ponts.

Little Odessa est le premier film d'un jeune réalisateur (24 ans lors du tournage) qui a fait du chemin depuis. On sent l'influence des grands maîtres, notemment SCORSESE, CIMINO ou LEONE. Comme eux, James GRAY aborde différents thèmes comme la famille et le conflit de générations, la fraternité brisée, l'immigration en Amérique, les gangs criminels... Mais contrairement à ses influences, GRAY ne montre pas les truands comme étant des personnes charismatiques (bien que malfaisantes): Joshua est un être solitaire qui ne mène pas une existence flamboyante, on est très loin des Affranchis. Les scènes de violence sont assez rares et n'en sont que plus surprenantes, GRAY ne cherche pas à les rendre spectaculaires. Toute la mise en scène est économe en effets chocs, comme les acteurs qui jouent un rôle plutôt que de chercher à être sélectionnés pour les Oscars. L'ambiance est littéralement grise et étouffante avec ce décor de Brooklyn enneigé.

Malgré toutes les qualités du film, Little Odessa a des défauts: le rythme est très lent, voire long. On a parfois l'impression que plusieurs séquences pourraient être coupées sans que cela nuise à l'histoire. On n'est pas en présence d'un chef-d’œuvre, juste d'un très bon premier film, ce qui est déjà pas mal.

samedi 8 octobre 2016

Killing Zoe - 1994 - Roger AVARY

Pas le nom du réal', mais celui du producteur!
Zed, un truand américain se rend à Paris pour retrouver un ami d'enfance. Avec la bande de ce dernier, ils vont braquer une banque. Leur route va croiser celle de Zoé, une prostituée.

Killing Zoe est sorti au même moment que Pulp Fiction et surfait sur la même vague d'humour et de violence. Du moins, c'est ainsi que le film a été vendu à l'époque. Le nom de TARANTINO est écrit en gros sur l'affiche, certains dialogues sur la pop culture laissent penser qu'il aurait peut-être participé à l'écriture, ou plus vraisemblablement que les auteurs se sont fortement inspiré de lui. Ce qui a du décevoir fortement les spectateurs, car Killing Zoe se veut plus brut de décoffrage, sans utilisation de l'ironie  et second degré pour désamorcer la violence.

Ce que j'ai apprécié, c'est que le film n'utilise pas le cliché de montrer la Tour Eiffel pour faire comprendre que l'action se déroule à Paris. De même, pour jouer des français, AVARY a fait appel à des acteurs français pour jouer des français qui parlent en français la plupart du temps. Donc Killing Zoe arrive à être crédible et cohérent sur ce aspect. Pour le reste...

Ce dont on se rend compte assez rapidement, c'est que le film n'a pas été tourné en France (ce que le générique confirme vu qu'aucun nom français n'apparait!) à l'exception de quelques plans sans les acteurs principaux. L'essentiel du film se déroule en intérieur (dans des décors souvent laids), les quelques scènes extérieures se déroulent dans des voitures aux vitre opaques. Ces pseudo-astuces ressemblent surtout à des caches-misères et s'avèrent extrêmement visibles. Que le réalisateur n'ait pu tourner à Paris, cela est excusable, mais il doit adapter son script à cette contrainte, et surtout ne pas insister toutes les cinq minutes que l'action se déroule en France.

Killing Zoe est assez mal filmé, surtout dans la scène d'action finale de l'assaut des forces de l'ordre: AVARY film uniquement les gangsters, mais ne montre pas le contre-champ des policiers qui pénètrent (cependant, il n'avait peut-être pas les moyens de les filmer). Le problème est que les truands semblent tirer n'importe où, mais pas sur la porte d'entrée: cela démontre une mauvaise gestion de l'espace et donne une impression de désordre. Tout est filmé en caméra à l'épaule, ce qui donne un très vilain contraste avec les affreux décors et la photographie est laide.

Le film est très bizarrement structuré: la première partie qui raconte les retrouvailles des deux amis ainsi que la nuit de débauche est beaucoup trop longue. Quand au braquage, il y a en fait assez peu d'action. Mais le souci vient du personnage de Zoé: elle n'apparait que cinq minutes au début du film, puis disparait pendant près d'une heure pour finalement un rôle peu conséquent. L'histoire donne l'impression d'être un rafistolage de scènes sans souci de la progression dramatique.

Mais le plus gros problème de Killing Zoe est que le ton provoc' et trashy a horriblement vieilli: même si le film a pu être considéré comme choquant à l'époque, on a vu depuis bien pire et bien mieux raconté. Malheureusement on ne retient pas grand chose d'autre du film que sa volonté de choquer: cela veut dire deux choses, soit Roger AVARY n'a rien d'autre à dire ou à raconter, soit il a échoué dans ce qu'il voulait faire. Provoquer ne suffit pas pour qu'un film soit intéressant et supporte le poids des ans: Les Valseuses a provoqué un gros scandale dans le France giscardienne. En le regardant je retiens surtout un trio d'acteurs en parfaite alchimie et une mise en scène d'une grande qualité. Pour Killing Zoe, il n'en reste rien après son visionnage. Beaucoup de défauts que je reproche au film sont peut-être des intentions de réalisation et correspondent exactement à ce que souhaitait AVARY, mais le résultat donne au spectateur un sentiment d'inachevé et de bâclé.

mardi 4 octobre 2016

Anaconda - 1997 - Luis LLOSA

Une équipe de télévision se rend au fin fond de la jungle amazonienne pour filmer une tribu. Leur route va croiser celle d'un gigantesque anaconda.

Anaconda est une pure Série B de luxe: un sujet qui tient en deux lignes dont le seul but est de faire payer un billet au spectateur dans la salle et de le distraire pendant 90 minutes. Le film a été produit par Columbia qui a mis 45 Millions de dollars. Il a été mis en scène par Luis LLOSA qui a été formé à l'école Roger CORMAN: Il a donc appris comment dépenser intelligemment des dollars et lui en mettre plein la vue.

Près de 20 ans après sa réalisation, Anaconda tient étonnement bien la route: les FX n'ont pas trop vieilli et le monstre reste impressionnant. Le ton oscille constamment entre sérieux et parodie, principalement grâce à la prestation de Jon VOIGHT qui cabotine à merveille son personnage de chasseur de serpent. On n'est pas dans un film de monstre sérieux comme Jaws, on est plus dans l'hommage aux films d'exploitation italiens des années 70/80 avec un esprit Grindhouse avant l'heure. Mais si le script est classique, il réserve néanmoins quelques surprises intéressantes dans son déroulement. Par ailleurs, le film n'est pas idiot si on regarde son propos: l'anaconda n'est finalement qu'un sac à main de 20 mètres de long qui voit des casses-croutes s'approcher trop près de chez lui, le véritable monstre est le personnage de Jon VOIGHT qui est un véritable trou du cul que rien ne viendra rattraper. Mais surtout, le film pourrait presque passer pour un plaidoyer féministe: Jennifer LOPEZ, loin de jouer les demoiselles en détresse, s'avère assez badass' et énergique!

Et en plus on a droit à un petit cameo de Danny TREJO!

dimanche 2 octobre 2016

F.I.S.T. - 1978 - Norman JEWISON / Hoffa - 1992 - Danny DE VITO

L'histoire de Johnny KOVAK, manutentionnaire injustement licencié qui deviendra l'un des plus puissants syndicalistes des États-Unis.

Le mouvement ouvrier américain a une histoire riche et complexe. Cela est un peu oublié, mais les premières luttes pour les droits des prolétaires ont eu lieu dans la patrie de l'Uncle Sam.

F.I.S.T. est inspiré de la vie de Jimmy HOFFA, patron du syndicat des camionneurs (les Teamsters) qui disparut en 1975, probablement coulé dans un bloc de béton par la Mafia de Chicago (l'Outfit). L'homme est une figure riche et complexe, qui défendit les travailleurs et s'acoquina avec le crime organisé. C'est son fils, James P. HOFFA, qui dirige actuellement les Teamsters.

En 1978, Sylvester STALLONE sort du triomphe critique et public du premier ROCKY. Ce dernier a d'ailleurs de nombreux points communs avec Johnny KOVAK: prolétaire blanc sans avenir, il ne s'en sortira que grâce à sa force de caractère et à ses poings. F.I.S.T est une fresque historique qui vise à rendre compte de toute la complexité de son héros: tout d'abord sincère dans son combat pour ses camarades, il va peu à peu perdre son âme, devenir un apparatchik grimpant dans la hiérarchie par des coups bas et des magouilles. Le film a de nombreuses qualités dont la première est son script: F.I.S.T. est une véritable leçon d'histoire qui montre pourquoi certains syndicats américains durent s'allier avec la Mafia pour faire face à la violence des milices patronales. Cela explique d'ailleurs pourquoi Chicago est à la fois la ville d'Al CAPONE et un bastion du mouvement ouvrier. La prestation de STALLONE, dont on a oublié qu'il pouvait être un grand acteur, souligne le déchirement du personnage pris en étau entre la défense de ses camarades et les criminels qui lui ont permis d'être là où il en est. Certes le vrai HOFFA avait peut-être moins de scrupules, mais F.I.S.T ne fait que s'inspirer de sa vie.

Norman JEWISON a fait une excellente reconstitution du Cleveland ouvrier des années 30 et les scènes de bagarres entre grévistes et garde-chiourme du patronat sont spectaculaires. Certaines choses ne fonctionnent pas réellement, comme la romance que vit Johnny, histoire d'amour qui renvoie à celle avec Adrian dans Rocky, mais globalement le film est excellent.

Pour la petite anecdote, F.I.S.T évoque le financement, via la caisse de retraite des camionneurs, de l'achat de casinos à Las Vegas par l'Outfit. Cet évènement est raconté d'une manière plus détaillée dans le film Casino de Martin SCORSESE.

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En 1992, sort Hoffa de Danny DE VITO. Si F.I.S.T s'inspirait de la vie de HOFFA, ce film veut être une biographie plus réaliste. Le leader syndical, interprété par Jack NICHOLSON, y est présenté comme une franche canaille, pour qui l'alliance avec la Mafia ne lui pose pas de problèmes  tant qu'il garde le pouvoir et peut se remplir les poches. Là où STALLONE passait pour un homme sincère qui avait perdu son âme, NICHOLSON est une authentique crapule. On en sait assez peu sur lui, ses origines, comment il est devenu syndicaliste, on a de ce fait du mal à ressentir une réelle empathie pour le personnage.

Hoffa sonne plus comme un film de gangsters, très inspiré par Les Affranchis. La reconstitution est moins réussie, moins réaliste, certaines scènes ayant un aspect carton-pâte assez prononcé. Dans sa mise en scène, DE VITO a une fâcheuse tendance à user et abuser d'effets dramatiques (musiques, ralentis...) qui s'avèrent assez pénibles. La façon dont il gère les transitions est symptomatique d'une volonté d'en mettre plein la vue aux spectateurs, même si cela ne sert à rien. Et surtout, DE VITO a oublié que montrer un gangster n'est pas une fin en soi si on a rien à dire: dans Les Affranchis, le personnage d'Henry HILL, d'abord fasciné par les voyous, comprend peu à peu qu'il est tombé dans un milieu sordide où l'amitié n'existe pas. DE VITO nous montre un HOFFA sans scrupules et prêt à tout, qui n'a aucune réelle évolution psychologique. Peut-être que le vrai Jimmy HOFFA n'a jamais été sincère dans son combat, mais le personnage est de ce fait moins intéressant à l'écran que celui interprété par STALLONE.

Le film est heureusement sauvé par la formidable prestation de NICHOLSON qui offre de beaux moments de bravoures, notamment pour la scène d'audition au Sénat face à Robert KENNEDY.

Hoffa est peut-être plus proche du vrai Jimmy HOFFA. Cependant, si biographiquement le film est plus intéressant que F.I.S.T, il l'est moins cinématographiquement.

jeudi 29 septembre 2016

Harry Brown - 2009 - Daniel BARBER


Harry BROWN, paisible retraité, vit dans une banlieue de Londres qui est la proie de gangs de dealers. Le jour où son vieil ami Leonard est tué par les voyous, le passé d'ancien Royal Marine de Harry va ressurgir.

Un retraité de 70 ans qui flingue la racaille, c'est n'est pas forcément une bonne idée. Il n'y a qu'à voir les derniers films de Charles BRONSON où il se bat à mains nues contre des loubards ayant 30 ans de moins et 30 kilos de muscles supplémentaires: c'est pathétique! Heureusement, pour Harry Brown, les auteurs ont compris qu'il faut assumer l'âge du héros et ne pas lui faire des choses invraisemblables: toutes les cascades et actions violentes sont crédibles vue la condition physique du héros.

Harry Brown pourrait ressembler à de nombreux vigilante movie où suite à une sordide agression, un brave citoyen décide de  régler lui-même ses comptes. Cependant le propos est plus subtil qu'il n'y parait: tout d'abord il ne s'agit pas d'un représentant des classes moyennes supérieures ou bourgeoises qui s'égare dans un quartier mal famé ou se fait violenter chez lui par des voyous en maraude. Agresseurs et agressés vivent au sein du même environnement qui s'est dégradé au fil des années pour diverses causes (chômage de masse, abandon de l'action de l’État...). Ensuite sur les motivations de Harry, il semble qu'il se mette à agir suite à l'agression de son meilleur ami pour se venger: cependant l'histoire montre qu'il vient juste de perdre sa femme, que plus rien ne semble le retenir (a priori, il n'a pas d'enfants). A mon sens, il agit plus d'une attitude suicidaire, ce que certaines dialogues sous-entendent. Le principal souci du film est que l'on ne sait pas quel est l'état psychologique à la fin de l'histoire: a-t-il réussi ou pas à retrouver le goût à la vie?

A part ce problème de script, le film est réellement excellent: dès la première séquence le réalisateur montre un univers en proie au chaos et à la violence gratuite omniprésente. Le ton du film est terne et désespéré, la photographie ne fait jamais ressortir de couleurs vives, seulement grises ou verdâtres. Le casting est excellent avec un superbe festival de sales tronches pour les seconds rôles. Michael CAINE est juste impérial, mais vu son talent, cela n'a rien de surprenant.

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Un détail rigolo du casting est que beaucoup d'acteurs se retrouveront plus tard sur le tournage de Game of Thrones, univers où les conflits se règlent également d'une manière musclée:

David BRADLEY, a.k.a Walder FREY

Liam CUNNINGHAM, a.k.a Davos MERVAULT

Ian GLEN (au centre), a.k.a Jorah MORMONT










mardi 27 septembre 2016

La Balance - 1982 - Bob SWAIM

Dans le quartier de Belleville, l'inspecteur de police PALOUZI veut faire tomber le caïd MASSINA. Il va faire pression sur une prostituée et son compagnon Dédé, ancien de la bande à MASSINA, pour faire d'eux des indicateurs, des balances.

Un excellent film policier français des années 80, si ce n'est le meilleur. Le ton du film est très éloigné du polar à l'ancienne avec son argot, ses flics en costards et son code d'honneur des truands.

Le personnage de Richard BERRY est une vraie nouveauté dans le cinéma français de l'époque: on a droit à un commissaire en tenue décontractée qui côtoie la délinquance de près et use de méthodes pas franchement recommandables car il sait que c'est le seul moyen d'avoir du résultat. Ce n'est pas le flic qui va imposer sa propre loi à coups de bastons dans les bars et de fusillades à la BELMONDO, PALOUZI doit composer avec son environnement. S'il ne franchit jamais la ligne jaune, il s'en approche souvent.

Le personnage auquel on s'attache le plus est paradoxalement celui de Philippe LEOTARD, truand déchu devenu un minable julot, pris en étau entre la pègre et des flics pas très reluisants. Une des grandes qualités du film est sa capacité à créer un univers crédible auquel le spectateur peut adhérer: aucun des personnages, principal ou secondaire, ne sonne faux. Bob SWAIM a fait un excellent travail de casting et de direction d'acteurs. D'ailleurs, La Balance ne montre pas un flic, mais un groupe de flics, chose courante de nos jours, mais rare à l'époque: entre PALOUZI, le Capitaine ou le Belge on a une galerie de personnages immédiatement identifiables et pour lesquels on ressent de l'empathie. Même si l'action tourne beaucoup autour du personnage de BERRY, chacun aura son rôle et son importance. On sait peu de choses sur eux, mais on croit à cette équipe et aux liens qui les unissent.

Et comme pour les films de cette époque, on voit un Paris sale et délabré!

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Une affiche italienne qui emprunte beaucoup au giallo:


dimanche 25 septembre 2016

A Gun for Jennifer - 1996 - Todd MORRIS

Très belle affiche, pas forcément représentative!
Fraichement débarquée à New York de l'Ohio, Jennifer est agressée par deux voyous. Elle est sauvée in extremis par un gang de filles qui s'est donné comme mission de punir les agresseurs sexuels.

A Gun for Jennifer (A.G.F.J) appartient à une sous-catégorie du vigilantism, le rape and revenge: pour justifier le concept d'autodéfense, on l'habille avec l'apparat du féminisme. On autorise la justice personnelle par le fait que le type soit un salaud de violeur. 

A.G.F.J. est un film indépendant réalisé par un certain Todd MORRIS . Le budget était très faible ce qui se voit à l'écran: caméra à l'épaule, décors naturels, comédiennes inconnues. Le ton est à mi-chemin entre la parodie et le plaidoyer radical: ces riot girls qui castrent les violeurs ayant échappé à la Justice sont également les tenancières d'un club de strip-tease (ce qui est un peu contradictoire selon mon point de vue).

A.G.F.J. est un pur produit de l'ère TARANTINO des 90's, quand ce dernier était en pleine ascension et tous les jeunes cinéastes débutants écrivaient leur simili-Pulp Fiction. Le film est donc un mélange de violence ultra-crue et de grosse déconnade. A.G.F.J. n'est certainement pas un bon film: pas très bien réalisé, ni très bien écrit, ni très bien interprété. Les séquences avec les policiers ressemblent à un mauvais épisode de Law & Order et concentrent à elles seules pas mal de clichés. Certes le budget n'a pas permis au réalisateur de faire ce qu'il voulait, mais un peu plus d'argent aurait-il vraiment permis d'accoucher d'un meilleur film? Je ne pense pas. Mais ce n'est pas forcément un spectacle désagréable: A.G.F.J. assume parfaitement sa connerie et n'a pas d'autre ambition que d'être un film d'exploitation trash, dégueulasse et assez plaisant à voir pour peu que l'on soit amateur. Il y a en plus cette vision d'un New York sale et délabré qui a totalement disparu des écrans et que j'apprécie beaucoup: cela change de la ville proprette et gentillette que l'on voit depuis Friends ou Sex and the city.

vendredi 23 septembre 2016

Les Ripoux - 1984 - Claude ZIDI

Dans les XVIIIième arrondissement de Paris, René est un policier de quartier qui s'occupe principalement d'encaisser des pots-de-vins. François, fraichement arrivé d’Épinal, va peu à peu bouleverser sa petite tranquillité.

Claude ZIDI est quelqu'un qui revient de loin. Après avoir commencé sa carrière avec les aventures des Charlots (notamment Les Bidasses en Folie et Le Grand Bazar) il rencontre peu à peu de vrais acteurs comiques (Coluche ou DE FUNES), soigne ses scenarii et finit par accoucher de son meilleur film: Les Ripoux

Les années 80 virent le cinéma français produire un nombre conséquent de films policiers affublés de certains tics de réalisations: ambiance nocturne avec filtre bleu, saxophone en fond sonore, poésie de la zone et personnages au bout du rouleau. Le prototype de ce sous-genre est Tchao Pantin avec son pompiste-justicier. Ce ton se voulait résolument moderne et fait affreusement démodé de nos jours. Si Les Ripoux vieillit bien, c'est parce que le film a justement su éviter ces effets pseudo-branchés de l'époque. On est dans un polar assez traditionnel avec ses petits voyous, ses bistrots de quartier et son argot. Ces deux flics ne sont pas vraiment recommandables, mais il est impossible de ne pas s'attacher à eux. Ils ont un côté Astérix Le Gaulois: râleur et perclus de défauts mais débrouillard et sympathique.

La grande force du film est son casting: le duo NOIRET-LHERMITTE fonctionne parfaitement et autour d'eux on a un panel des meilleurs seconds rôles du cinéma français (Julien GUIOMAR, Claude BROSSET...). Il n'y a pas réellement d'histoire, plutôt une succession de petites saynètes où le gentil inspecteur LHERMITTE va peu à peu devenir plus corrompu que son mentor. Les Ripoux vieillissent comme du bon pinard: on a beau connaitre le film par cœur, impossible de ne pas rire face à ces deux trublions.


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Une affiche italienne qui ignore le personnage de Thierry LHERMITTE:


jeudi 22 septembre 2016

Vigilante - 1983 - William LUSTIG

Eddie, électricien new-yorkais, voit sa femme et son fils violemment agressé par une bande de voyous. Le leader est arrêté par la police, mais relâché par un juge corrompu. Face à tant d'injustices, Eddie va prendre les armes.

Un film d'auto-défense dans les New York sale et déglingué du début des années 80, réalisé par William LUSTIG, également auteur de Maniac et la trilogie Maniac Cop... En prime, on a Fred WILLIAMSON et Robert FORSTER au casting. Sur le papier, Vigilante a tout du rêve de cinéphile friand de films d'exploitation. Mais au final, on est un peu déçu.

Le problème de ce film vient principalement du script qui a été trop (ou pas assez) réécrit et dont beaucoup de passages ont du être coupés lors du passage à l'écran. De ce fait, le film avance très lentement, l'exposition est trop longue. Le personnage principal joué par Robert FORSTER pourrait être intéressant: par rapport aux classiques de l'auto-défense comme Death Wish, le héros est un prolétaire et non un représentant des classes moyennes supérieures comme Paul KERSEY. Mais il n'est pas très bien traité et on a du mal à s'attacher à lui. Tout comme le personnage de chef de milice interprété par Fred WILLIAMSON: on en sait trop peu sur lui pour ressentir pour lui une quelconque empathie. Certaines péripéties, comme le passage en prison, si elles ne sont pas incohérentes, donnent l'impression d'un rajout artificiel.

Le film est assez bancal malgré de réelles qualités: William LUSTIG gère très bien l'ambiance nocturne dans les bas-fonds sombres et le casting est réellement excellent, tout comme la musique. Malgré tout, Vigilante est décevant.




mardi 20 septembre 2016

Une poignée de salopards - 1978 - Enzo G. CASTELLARI

Titre original: Quel maledetto treno blindato
A.k.a: The Inglorious bastards pour la version anglaise


Durant la Seconde Guerre Mondiale, un groupe de déserteurs américains se retrouve, par hasard, embrigadé dans une opération d'attaque de train menée par la Résistance Française.

Une poignée de salopards est le film qui a inspiré Quentin TARANTINO pour Inglourious Basterds (au moins pour le titre). Il semble vouer un culte à cette histoire, et pour ma part, j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi.

La trame scénaristique est un décalque des Douze Salopards de Robert ALDRICH, mais le budget ne permettait que d'en avoir cinq. CASTELLARRI fait partie de ces réalisateurs qui avaient la réputation de tourner sans script: il faut attendre environ une heure pour qu'Une poignée de salopards ait un début de scénario et commence à poser ses enjeux, le film durant 1h36. Et pendant cette demi-heure, il y aura quelques digressions. Le reste de l'histoire racontent les aventures de cette poignée de salopards derrière les lignes ennemies, leurs différentes rencontres avec les forces allemandes: le ton se veut assez violent et viril, mais on est plus proche de la 7ième Compagnie que du Jour le plus long (un poil plus sanguinolent tout de même). Les allemands font preuve d'une certaine incompétence et on se demande comment ils ont pu faire pour occuper l'Europe.

Une poignée de salopards est le pur produit du cinéma d'exploitation italien de l'époque: quelques tronches du cinéma ricain venu grappiller un chèque, une histoire copiée/collée sur un classique du cinéma sans en avoir la profondeur et la noirceur, suffisamment de moyens techniques et financiers pour faire illusion mais pas trop non plus. L'ensemble est assez oubliable, mais pas forcément désagréable. Tout d'abord Enzo G. CASTELLARI dispose d'un savoir-faire qui rend le spectacle agréable, on retrouve d'ailleurs son gimmick des ralentis lors des scènes d'actions. La guerre ressemble ici plus à un film d'aventures qu'à une expérience effroyable qui détruit les hommes, ce qui est typique des films pré-Viet Nam (En 1978, Voyage au bout de l'enfer est à peine sorti). Quelque part, cela fait plaisir de retrouver ce ton un peu naïf, où on ne se pose pas de questions ou d'états d'âmes sur la santé psychique des combattants. Évidemment, aujourd'hui c'est très démodé et un tel film ne pourrait plus sortir.

Sinon, le film doit absolument être vu en version française, car c'est Jacques BALUTIN qui double Fred WILLIAMSON!

La voix la plus classe de la télévision française...
... et l'homme le plus classe du cinéma U.S des années 70.

 
Les visuels sont cools:







dimanche 18 septembre 2016

Enfer Mécanique - 1977 - Elliot SILVERSTEIN

Titre original: The Car

Une petite ville isolée au milieu du désert est la cible d'une mystérieuse voiture.

Vers le milieu des années 70, un cinéma de Los Angeles a du programmer Duel et Les Dents de la Mer. Un producteur qui passait par là a eu l'idée de mixer les deux idées (l'engin mécanique tueur et la petite ville terrorisée) pour en faire son propre film. J’exagère un peu, mais Enfer Mécanique fait grandement penser aux premiers films de SPIELBERG.

Le héros est le shériff adjoint de cette paisible communauté. Il fait grandement penser au shériff BRODY d'Amity, mais si la personnalité de ce dernier était fascinante car il devait affronter et surmonter ses propres peurs et angoisses, celui d'Enfer Mécanique est un peu plus plat. Mais comme il est interprété par James BROLIN, ce n'est pas trop grave.

Si l'histoire n'est pas extraordinaire, la mise en scène est plutôt efficace et montre une façon de filmer l'horreur comme on ne le fait plus. Plutôt que de jouer sur les jumpscares et autres effets chocs, Elliot SILVERSTEIN installe peu à peu un climat oppressant avec cette voiture qui cherche à massacrer sans aucune raison apparente. La mise en scène de l'attaque de la parade est assez emblématique: la séquence s'ouvre sur un plan large d'un policier en train de monter la garde sur une route, très très loin à l'arrière-plan, un reflet montre que la voiture  s'approche et qu'elle va frapper. Elle ne surgit pas brusquement au détour d'une route, elle s'approche en laissant largement au spectateur le temps de laisser monter l'angoisse.

Un autre effet de mise en scène intéressant est l'utilisation de la vue à la première personne lors des premières séquences d'attaque. Cet effet est désormais commun, surtout après Halloween, Wolfen et Predator, mais est assez efficace et très novateur pour l'époque.

Enfer Mécanique n'est pas un chef-d’œuvre oublié, simplement une bonne petite série B très bien faite et malheureusement un peu oubliée. Outre les effets de réalisation déjà cités, il y a plein de bonnes idées comme le fait que la voiture n'ait pas de poignées à ses portières.Alors que Duel et Les Dents de la Mer restaient presque réalistes, Enfer Mécanique bascule peu à peu vers le fantastique. La nature maléfique de la voiture se révèle peu à peu, sans que l'on sache réellement à quoi on a affaire.

Les différentes affiches sont cool:



lundi 12 septembre 2016

Mon nom est Tsotsi - 2005 - Gavin HOOD

Dans le ghetto de Soweto, Tsotsi, un jeune voyou orphelin, vole une voiture et découvre sur la plage arrière un bébé qu'il va prendre en charge.

Tourné par le futur réalisateur de X-Men Origins: Wolverine, Tsotsi est la parfaite illustration que de bons sentiments ne font pas un bon film. Le film est formellement excellent: l'interprétation et la mise en scène sont de qualité. Gavin HOOD restitue très bien la dureté et l'humanité qui peuvent exister dans de tels endroits. il évite tout manichéisme, chacun ayant ses raisons. La musique est excellente et très immersive..

Le gros problème de Tsotsi est que l'on cherche à rendre sympathique un type qui, au fond, agit comme un parfait connard: certes il a eu une enfance difficile et la vie ne l'a pas gâté. Je comprends parfaitement qu'il voit dans ce bébé une voie de rédemption et qu'il va peu à peu prendre conscience qu'il doit changer de vie. Mais j'ai tendance à penser qu'il agit surtout comme un égoïste lorsqu'il refuse de rendre l'enfant à sa famille: je ne sais pas si ces derniers méritaient le prix des meilleurs parents, mais ils ont certainement plus à lui offrir que Tsotsi. On n'élève pas des enfants pour soi-même, ce que Tostsi cherche à faire.

Sur l'affiche, le film est comparé à La Cité de Dieu, des brésiliens Fernando MEIRELLES et Katia LUND. On en est très loin, même si Mon nom est Tsotsi a de réelles qualités.

jeudi 1 septembre 2016

Le Grand Bazar - 1973 - Claude ZIDI

Dans la banlieue française du début des années 70...
Quatre jeunes prolos, récemment licenciés, prennent la défense d'un épicier qui doit affronter la concurrence d'une grande surface.

Parmi tous les long-métrages auxquels ont participé les Charlots, Le Grand Bazar est celui qui a la moins mauvaise réputation. Le film a d'abord un réel intérêt sociologique. Véritable photographie du début des années 70 et de la fin des Trentes Glorieuses, il montre la banlieue française telle qu'elle n'existe plus dans le cinéma français: tranquille, sans problèmes d'insécurité ni de communautarisme. Les grands ensembles, aujourd'hui décriés et stigmatisés, représentaient un authentique espoir qui allaient améliorer la qualité de vie de millions de français.

On y voit l'apparition des premières grandes surfaces ainsi que les problèmes que connaitront les petits commerces. Le Grand Bazar est en apparence assez manichéen mais se révèle étonnement subtil: il montre de courageux petits commerçants qui vont rapidement retourner leur veste et vendre leurs âmes au grand capital. Même Émile l'épicier pour qui les Charlots vont se battre, va se révéler être une crapule finie. Le ton est tendrement satirique, d'un tendance anarcho-poujadiste bon enfant.

Sinon, que vaut le film au-delà du discours politique? Il n'est pas mauvais mais n'est pas sans gros problèmes. Les seconds rôles sont réellement excellents. En plus de Michel GALABRU en épicier et Michel SERRAULT  en directeur de grande surface, on a un festival de tronches et seconds couteaux du cinéma français: Jacques SEILER en vigile, Roger CAREL en commissaire-priseur et même COLUCHE qui fait un caméo en acheteur d'appartements. Si certains gags tombent à plats, d'autres fonctionnent parfaitement comme la scène du réveil des Charlots. Le rythme est assez soutenu et on ne s'ennuie pas, le film ayant l'intelligence d'être assez court (83 min)

Le Grand Bazar aurait pu être une sympathique comédie sans les Charlots: ces derniers ne sont pas des comédiens, mais des musiciens  arrivés par hasard dans le cinéma. Ils ne savent pas du tout jouer. De plus, leurs rôles n'ont visiblement pas été écrits, les personnages sont totalement interchangeables et malgré toute la sympathie qu'ils inspirent, on a du mal à réellement s'intéresser à eux.

De bonnes idées, des seconds rôles sympathiques: Le Grand Bazar aurait pu être une petite réussite sans ses quatre vedettes, ou alors avec un peu plus de travail.

mardi 23 août 2016

2 000 Maniacs - 1964 - Herschell Gordon LEWIS

Six touristes s'égarent sur une petite route américaine et arrivent dans une drôle de petite ville où se prépare un centenaire.

2 000 Maniacs est considéré par beaucoup comme un film culte: précurseur du gore par son extrême violence (à l'époque), il fait partie de ces œuvres qui firent sortir l'épouvante des châteaux transylvaniens ou des laboratoires de savants fous pour en faire quelque chose de plus contemporain et réaliste. Par certains aspects, 2 000 Maniacs n'est pas sans rappeler Texas Chainsaw Massacre avec cette ambiance dégénérée et grand-guignol dans le Sud des États-Unis.

Cependant, si 2 000 Maniacs a eu de très honorables descendants, il n'est pas un ancêtre très respectable. Même si on replace le film dans le contexte de son époque avec les faibles moyens dont disposait le réalisateur, il y a de gros problèmes en terme de mise en scène, d'écriture et d'interprétation. Le montage est assez catastrophique et certaines scènes sont assez illisibles. La prise de son est immonde avec des baisses de volume qui gène considérablement l'écoute lors du visionnage. L'interprétation est de faible niveau avec des acteurs qui ne sont pas spécialement motivés.

Cependant, tout n'est pas à jeter dans le film: certains meurtres sont réellement inventifs (par exemple la scène du tonneau) et si les acteurs sont globalement mauvais, l’interprète du maire de la ville est excellent. Mais la plus grande réussite du film est son ambiance: avec ses rednecks dégénérés, il a préféré jouer la carte de l'humour noire et de la farce plutôt que l'épouvante pure et dure. A l'époque, il n'était pas courant de voir une foule rire d'une mutilation ou tout autre mort sanglante. La musique aide également beaucoup à l'immersion avec cette country ultra-primitive jouée par un trio qui apparait sans aucune raison à l'écran.

2 000 Maniacs n'est pas un bon film. Il y a trop de problèmes dans la réalisation qui gènent le visionnage même si les moyens de H.G LEWIS étaient très limités. Cependant il a su apporté quelque chose de neuf, un ton nouveau qui sera bien mieux exploité par ses successeurs.

jeudi 11 août 2016

Re-Animator II: La fiancée de Re-Animator - 1990 - Brian YUZNA

Titre original: Bride of Re-Animator

La suite des aventures du professeur Herbert WEST.

 
Le premier Re-Animator était un film d'horreur sympathique et ultra-gore qui savait parfaitement manier hommage au film d'épouvante old school et terreur pure. C'est exactement ce que le deuxième volet n'est pas.

En achetant le DVD, j'étais persuadé qu'il était également l’œuvre de Stuart GORDON, mais dès les crédits du générique, je me suis rendu compte qu'il était signé de Brian YUZNA. Je ne connais pas l'intégralité de sa filmographie, mais le peu que j'en en ai vu ne m'a pas réellement intéressé: Society m'a profondément ennuyé et j'ai arrêté le DVD de Rottweiler au bout de 30 minutes.

Pour Re-Animator II, le résultat est raté même si on ne prend pas en compte le premier film. La relation entre les deux héros est assez ridicule, on a parfois l’impression de voir Minus et Cortex (les personnages d'un dessin animé du début des 90's) sans que cela soit drôle. Les réactions des différents protagonistes sont bizarres et parfois incohérentes, même dans l'univers du film. L'histoire avance très lentement et il faut attendre presque une heure pour que les choses s'activent. L'interprétation de Jeffrey COMBS est décevante: dans le premier opus, il a montré qu'il pouvait être un excellent acteur, mais ici il ne sait pas dans quoi il joue et sa prestation est décevante. La mise en scène est à la ramasse avec un montage assez incompréhensible des scènes d'actions incompréhensible. Les FX sont corrects sans être exceptionnels. Ils sont malheureusement parfois mal utilisés comme pour la tête à laquelle on greffe des ailes de chauve-souris: non seulement c'est ridicule, mais l'incrustation est assez dégueulasse, même pour l'époque.

Le ton du film oscille entre comédie noire et film d'horreur, sans que le résultat ait été tranché. Le problème se pose dès le titre du film: il s'agit d'un hommage évident à La fiancée de Frankenstein. Malheureusement, YUZNA confond références cinématographiques et empilement de clichés. Stuart GORDON avait parfaitement su s'approprier la figure du savant fou pour en faire quelque chose d'intéressant avec un discours plutôt pertinent. Pour ce second volet, on a juste droit à un gloubi-boulga infâme et ennuyeux.

Très déçu!


« Dis, Herbert, tu veux faire quoi cette nuit ?»
« La même chose que chaque nuit, Dan. Tenter de ranimer les morts !»