dimanche 10 avril 2016

Exodus - 1960 - Otto PREMINGER

Les débuts de l’État d’Israël.

Des persécutés religieux qui fuient l'Europe en bateaux pour trouver une terre promise... Par certains aspects, on peut comprendre la fascination qu'éprouvent certains américains pour l'histoire d’Israël, tant la fondation de ce pays évoque la naissance des États-Unis d'Amérique. Ce que raconte Otto PREMINGER, c'est avant tout une épopée de pionniers, de gens qui vont, armes à la main, construire et protéger leur mission tout en combattant l'ennemi.  

Exodus est l'exemple type de la fresque hollywoodienne d'antan, avec ses défauts mais aussi ses qualités. Le principal problème est que le point de vue du film est unique: les évènements sont racontés essentiellement du côté des combattants sionistes, sans que les arabes ne nous soient présentés avec les problèmes et leur revendications. D'ailleurs Exodus narre principalement la lutte contre les britanniques (La Palestine étant alors sous mandat international depuis les années 20), la guerre Israélo-arabe de 1948 n'étant abordée que vers la fin du film. Avec le recul, cela peut paraitre surprenant, mais lors du tournage du film le problème palestinien et l'occupation des Territoires n'existaient pas encore. Il faut d'ailleurs reconnaitre que les quelques personnages arabes sont, dans l'ensemble, présentés d'une manière assez positive.

Paul NEWMAN incarne, Ari BEN CAANAN un jeune sabra, prototype du héros viril et courageux à l'américaine dont va tomber amoureux une jeune infirmière. Si le charisme et le talent de l'acteur sont inattaquables, la romance fait quelque peu téléphonée. Les seconds rôles sont plus intéressants: le personnage de Sal MINEO est un jeune rescapé d'Auschwitz, traumatisé par ce qu'il a vécu, qui va rencontrer une jeune adolescente à la recherche de son père, lui-même ayant été déporté. Le père et l'oncle de Ari incarnent chacun deux faces du sionisme: la Hagannah et l'Irgoun, la première privilégiant l'action politique et diplomatique, la seconde la lutté armée. Cela donne lieu à un débat plutôt intéressant, mais malheureusement trop court.

Globalement, Exodus est un spectacle intéressant, avec des défauts, parfois longuet (3h20), mais qui bénéficie du savoir-faire hollywoodien.  Si historiquement le film est discutable, il reste sympathique à voir. De toutes façons, quand on voit les yeux de Paul NEWMAN à l'écran, on ne peut qu'apprécier un film.  

lundi 4 avril 2016

Gorgo - 1961 - Eugène LOURIE

En mer d'Irlande, une équipe de chasseurs de trésor capture un monstre pour l'exhiber dans un cirque à Londres. Il s'avère qu'il s'agit d'un bébé et que sa mère compte le récupérer.

Gorgo est une réponse anglaise au Godzilla japonais qui est cependant loin de son modèle. Le film bénéficie d'effets spéciaux corrects pour l'époque. Le monstre est un figurant en costume pas très beau, mais les effets maquettes ainsi que les incrustations sont plutôt corrects. Il y a pas mal de stock-shots de l'armée, mais ils sont assez bien utilisés.

Le gros problème du film vient de son écriture bancale: tout d'abord les personnages sont très mal introduits, mal développés et mal utilisés. Le meilleur exemple est le personnage de l'enfant, Sean, qui est un condensé de clichés (même si l'acteur joue correctement). Si Godzilla avait une portée symbolique assez forte (les bombardement nucléaires sur le Japon), Gorgo adopte au final un ton très guimauve: que l'on crée un lien mère-fils des monstres n'est pas une idée inintéressante, mais le fond de l'histoire est quand même la destruction de Londres et plusieurs centaines de morts. C'est dommage car avec ce genre de sujet, les auteurs  auraient pu faire du monstre une métaphore des attaques allemandes sur Londres durant la Seconde Guerre (épisode qui traumatisa fortement les britanniques).

A voir une fois, mais pas plus.