dimanche 31 juillet 2016

Mange tes morts - 2014 - Jean-Charles HUE

De nos jours, dans l'Oise, au sein d'une communauté de yéniches... Fred sort de quinze de prison et retrouve ses frères, Jason et Mickaël. Sans un sou, il va emmené sa fratrie dans une errance nocturne pour dérober un camion de rempli de morceaux de cuivre. Évidemment tout va très mal finir!

Mange tes morts s'intéresse à une communauté dont on parle assez peu, sauf pour en dire du mal, les gens du voyage. Filmé avec une caméra-épaule, en lumières et décors naturels, Mange tes morts réussit à mêler l'ultra-réalisme de Strip-Tease* avec l'esthétisme nocturne de Michael MANN.

Les interprètes, non professionnels, sont criants de vérité. Ils sont leurs personnages plus qu'ils ne les jouent. Le film est particulièrement dominé par Fred DORKEL, qui est une définition vivante de ce qu'est le charisme. Il campe un héros tragique et fascinant: Fred est rejeté par la communauté qui lui reproche d'être un chouraveur, il ne lui reste que ses frères avec qui il va tenter un braquage pour se refaire. Bandit d'honneur perdu dans un monde qu'il ne reconnait plus et qui le méprise, Fred n'est pas très éloigné des grandes figures criminelles comme Tony MONTANA ou les voyous de SCORSESE.

Un très bon film policier qui ne sent pas le mauvais décalque du polar U.S. et réussit à avoir sa propre identité!

*: L'émission belge, pas le film.

mercredi 27 juillet 2016

La maison près du cimetière - 1981 - Lucio FULCI

Affiche qui survend un peu le film!
Titre original: Quella villa accanto al cimitero

Un couple avec un petit garçon s'installe dans une vieille maison près d'un cimetière.

Au début des années 80, le cinéma d'exploitation italien vit ses dernières heures de gloire. Giallo, poliziottesco et horreur gothique vont peu à peu laisser place à de vilaines copies de blockbusters américains. Victimes de la montée en puissance de la télévision, les salles vont peu à peu se vider. De grands noms du cinéma bis vont peu à peu disparaitre et/ou se compromettre dans d'affreux nanars

La maison près du cimetière (L.M.P.D.C) ne porte pas les stigmates de cette future déchéance, mais n'a pas non plus l'héritage de ses prédécesseurs. Il s'agit d'un film d'horreur à l'ambiance vaguement gothique qui essaie de surfer sur la vague d'épouvante des années 70 (L'Exorciste, La Malédiction...). Si L.M.P.D.C a de réelles qualités, de nombreux défauts le plombent. La mise en scène de Lucio FULCIO est efficace, le hors-champ est très bien géré et la tension monte peu à peu. L'ensemble fait parfois cheap, mais pas ridicule. Le script est correct: il s'agit d'une histoire de maison hantée qui ne révolutionne pas le genre, mais qui se laisse voir. Certains éléments sont un peu gros ou franchement ridicules, comme la tombe au milieu du salon de la maison ou la scène avec la chauve-souris, mais si on est bien disposé, on peut l'accepter.
Tête à claques!

Ce qui gâche le film, c'est le casting, du moins une partie du casting: l'acteur jouant le rôle du petit garçon du couple est totalement insupportable. Je sais qu'il s'agit d'un enfant et qu'il n'a jamais dû suivre de cours de comédie, mais sa simple présence est réellement horripilante. L.M.P.D.C a le problème qu'ont tous les films d'horreurs mettant en scène des enfants: les spectateurs étant sensiblement plus âgés que le personnage, ils ont d’autant plus de mal à se projeter en lui. Si cet acteur n'est pas totalement irréprochable (comme Linda BLAIR dans L'Exorciste), le résultat est désastreux.

La fin est également catastrophique: le film, qui jusqu'à ce moment jouait habilement sur la suggestion, gâche tout son (maigre) potentiel en exhibant le monstre. Outre le fait que le maquillage soit ridicule et mal fichu, cela fait sombrer le film dans le grand-guignol, on a plus l'impression de regarder une parodie des Inconnus.

On aurait pu avoir un sympathique film old school kitsch et sympathique, mais la réalisation accumule les erreurs et fautes de goûts. Dommage!

vendredi 22 juillet 2016

Deathgasm - 2015 - Jason Lei HOWDEN

Dans un coin perdu de Nouvelle-Zélande, deux jeunes métalleux tombent sur une partition qui se révèle être la clé de la porte de Enfers.

Deathgasm est une comédie horrifique sympathique, sans être exceptionnelle. Il y a de bonnes choses dans dans ce film: le réalisateur nous montre un héros marginal, un peu loser, auquel on s'attache. L'acteur est trop vieux pour jouer un gamin de 17 ans, mais on oublie ce problème assez rapidement. On sent que le réalisateur aime ces kids un peu paumés qui essaient de jouer aux durs: il montre les cotés légèrement ridicules de cette sous-culture adolescente* sans s'en moquer.

Le film commence plutôt bien, mais a de gros problèmes de narration: les ellipses sont très mal gérées, l'apparition des premiers démons est de ce fait assez incompréhensible. Techniquement, les scènes de nuit ne sont très bien gérées et l'image est trop sombre. Cependant, à la décharge de HOWDEN, il ne disposait pas d'un budget colossal et ne pouvait certainement pas montrer tout ce qu'il voulait. Avec l'argent qu'il avait, il a fait un bon boulot.

Le plus gros problème du film est qu'il ne sait pas ce qu'il est: grosse farce délirante ou film d'horreur. On est constamment balloté entre premier et second degré, sans que les deux se marient bien. A la différence d'un Jour de la Bête (Alex de LA IGLESIA - 1996) qui savait parfaitement passer de l'un à l'autre, Deathgasm n'arrive jamais à trouver le ton juste. Le film de LA IGLESIA arrivait à plonger des personnages grotesques au sein d'une histoire véritablement horrifique, mais celui de HOWDEN échoue.

C'est pas pire que les 1er clips d'Immortal.
*: Ridicule comme toutes les autres sous-cultures adolescentes, les métalleux n'en ont pas l'exclusivité loin de là.

jeudi 14 juillet 2016

Psychose II - 1983 - Richard FRANKLIN (et les autres suites)


Titre original: Psycho II

Après avoir passé 22 ans en hôpital psychiatrique, Norman BATES revient chez lui. Divers évènements l'amènent à penser que sa mère serait peut-être encore en vie.

Psychose (1960) est un classique du cinéma: ancêtre du cinéma d'horreur contemporain, il a marqué les esprits avec sa construction originale (l'héroïne qui meurt au bout d'une heure de film), son ambiance sinistre et surtout la formidable prestation d'Anthony PERKINS.

Plus de 20 ans après le film original, une suite a été mise en chantier. HITCHCOCK n'étant plus disponible pour la mise en scène, elle a été confiée à Richard FRANKLIN, réalisateur australien du pas terrible Road Games. Honnêtement, au moment de lancer le DVD, je n'étais pas sans appréhension. Au final, le résultat est très bon, presque excellent.

On se concentre essentiellement sur Norman BATES (qu'on voyait assez peu dans le premier film quand on y réfléchit). Loin du monstre qu'il était dans le volet, on voit un homme tourmenté par ses démons. Il a passé 22 ans dans une institution psychiatrique, puis est libéré car les médecins l'estiment guéri. Ses efforts pour se réinsérer sont réels. On se prend de sympathie pour lui, mais a-t-il réellement vaincu ses obsessions? La mise en scène de Richard FRANKLIN est vraiment excellente: la maison BATES apparait comme déséquilibrée,  parfaite représentation de l'esprit torturé de son propriétaire.

La conclusion est cependant un peu décevante. Le premier volet était d'un simplicité exemplaire dans son intrigue, jusqu'au coup de théâtre final. Il n'y avait pas de sous-intrigues qui "polluait" le mystère. Pour ce second opus, les auteurs ont, au contraire choisi de mêler plusieurs histoires qui sont  intéressantes et plutôt intelligemment traitées, malheureusement la conclusion tombe à plat. Malheureusement, c'est le genre de défaut qui ne pardonne pas réellement pour ce type de film.

Dans l'ensemble, un bon film, même si la fin est décevante.

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Film moyen, mais l'affiche est belle.
Un Psychose III a été réalisé par Anthony PERKINS trois ans plus tard. Si il interprète toujours Norman BATES avec autant de talent, sa mise en scène et son scénario sont aux ras des pâquerettes. Le tout n'est pas mauvais, mais est très décevant après l'excellent deuxième opus. C'est le genre de film que vous pouvez regarder un dimanche après-midi pluvieux.

















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Psychose IV (1990) est  un téléfilm réalisé par Mick GARRIS. Le principal intérêt est les scènes de flash-back qui nous racontent l'enfance et l'adolescence de Norman: ces passages sont réellement glauques et éprouvants et montrent qu'après ce qu'il a vécu, il pouvait difficilement ne pas devenir un psychopathe. Pour le reste, c'est assez moyen.




lundi 4 juillet 2016

La Baie Sanglante - 1971 - Mario BAVA

Titre original: Reazione a catena

Des meurtres surviennent autour d'une baie dont la propriétaire a été assassinée.

La Baie Sanglante est un giallo connu pour être une source d'inspiration du slasher des années 80. Les 40 premières minutes du film, où un groupe de jeunes se fait massacrer, ressemblent beaucoup à ce que fera Sean S. CUNNINGHAM dans Vendredi 13. La mise en scène et l'atmosphère seront quasiment copiées-collées dans le massacre de Crystal Lake.

A part ça, il y a assez peu de choses à se mettre sous la dent. La mise en scène de Mario BAVA est  d'une qualité variable: si les meurtres et effets gores sont réussis, le film est moyennement filmé avec un abus de zooms à certains moments. La photographie est laide, même si je ne peux dire s'il s'agit d'un problème de compression du DVD ou du travail d'époque. L'intrigue n'est pas très compréhensible avec beaucoup de retournements assez obscurs et on ne s'attache à aucun des protagonistes. Quand à la fin, elle donne un sens assez clair à l'expression "sortir de mon cul": elle n'est pas du tout amené dans l'histoire, n'a aucune logique et donne l'impression d'avoir été torchée.

La Baie Sanglante est d'un intérêt historique évident, mais a aussi de gros défauts.

dimanche 3 juillet 2016

Les Anges Sauvages - 1966 - Roger CORMAN

Titre original: The Wild Angels

Blues, le chef d'un gang de motards californiens, se rend dans le désert avec sa bande afin de récupérer la moto d'un de ses amis, Loser. Les choses vont mal tourner. 

Avant d'être le Captain America dans Easy Rider, Peter FONDA avait déjà joué un biker. Mais loin d'être un gentil baba-cool, il campe ici un voyou brutal. Les Anges Sauvages est une production American International Pictures réalisée par Roger CORMAN. Bref, un pur film d'exploitation où le but est de vendre des tickets.

Le début est réussi: Peter FONDA a la classe en simili-Hell's Angels, la mise en scène est dynamique et la bande son de qualité. On peut penser ce qu'on veut de Roger CORMAN, de son opportunisme, mais avec trois francs et six sous, il peut faire des petits films sympathiques et a de réelles qualités de cinéaste. Donc on pense qu'on va regarder un bon exemple bikersploitation à la Satan's Sadists ou Hell's Angels 69.

Malheureusement, l'histoire prend rapidement un mauvais tournant:  pour la seconde partie du film,  CORMAN a du oublié de payer le scénariste qui a repris son script et l'a laissé se débrouiller seul. L'histoire n'avance plus, les motards se mettent à agir comme de vrais crétins et on s'ennuie. Même le discours que fait Peter FONDA face au prêtre et semble avoir marqué certains ("We want to be free! We want to be free to do what we want to do! We want to be free to ride...") sonne horriblement faux. Dommage car il y avait du potentiel pour faire un petit classique.

Peter FONDA - A mon avis, il doit regretter
certains choix de carrière.
Un aspect qui peut déranger certains est l'imagerie nazie que les motards arborent (Peter FONDA a une croix de fer autour du cou). Cela peut paraitre légitimement choquant de nos jours, mais il faut remettre les choses dans leur contexte. Tout d'abord dans les années 60, la vision du conflit de la Seconde Guerre Mondiale était différente de celle que l'on a aujourd'hui. Si les horreurs nazies et les camps étaient connus, ils n'étaient pas aussi importants dans la mémoire collective. Ensuite, il ne faut pas oublier qu'un film comme comme Les Anges Sauvages s'adresse avant tout au public américain: ce dernier n'a pas du tout vécu le conflit de la même façon que les européens, ils n'ont pas été occupés, ni même violemment bombardés comme les anglais durant le Blitz. Les drapeaux à croix gammés et les casques de la Wehrmacht relèvent, selon moi, plus de la provocation que d'une réelle adhésion à l'idéologie nazie, comme le feront certains punks anglais dix ans plus tard.