mardi 23 août 2016

2 000 Maniacs - 1964 - Herschell Gordon LEWIS

Six touristes s'égarent sur une petite route américaine et arrivent dans une drôle de petite ville où se prépare un centenaire.

2 000 Maniacs est considéré par beaucoup comme un film culte: précurseur du gore par son extrême violence (à l'époque), il fait partie de ces œuvres qui firent sortir l'épouvante des châteaux transylvaniens ou des laboratoires de savants fous pour en faire quelque chose de plus contemporain et réaliste. Par certains aspects, 2 000 Maniacs n'est pas sans rappeler Texas Chainsaw Massacre avec cette ambiance dégénérée et grand-guignol dans le Sud des États-Unis.

Cependant, si 2 000 Maniacs a eu de très honorables descendants, il n'est pas un ancêtre très respectable. Même si on replace le film dans le contexte de son époque avec les faibles moyens dont disposait le réalisateur, il y a de gros problèmes en terme de mise en scène, d'écriture et d'interprétation. Le montage est assez catastrophique et certaines scènes sont assez illisibles. La prise de son est immonde avec des baisses de volume qui gène considérablement l'écoute lors du visionnage. L'interprétation est de faible niveau avec des acteurs qui ne sont pas spécialement motivés.

Cependant, tout n'est pas à jeter dans le film: certains meurtres sont réellement inventifs (par exemple la scène du tonneau) et si les acteurs sont globalement mauvais, l’interprète du maire de la ville est excellent. Mais la plus grande réussite du film est son ambiance: avec ses rednecks dégénérés, il a préféré jouer la carte de l'humour noire et de la farce plutôt que l'épouvante pure et dure. A l'époque, il n'était pas courant de voir une foule rire d'une mutilation ou tout autre mort sanglante. La musique aide également beaucoup à l'immersion avec cette country ultra-primitive jouée par un trio qui apparait sans aucune raison à l'écran.

2 000 Maniacs n'est pas un bon film. Il y a trop de problèmes dans la réalisation qui gènent le visionnage même si les moyens de H.G LEWIS étaient très limités. Cependant il a su apporté quelque chose de neuf, un ton nouveau qui sera bien mieux exploité par ses successeurs.

jeudi 11 août 2016

Re-Animator II: La fiancée de Re-Animator - 1990 - Brian YUZNA

Titre original: Bride of Re-Animator

La suite des aventures du professeur Herbert WEST.

 
Le premier Re-Animator était un film d'horreur sympathique et ultra-gore qui savait parfaitement manier hommage au film d'épouvante old school et terreur pure. C'est exactement ce que le deuxième volet n'est pas.

En achetant le DVD, j'étais persuadé qu'il était également l’œuvre de Stuart GORDON, mais dès les crédits du générique, je me suis rendu compte qu'il était signé de Brian YUZNA. Je ne connais pas l'intégralité de sa filmographie, mais le peu que j'en en ai vu ne m'a pas réellement intéressé: Society m'a profondément ennuyé et j'ai arrêté le DVD de Rottweiler au bout de 30 minutes.

Pour Re-Animator II, le résultat est raté même si on ne prend pas en compte le premier film. La relation entre les deux héros est assez ridicule, on a parfois l’impression de voir Minus et Cortex (les personnages d'un dessin animé du début des 90's) sans que cela soit drôle. Les réactions des différents protagonistes sont bizarres et parfois incohérentes, même dans l'univers du film. L'histoire avance très lentement et il faut attendre presque une heure pour que les choses s'activent. L'interprétation de Jeffrey COMBS est décevante: dans le premier opus, il a montré qu'il pouvait être un excellent acteur, mais ici il ne sait pas dans quoi il joue et sa prestation est décevante. La mise en scène est à la ramasse avec un montage assez incompréhensible des scènes d'actions incompréhensible. Les FX sont corrects sans être exceptionnels. Ils sont malheureusement parfois mal utilisés comme pour la tête à laquelle on greffe des ailes de chauve-souris: non seulement c'est ridicule, mais l'incrustation est assez dégueulasse, même pour l'époque.

Le ton du film oscille entre comédie noire et film d'horreur, sans que le résultat ait été tranché. Le problème se pose dès le titre du film: il s'agit d'un hommage évident à La fiancée de Frankenstein. Malheureusement, YUZNA confond références cinématographiques et empilement de clichés. Stuart GORDON avait parfaitement su s'approprier la figure du savant fou pour en faire quelque chose d'intéressant avec un discours plutôt pertinent. Pour ce second volet, on a juste droit à un gloubi-boulga infâme et ennuyeux.

Très déçu!


« Dis, Herbert, tu veux faire quoi cette nuit ?»
« La même chose que chaque nuit, Dan. Tenter de ranimer les morts !»

mardi 9 août 2016

Blue Holocaust - 1979 - Joe D'AMATO

Titre original: Buio Omega

Franck, un jeune et riche héritier vit seul dans une immense maison de la campagne italienne avec Iris, la gouvernante qui est amoureuse de lui. Un de ses hobbys est la taxidermie qu'il va expérimenter sur des êtres humains.

Joe D'AMATO est le vilain petit canard du cinéma d'exploitation italien des années 60 à 80. La plupart de ses collègues ont désormais une forme de reconnaissance de la part des "cercles officiels", leurs œuvres ont été réévaluées et redécouvertes. D'AMATO reste le cousin honteux de la famille: technicien habile sans âme d'artiste, il réalisa plusieurs dizaines de films dans tous les genres possibles du bis (western, giallo...) avant de se tourner vers le cinéma pornographique.

Blue Holocaust est considéré comme une de ses meilleures œuvres. S'il n'est pas exempt de quelques défauts, le film est  excellent. Le long-métrage est assez proche du cinéma d'HITCHCOCK pour l'histoire et les thèmes abordés, mais le traitement est très différent. Dans Psychose ou Vertigo, les déviances nécrophiles ou incestueuses des personnages étaient sous-entendues sans être montrées. D'AMATO ne s’embarrasse pas d'une telle pudeur et filme les actes morbides de Franck et Iris sans le moindre effet de suggestion. La mise en scène ne fait pas preuve de génie mais est efficace, sans prêter au moindre ridicule: l'ambiance est réellement glauque et oppressante. Il y a quelques problèmes: l'acteur principal est une définition vivante du fadasse, mais face à lui l'actrice qui joue Iris est excellente dans son rôle de marâtre. Il y a également quelques effets inutilement gores et spectaculaires qui gâchent la fin. A l'exception de ces quelques fausses notes, Blue Holocaust reste un très bon film d'épouvante.


En prime, la musique est signé Goblin, excellent groupe de rock progressif italien également responsable des bandes originales de Dario ARGENTO.

Très bien!






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Un livre sorti récemment a été consacré à D'AMATO, la reconnaissance est tardive, mais commence à être là:


jeudi 4 août 2016

Kill for love - 2009 - Jean-Marie PALLARDY

Affiche non représentative du film
Gaspard, un français ayant fait fortune aux Etats-Unis tombe amoureux d'une strip-teaseuse qu'il rencontre à Venise. Il l'installe dans son château, au milieu de sa famille.

Jean-Marie PALLARDY a une réputation établie dans le milieu des amateurs de nanars. Ayant d'abord œuvré dans le cinéma érotique, il a commis plusieurs films dont le célébrissime White Fire qui est régulièrement en tête des classements des plus mauvais films jamais réalisés. A la fin des années 2000, il a, à la surprise générale, réalisé un nouveau film alors que tout le monde l'imaginait retiré des affaires. Beaucoup d'anciennes gloires ont tenté un come-back après les années de succès. Cela peut donner un résultat quelquefois réussi, parfois touchant, souvent pathétique. Dans le cas de PALLARDY, c'est surtout ridicule. Kill for love est un nanar avec beaucoup de tares, mais deux choses m'ont particulièrement marqué.

Ce qu'on constate dès les premières minutes du film, c'est que le budget est réellement famélique. Les premières scènes ont lieu dans une boîte de nuit assez minable de Venise. Après cette introduction, le film se déroule dans un château de la campagne italienne. Loin d'être une demeure respirant le luxe, cette bâtisse laisse une impression de vide et de délabrement. Le seul autre élément un tantinet cossu est un Ferrari jaune qui a du être louée pour le tournage (ou plus vraisemblablement quelques jours). Il n'est pas surprenant que Kill for love n'ait pas eu beaucoup d'argent, peu de producteur auraient été assez fous pour investir un kopeck dans un script aussi médiocre. Le manque de thunes est une constance pour les nanars (même si certains disposent cependant de budgets conséquents, sans commune mesure avec le résultat). Mais, en règle générale, les réalisateurs ont l'intelligence d'essayer de le masquer via de petites astuces de mise en scène (pas de plans larges pour ne montrer l'absence de décors, action se déroulant la nuit ...) ou de réécriture de script. Cependant, PALLARDY semble être au-dessus de ce genre de considérations.

Fabienne CARAT
La post-synchronisation et le doublage sont également particulièrement catastrophiques. Pour rappel, la post-synchronisation est une étape de la post-production d'un film où les acteurs redoublent les scènes qu'ils ont tournées si le son enregistré en prise direct était de trop mauvaise qualité. L'essentiel du casting est italien, à l'exception d'une actrice française, Fabienne CARAT (qui joue dans Plus Belle La Vie). Pour la version française, tous les dialogues ont donc du être redoublés. Pour une raison mystérieuse, Fabienne CARAT n'a pas participé à la post-production (ou tout simplement elle a compris la qualité de ce qu'elle avait tourné et s'est enfui en courant). De ce fait les dialogues des scènes où elle apparait sont un mélange de prises de son directe et de prise des son de studio. Entre la question d'un personnage et la réponse de l'interlocuteur, la différence de qualité du son est tellement flagrante qu'il est impossible de ne pas le remarquer, même pour une oreille non avertie. Le monteur a essayé de dissimuler ce problème en supprimant le maximum de dialogues de Fabienne CARAT, mais cette solution trouve très rapidement ses limites. Le plus surprenant est finalement que PALLARDY n'ait pas demandé à une autre actrice de redoubler Fabienne CARAT afin que tous les dialogues aient la même qualité, ce qui aurait pu faire illusion (pas trop non plus).

Kill for love est une catastrophe cinématographique à tout point de vue: script, mise en scène et interprétation approchent le degré du néant artistique. L'ensemble fait furieusement penser à une production Marc DORCEL dont les passages les plus intéressants auraient été coupés. Les auteurs de films pour adultes ne sont pas les plus talentueux réalisateurs au monde. Mais au moins ils ont conscience qu'ils ne font que filmer un morceau de viande qui rentre dans un autre morceau de viande et peuvent parfois faire preuve d'un certain second degré. Pour Kill for love, l'ironie et le recul sont totalement absents, comme le prouve la scène finale. On n'est pas non plus en présence d'un gros trollage cinématographique ou d'un gigantesque accident industriel comme pouvait l'être Showgirls de Paul VERHOEVEN. Kill for love est un nanar de compétition, qui a cependant des problèmes de rythme, mais avec suffisamment d'aberrations et de mauvais goût pour tenir le spectateur halluciné jusqu'à la fin du film.

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Jeane MANSON, Miss Août 1974 pour PlayBoy
L'excellent chronique de Nanarland qui m'a notamment permis d'apprendre que la chanson-titre est chantée par Jeane MANSON. Commencer sa carrière par la couverture de PlayBoy et finir chez PALLARDY, c'est finalement assez logique.