mardi 14 février 2017

Voici le temps des assassins - 1975 - Marcello ANDREI

J'adore cette affiche et ce titre!
Titre original: Il tempo degli assassini

A.k.a: Die Wilde Meute, La Bagarre du samedi soir, Season for assassins... 

Piero est un petit chef de bande des quartiers ouvriers de Rome. Agressions et cambriolages constituent son quotidien. Un jour, un braquage va mal tourner.

D'une certaine manière, Piero est l'héritier de James DEAN et d'Alex dans Orange Mécanique. Fils de prolo, ultra-violent et désespéré, il espère mourir avant d'être vieux. Mais si ce n'est qu'un refrain de chanson pour certains, Piero y croit. Il vole, escroque pour en profiter au maximum et ne pas aller s'esquinter à l'usine comme son padre.  Il ne revendique rien, ne combat rien, si ce n'est les flics qui rêvent de le mettre au trou. Piero est un authentique malade mental. Malgré sa belle gueule, il n'a rien de séduisant.

Voici le temps des assasins est brutal, froid, amoral et un peu racoleur (quand même). Ces petits loulous ont abandonnés le perfecto et la gomina pour les cheveux longs et les pattes d'eph' mais n'en sont pas moins violents. La jeunesse romaine des 70's sera No Future ou ne sera pas!

Perio a les traits de Joe DALLESANDRO, objet de fascination érotique pour Andy WARHOL. Face à lui Martin BALSAM, solide second rôle du cinéma américain (il était un des Douze hommes en colère) alors exilé en Italie. Ce dernier incarne un commissaire de police qui ne vaut guère plus que la racaille qu'il veut combattre. 

Un excellent film que je conseille. Par contre, vous risquez de galérer pour le trouver, il n'existe qu'un combo DVD/Blur-Ray allemand (par ailleurs de toute beauté, mais assez cher).

Quelques visuels assez cools:





lundi 13 février 2017

Les Machines du Diable - 1970 - Jack STARRETT

Titre original: The Losers

Pendant la guerre du Viet Nam, un ponte de la CIA est capturé. L'armée américaine monte une opération de sauvetage à l'aide d'un gang de motards criminalisés.

Après The Black Gestapo, voici un autre film au pitch invraisemblable. Si le sujet à sourire, il faut remettre les choses dans leur contexte: en 1970, les films de bikers encombrent les écrans. Pour se démarquer, les auteurs décident de traiter de l'actualité: l'intervention américaine dans la péninsule indochinoise.

Les Machines du Diable doit être un des premiers films à parler du conflit après Les Bérets Verts de John WAYNE en 1968. Loin d'être le nanar que pouvait laisser imaginer l'histoire, il s'avère un très sympathique film d'exploitation. Il est mis en scène par Jack STARRETT (qui joue le rôle du fourbe de la CIA). Il a fait un bon boulot, très marqué par Sam PECKINPAH, au vue de l'utilisation des ralentis lors des scènes d'action. L'assaut final du camp par les bikers sur leurs motos customisés est particulièrement spectaculaire. Dix ans avant Mad Max 2, ce film invente le post-apocalyptique. Les moyens financiers sont minuscules, mais cela ne gène pas trop le récit qui se suit sans problèmes. Le casting compte pas mal de tronches habituées à la Série B, notamment William SMITH ou Adam ROARKE.


Les Machines du Diable est surprenant car on a l'impression de s'être trompé de conflit. Au lieu du Vietnam, le film semblerait plus logique s'il se déroulait pendant la Seconde Guerre. On est plus proche des Douze Salopards (ou plutôt d'un de ses rejetons infâmes comme Une Poignée de Salopards) que d'un Namsploitation. En fait, le principal problème de ce film est qu'il vient avant tous les autres. Parce que la guerre du Vietnam, ce n'est pas qu'une guerre, c'est un genre cinématographique à lui tout seul avec ses chefs-d’œuvre, ses sympathiques Série B et ses fils indignes. Ballets d'hélicoptère sur fond de solos de guitares électriques, soldats cernés dans l'étouffante jungle par l'invisible ennemi, bureaucrates de Washington et médias gauchistes qui trahirent les petits gars envoyés au front... Autant d'images que le cinéma hollywoodien a gravé dans la rétine des spectateurs. Mais il s'agit de la vision des studios de Los Angeles, pas forcément de la réalité. Par exemple, on ne voit jamais combattre les soldat sud-vietnamiens alors qu'il s'agit de leur pays (ou ailleurs ils sont présentés comme étant tous des incompétents et/ou des vendus au Vietcong). De même, on ne met jamais en scène les contingents étrangers autre que les américains, alors qu'il y a eu les corps expéditionnaires australien ou coréen. La guerre du Vietnam telle qu'on l'a connait, c'est celle que Hollywood nous a vendu, mais pas forcément la réalité. Les Machines du Diable est atypique: précurseur par certains aspects, il vend sa propre vision de la guerre, il est également victime des codes du Namsploitation, genre qu'il aura contribué à créer.


 Jack STARRETT, surtout connu pour son rôle de Shériff sadique dans le premier Rambo.



William SMITH, vétéran du cinéma bis avec plus de 270 crédits sur IMDB.


A gauche, Adam ROARKE, qui a également joué dans Hells Angels on Wheels et The Savage Seven
A droite Bernie HAMILTON qui jouera le capitaine DOBEY dans Starsky et Hutch à partir de 1975.


# # #


Quentin TARANTINO est fan de ce film: Dans Pulp Fiction, Fabienne (Marie DE MEDEIROS) regarde un film à la télévision, c'est Les Machines du Diable.

"Un film avec des motocyclettes"

dimanche 12 février 2017

The Black Gestapo - 1975 - Lee FROST

Dans un ghetto de Los Angeles, les noirs sont victimes du racket et de la violence de criminels blancs. Ils vont s'armer et devenir peu à peu de véritables nazis.

The Black Gestapo est un film qui promet beaucoup par son affiche et son sujet. Réalisé par Lee FROST, déjà responsable du pas terrible The Thing with two heads, il est le résultat improbable du mariage indigne deux courants du cinéma d'exploitation, la nazisploitation et la blacksploitation.

Un tel sujet parait surprenant de nos jours, mais à l'époque, tout était bon pour attirer le chaland au cinéma et rien n'est mieux qu'un peu de provocation. Les nazis sont le méchant idéal: un background déjà établi et une imagerie facilement identifiable. D'ailleurs, même de nos jours, de nombreuses série B continuent à occuper ce créneau comme la série des Outpost ou Nazis at the center of the Earth. Certains verront dans T.B.G. une critique du mouvement des Black Panthers qui vivait ses dernières heures, mais ce film est avant tout un pur film d'exploitation qui n'a pas d'autres ambitions que de distraire le spectateur après lui avoir fait payer un ticket. T.B.G. n'a pas de discours politique (vu le sujet, c'est préférable), toute l'imagerie nazie relève avant tout de la démarche commerciale.

Mais si le film est alléchant sur le papier, il est un peu décevant à l'écran pour le cinéphile déviant. T.B.G. emprunte beaucoup aux films d'auto-défense et de gangster, et à l'exception de quelques scènes chocs, il est assez sage pour son sujet. Il est correctement réalisé (mieux que The Thing With Two Heads), les acteurs sont crédibles et seule la version française ridiculise un peu l'ensemble. On ne s'ennuie pas, même si le film est très loin d'utiliser le potentiel de son sujet.

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Lee FROST est également l'auteur de Love Camp 7, un des premiers Gestaporn qui date de 1969. Moi qui avait toujours cru que le genre était né en Italie avec la série des Ilsa, j'ai appris quelque chose.


Autre petite anecdote amusante, le film a été distribuée aux États-Unis par Bryanston Pictures. Cette compagnie, active au début des années 70, a été fondée par Louis "Butchie" PERAINO, membre d'une des Cinq Familles de la Mafia new-yorkaise après la réalisation du fameux Gorge Profonde. Elle a également distribué The Texas Chainsaw Massacre.