samedi 22 décembre 2018

Rapid Fire - 1992 - Dwight H. LITTLE


Jake LO, jeune étudiant aux Beaux-Arts, assiste au meurtre d'un trafiquant de drogue, tué par un rival. Il devient alors la cible des truands et des flics corrompus.

Rapid Fire est une série B d'action qui doit principalement sa renommée à sa tête d'affiche, Brandon LEE, fils de Bruce. Le film est un honnête produit de studio efficace et sans âme. Si l'acteur principal est loin d'avoir le charisme de son père, il fait le job et sait lever la patte pour balancer quelques coup de lattes bien sentis. Les seconds rôles sont tenus par des vieux routiers (Powers BOOTHE, Nick MANCUSO, Raymond J. BARRY) qui prennent leur chèque, apportent leur sel à l'ensemble et lui donnent du goût. La mise en scène de Dwight H. LITTLE est totalement impersonnelle, mais efficace quand il faut l'être.

Rapid Fire est un pur produit des 80's (même s'il date de 1992) et rassemble tous les clichés de son époque: les sbires du bad guy portent la mullet et tirent au Mac 10, le héros conduit sa moto sans casque avec une ambiance nocturne bleutée sur fond de saxophone, les flics ont établi leur commissariat dans un bowling. Aujourd'hui il ne serait plus possible de faire un tel film, ce qui est dommage. Ce type de produit à forte dose de testostérone a totalement disparu. On n'arrête plus les voitures qui nous foncent dessus à coups de fusil à pompe, le second rôle féminin ne passe plus aussi facilement à la casserole, on n'a plus droit à du Hard FM pour le générique final.

D'une manière assez surprenante, le film parle également de la politique du gouvernement chinois et de la répression des manifestations de la place Tian'anmen. Il ne s'agit pas du racisme anti-asiatique que l'on retrouvait dans beaucoup de films, mais d'un discours critique et assez engagé. A l'heure où le marché chinois représente le futur des productions hollywoodiennes, ce genre de propos serait impensable.

Un film totalement ancré dans son époque, ce qui fait son charme.



 Nick MANCUSO, dont le manque de sobriété dans le jeu d'acteur est assez délectable.

Dustin NGUYEN, connu grâce à la série 21 Jump Street, tient ici le rôle d'un dissident chinois.


Raymond J. BARRY, habitué des rôles d'agent du FBI ou homme politique corrompu.


Powers BOOTHE, qui sera toujours pour moi le garde national perdu dans les marais de Louisiane du film Sans Retour.



A défaut de Mac 10, l'Uzi fait parfaitement l'affaire.

mardi 18 décembre 2018

Utoya, 22 juillet - 2018 - Erik POPPE



Le 22 juillet 2011, un militant d'extrême-droite, tua 68 personnes sur l'île d'Utoya.

Utoya 22 juillet est un reconstitution du massacre commis par Anders BREIVIK. Le film se compose d'un unique plan séquence tourné en caméra à l'épaule. Le spectateur vit, en temps réel, les évènements à travers les yeux de Kaja, jeune fille à la recherche de sa sœur. Le film est hyper-réaliste, on suit au plus les évènements à travers les victimes, l'effet d'immersion est parfaitement réussi. Le tueur, qui n'est d'ailleurs jamais nommé, n'apparait qu'à de brèves moments et n'est qu'une silhouette. Le film a été comparé à Requiem pour un massacre: dans les deux cas, on a affaire à des personnages plongés dans une horreur absolue qu'ils ne font que subir. Ils n'ont pas la moindre résistance à opposer, rien qui puisse leur permettre d'échapper à ce qu'ils vivent.
Cependant, la force du film est également sa faiblesse. Erik POPPE a fait un choix de mise en scène radical qu'il a réussi. Mais au final, que reste-t-il de son film? Une formidable reconstitution avec une actrice épatante. Le problème est que le réalisateur cherche avant tout à recréer les faits plutôt qu'à se les approprier pour en raconter quelque chose et livrer son point de vue. Au fond, Erik POPPE ne va pas jusqu'au bout de sa démarche: il ne veut pas montrer le tueur ni le nommer, mais il adopte un ton ultra-réaliste qui rend cette non-personnification vaine.

Un bon film, mais qui laisse un goût d'inachevé au final.

lundi 10 décembre 2018

Lords of Chaos - 2018 - Jonas AKERLUND



Dans la paisible Norvège de la fin des années 80 et du début des années 90, Øystein AARSETH, jeune métalleux d'Oslo fonde le groupe Mayhem et contribue à crée le Black-Metal. Sa rencontre avec Kristian VIKERNES, leader du groupe Burzum, va l'entrainer dans une spirale de violence.

Ce film est inspiré du livre de Michael MOYNIHAN, journaliste américain et leader du groupe Blood Axis. Cependant, un carton dans le générique de début montre que le réalisateur ne cherche pas à recréer l'authenticité des évènements, il s'inspire de vérités et de mensonges: il y a eu tant de légendes qui circulent que personne ne sait réellement ce qui s'est passé. D'ailleurs qui veut réellement savoir qui était Euronymous? Qui cela intéresse-t-il?

Le film se concentre essentiellement sur le leader de Mayhem et sa relation avec VIKERNES. Ils sont montrés comme deux adolescents qui ont été dépassés par leur rébellion et les évènements qui en ont découlés. J'avais peur que le film se prenne trop au sérieux ou pas assez, mais AKERLUND a trouvé le ton juste: on est à la fois exaspéré par leur comportement de petits cons et on réussit à s'attacher à eux, car au fond ils ne sont que des gamins (VIKERNES n'avait que 20 ans lorsqu'il tua AARSETH). Ils se rendent compte qu'ils vont trop loin dans leurs bêtises, mais ont tellement besoin de prouver qu'ils sont des True Evils qu'ils continuent leurs conneries jusqu'au drame. AKERLUND alternent les moments très drôles (la rencontre entre Euronymous et Grishnackh) avec les scènes bien plus dramatiques.

La grande force du film est la reconstitution de la scène Metal norvégienne de l'époque: on retrouve l'ambiance, les looks, les attitudes, les poses... Tout ce folklore véhiculé par les photos qu'on a vu sur les milliers pages internet consacrées au Black Metal est parfaitement retranscrit à l'écran. Si la ressemblance physique des acteurs avec les personnages réels n'est pas évidente (particulièrement pour Emory COHEN qui joue VIKERNES), leurs personnages sont suffisamment bien écrits et bien interprétés pour être crédibles à l'écran.

Mais la grande intelligence de Jonas AKERLUND est d'avoir évité le fan service et fait un film accessible à quelqu'un qui ne connait rien à la culture Metal et aux évènements: même quelqu'un qui n'a pas les codes comprend les enjeux qui anime cette bande, la relation entre Euronymous et Grishnackh qui n'a jamais été de l’amitié mais une compétition pour savoir qui était le leader, pourquoi les choses dégénèrent.

Lords of Chaos est une excellente surprise qui évite beaucoup de pièges.


 Euronymous, interprété par Rory CULKIN, le frère de Macaulay CULKIN.







samedi 8 septembre 2018

La Bande du Rex - 1979 - Jean-Henri MEUNIER


Une bande jeunes en banlieue... Déscolarisés, sans emploi ni aucunes perspectives d'avenir, ils trainent à la Javanaise, un bistrot. L'un d'eux Frankie MEGALO, projectionniste, est un chanteur de rock sans groupe qui essaie de monter un concert.

La Bande du Rex aurait pu être LE film punk français qui aurait secoué le cinéma français. Quartiers glauques où trainent des jeunes désœuvrés avec la musique comme seule échappatoire, un leader charismatique qui rêve de bruler les planches et la chandelle par les deux bouts... Sur le papier, on peut espérer quelque chose.

Mais les français n'ont jamais su faire de rock and roll. Au lieu de Sid VICIOUS, on a droit à Jacques HIGELIN en guise d'ange maudit. Si le talent du bonhomme est incomparable, en terme de No Future Attitude, on a vu mieux. La Bande du Rex essaie d'être un film de jeunes à l'américaine, entre réalisme poétique à la française et culture U.S. des 50's, mais finit par ressembler à une sitcom AB. Un peu comme dans Rue Barbare quelques années plus tard, le film échoue à copier et adapter les codes du film de genre à l'américaine. Mais le film de Gilles BEHAT avait ce grain de folie propre aux 80's qui rendait le film jubilatoire. La Bande du Rex est à l'image des années Giscard: chiant.



















Une apparition du groupe Strychnine, excellent groupe punk de la fin des années 70/début 80.

samedi 12 mai 2018

Jailbreak - 2017 - Jimmy HENDERSON


Un groupe d'officiers cambodgiens de police est chargé de transférer un prisonnier, caïd présumé du gang Butterfly. La véritable chef  et ses acolytes vont tenter de le libérer.

Jailbreak se veut être la réponse cambodgienne au film indonésien The Raid. La démarche est identique: adopter les codes du cinéma d'action occidental au contexte local. Il ne s'agit pas uniquement d'américaniser une histoire, mais de proposer un film qui plaise au public national et international. Malgré d'évidentes qualités, Jailbreak est un cran en dessous de son modèle. 

Le plus gros problème est son manque de gueule: que ce soit au niveau des personnages ou de l'ambiance du film, on sent qu'il n'y a pas le petit quelque chose qui pourrait en faire un petit classique du cinéma bis. Les acteurs ne sont pas mauvais, mais manquent de charisme à l'écran. Le film est correct d'un point de vue technique mais ne dégage rien et n'a pas la caractère poisseux et oppressant de son modèle insulaire. Le budget très faible n'a certainement pas permis au réalisateur de concrétiser totalement sa vision. C'est d'autant plus dommage que le film propose des combats très spectaculaires (ce qui est la principale raison pour laquelle on regarde ce type de film): les interprètes sont de très bons martialistes dont les qualités sont évidentes à l'écran, les affrontements sont bien chorégraphiés et filmés en plan-séquence. Le montage n'est pas trop haché, ce qui permet de profiter du caractère spectaculaire des high-kicks.

Si tout n'est pas parfait, j'ai quand même apprécié Jailbreak. J'ai toujours plus de sympathie pour un film qui mise sur les performances physiques des acteurs que sur les fonds verts et les incrustations.

Le seul point qui m'a dérangé est la sous-utilisation du personnage de Céline TRAN: elle incarne une chef de gang à la tête d'une armée de tueuses. C'est une figure totalement issu du cinéma d'exploitation qui n'est pas sans rappeler la Black Mamba de Kill Bill. Malheureusement elle n'apparait que trop peu à l'écran. Ce qui est dommage car si les auteurs avaient plus exploité ce personnage, cela aurait permis à Jailbreak de se distinguer de The Raid. Le film n'aurait pas été forcément meilleur, mais il aurait au moins été différent.

Jailbreak mérite le coup d’œil, même s'il n'est pas la petite bombe du cinéma cambodgien que l'on espérait.

Céline TRAN


Jean-Paul LY, acteur franco-cambodgien qui joue un membre du GIGN envoyé en coopération au sein de la police cambodgienne.

 Dara OUR, l'autre héros du film, acteur cambodgien.

Je vais pas trop les critiquer, parce que niveau high-kick, ils assurent...




 
Le gang Butterfly. 
Sans vouloir paraitre macho, elles ont vraisemblablement été recrutées pour leur physique et pas pour leurs compétences martiales, à part Céline TRAN qui manie plutôt bien le sabre et le high-kick.