dimanche 21 janvier 2018

Terrain Vague - 1960 - Marcel CARNE


Au début des années 60, dans les HLM construits en périphérie de Paris. Dan, jeune fille à l'allure garçonne, est à la tête d'une petite bande de jeunes désœuvrés. Ils zonent entre ennui, larcins minables et galères d'argent. Un jour, Vincent, voyou plus chevronné, revient dans le quartier après s'être échappé d'une maison de correction.

Terrain Vague est une version française de La Fureur de Vivre. On retrouve le même triangle amoureux entre un beau gosse rebelle, une jeune fille à forte personnalité et un amoureux transi. Il y a également ce portait de jeunes marginaux qui refusent le monde des adultes mais n'ont rien d'autre à proposer à la place. Terrain Vague est cependant très en dessous de son modèle: les acteurs ne sont pas très bons. A leur décharge, il s'agit d'adolescents avec peu ou pas d'expérience en tant que comédien. L'histoire n'est pas palpitante et encore moins originale. D'une manière générale, le récit n'a certainement pas inspiré Marcel CARNE.

Mais ce n'est pas l'intérêt du film. Comme dans Les Cœurs Verts qui sera tourné quelques années plus tard, Terrain Vague vaut surtout pour son ambiance et sa description des grands ensembles du début des années 60. Bidonvilles côtoyant grandes barres, bandes de jeunes qui trainent sans but ni envie, ambiance familiale sinistre... Cette époque était loin d'être idyllique et même si il n'y avait pas de chômage, la vie n'était pas simple pour des jeunes à l'horizon bouché. Même si Marcel CARNE n'a pas réalisé un grand film, il a su recréer l'ambiance d'une bande de jeunes zonards avec ses codes et ses rites. Certains passages sonnent faux, mais Terrain Vague reste intéressant par son aspect sociologique et sa peinture de la France des Trente Glorieuses.

Le film a été édité plusieurs fois en DVD et est trouvable pour une poignée d'Euros.

















jeudi 4 janvier 2018

Mais ne nous délivrez pas du mal - 1971 - Joël SERIA



Deux jeunes adolescentes élèves au sein d'une institution religieuse, entretiennent une amitié passionnée qui va les mener au bout de la folie.

Mais ne nous délivrez pas du Mal se base sur l'affaire Parker-Hulme qui a également inspiré Heavenly Creatures. Cependant si le film de Peter JACKSON se veut assez fidèle au fait divers, celui de SERIA n'en garde que l'idée de base et construit sa propre histoire. Mais ne nous délivrez pas du Mal nous montre deux adolescentes totalement fascinées par le Mal et qui ne vont cesser de provoquer et des mettre en scène des drames: proclamation de foi à Satan, dénonciation calomnieuse, incendie volontaire... 

Le ton du film est marqué par un anticléricalisme assez virulent: tous les religieux, nonnes, confesseurs ou simples grenouilles de bénitier sont présentés comme des hypocrites et/ou obsédés sexuels. Par opposition, les parents des deux jeunes filles apparaissent comme relativement normaux ce qui renforce la monstruosité de leur progéniture. Il y a également un sous-texte lesbien entre les deux héroïnes qui n'est que très légèrement esquissé mais réel.

Visuellement, le film est assez réussi, malgré des moyens limités. SERIA réussit à produire quelques belles fulgurances gothiques, notamment la scène du baptême sur l'eau. Par certains aspects, on retrouve un peu l'ambiance des films de Jean ROLLIN avec ces adolescentes qui se baladent à moitié nue dans des châteaux délabrés. Les deux jeunes comédiennes sont particulièrement douées notamment Jeanne GOUPIL qui fait ses débuts au cinéma. Le seul point négatif concerne la post-synchro qui est vraiment ratée.

Le plus intéressant dans la démarche de SERIA est qu'il n'a pas cherché à expliquer les motivations des ses héroïnes. Il ne s'agit pas uniquement d'une révolte adolescente. Le film les accompagne dans leur voyage destructeur et diabolique sans donner la moindre raison. Sont-elles folles ou victimes d'une possession démoniaque? Avaient-elles déjà ce comportement avant qu'elles fassent connaissance ou c'est leur rencontre qui les a poussé à agir ainsi? Il n'y a pas d'étude psychologique sur ces deux jeunes filles, on ne sait pas grand chose d'elles et de leur passé et c'est ce qui les rend fascinantes.

Il n'existe pas d'édition DVD en France, à l'exception d'un coffret assez ruineux. Par contre, le film est disponible dans plusieurs éditions étrangères à des tarifs raisonnables, notamment en Allemagne.

Quelques visuels étrangers:

Affiche japonais non contractuelle sur l'ambiance du film


C'est assez vilain...



Paye ton affiche de Drive-In...







 Anne

Lore