lundi 10 décembre 2018

Lords of Chaos - 2018 - Jonas AKERLUND



Dans la paisible Norvège de la fin des années 80 et du début des années 90, Øystein AARSETH, jeune métalleux d'Oslo fonde le groupe Mayhem et contribue à crée le Black-Metal. Sa rencontre avec Kristian VIKERNES, leader du groupe Burzum, va l'entrainer dans une spirale de violence.

Ce film est inspiré du livre de Michael MOYNIHAN, journaliste américain et leader du groupe Blood Axis. Cependant, un carton dans le générique de début montre que le réalisateur ne cherche pas à recréer l'authenticité des évènements, il s'inspire de vérités et de mensonges: il y a eu tant de légendes qui circulent que personne ne sait réellement ce qui s'est passé. D'ailleurs qui veut réellement savoir qui était Euronymous? Qui cela intéresse-t-il?

Le film se concentre essentiellement sur le leader de Mayhem et sa relation avec VIKERNES. Ils sont montrés comme deux adolescents qui ont été dépassés par leur rébellion et les évènements qui en ont découlés. J'avais peur que le film se prenne trop au sérieux ou pas assez, mais AKERLUND a trouvé le ton juste: on est à la fois exaspéré par leur comportement de petits cons et on réussit à s'attacher à eux, car au fond ils ne sont que des gamins (VIKERNES n'avait que 20 ans lorsqu'il tua AARSETH). Ils se rendent compte qu'ils vont trop loin dans leurs bêtises, mais ont tellement besoin de prouver qu'ils sont des True Evils qu'ils continuent leurs conneries jusqu'au drame. AKERLUND alternent les moments très drôles (la rencontre entre Euronymous et Grishnackh) avec les scènes bien plus dramatiques.

La grande force du film est la reconstitution de la scène Metal norvégienne de l'époque: on retrouve l'ambiance, les looks, les attitudes, les poses... Tout ce folklore véhiculé par les photos qu'on a vu sur les milliers pages internet consacrées au Black Metal est parfaitement retranscrit à l'écran. Si la ressemblance physique des acteurs avec les personnages réels n'est pas évidente (particulièrement pour Emory COHEN qui joue VIKERNES), leurs personnages sont suffisamment bien écrits et bien interprétés pour être crédibles à l'écran.

Mais la grande intelligence de Jonas AKERLUND est d'avoir évité le fan service et fait un film accessible à quelqu'un qui ne connait rien à la culture Metal et aux évènements: même quelqu'un qui n'a pas les codes comprend les enjeux qui anime cette bande, la relation entre Euronymous et Grishnackh qui n'a jamais été de l’amitié mais une compétition pour savoir qui était le leader, pourquoi les choses dégénèrent.

Lords of Chaos est une excellente surprise qui évite beaucoup de pièges.


 Euronymous, interprété par Rory CULKIN, le frère de Macaulay CULKIN.







1 commentaire:

  1. Bien vu, c'est tout à fait ça. Que le film ait pu décevoir les fans hardcore de Mayhem et Burzum est à mes yeux la preuve qu'il évite les pièges du fan-service. Au contraire, en se focalisant sur la psychologie des personnages, Jonas Akerlund a l'intelligence de fouiller avec sensibilité et humour l'âme d'une jeunesse en quête de repères dans une société trop policée pour leur donner la place à laquelle ils aspirent. La reconnaissance, le désir d'exister.
    Sans jamais édulcorer la violence résultant de leur stupidité, Akerlund dresse le portrait de gosses perdus, et aussi antipathiques soient-ils, on ne peut pas s’empêcher de se reconnaître, même partiellement, dans ces rebelles sans cause, comme dans les films de Gus Van Sant ou Larry Clarke.
    Que l'on soit fan de Métal ou complètement béotien, peu importe, Lord of Chaos parle de l'adolescence, de ses écueils, de sa folie, avec une justesse de ton qui mérite le coup d’œil.
    En espérant qu'un distributeur français se manifeste; ce serait dommage de rater ça.

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