mercredi 29 janvier 2020

Elsa Fraulein SS - 1976 - Patrick RHOMM



Une colonel SS qui doit conduire un train remplies de péripatéticiennes vers le front de l'Est, elle doit également espionner les ébats des officiers et détecter ceux qui ne seraient plus fidèles envers le Führer ou exprimeraient des sentiments défaitistes.


La nazisploitation doit être le sous-genre le plus taré et paradoxalement le plus inoffensif du cinéma d'exploitation. Il s'agit d'exhiber les supposées perversions sexuelles du IIIieme Reich, dans un décor de camp de concentration. Dérivé d’œuvres plus réputées (Les Damnés de VISCONTI, Portier de Nuit) le but de ce type de films n'a heureusement pas survécu au 70's. Dépourvu de tout discours politique, en dépit des apparences, le but n'était que de montrer des scènes scabreuses et vulgaires.

De nos jours, il peut paraitre surprenant que des producteurs aient eu l'idée de ce genre: malgré l’appât du gain, un minimum de décence et surtout la pression du public rendent la sortie de ce type de film totalement impossible. Mais on oublie que pendant longtemps, la perception de la Shoah fut très différente auprès du grand public de ce qu'elle est actuellement: au sortir de la Guerre, on n'avait pas forcément conscience de ce qui avait eu lieu dans les camps. Les gens voulaient oublier ce qui s'était déroulé et souhaitaient passer à autre chose. Les déportés qui revinrent ne furent pas accueilli comme des héros, ils durent se battre pour que l'on reconnaisse ce qu'ils avaient vécu. Les survivants eurent du mal à parler de ce qui s'était passé, de ce qu'ils avaient vécu et beaucoup se turent, par honte ou par crainte de ne pas être cru. L'information ne circulait pas aussi facilement que maintenant, les images étaient plus rares. Le grand public mit énormément de temps à comprendre ce qui s'était passé. Pendant longtemps, les nazis ne furent que les "méchants" du film, on ne parlait pas du caractère monstrueux du régime hitlérien. Les films sur la Seconde Guerre étaient avant tout des histoires d'aventures avec un conflit en toile de fond. Même un cinéaste comme Steven SPIELBERG a regretté d'avoir fait des SS, dans les Indiana Jones, des méchants qu'on aime détester.

Elsa Fraulein SS, c'est la nazisploitation de chez Eurociné, les plus bas-fonds du cinéma bis/exploitation. Le genre le plus naze et racoleur par la société de production la plus fauchée...  A la lecture du résumé, vous aurez compris qu'on frôle les abimes les plus profonds de la connerie. C'est très fauché, les stock-shots pullulent, les figurants sont mal habillés et transpirent la démotivation, c'est fait sans talent ni ambition artistique. La plus grande (et la seule) qualité du film étant d'assumer totalement sa bêtise et de ne prétendre à rien d'autre qu'à être un vulgaire produit de cinéma d'exploitation. On ne cherche pas à dénoncer la fascination pour le mal, mais juste à montrer des culs.

Mais si le film étale sa stupidité durant près de 90 minutes, une scène détonne par sa gravité: lors du trajet, un officier SS voit la porte d'un wagon s'ouvrir , surgissent alors des déportés en route vers les camps. D'un point de vue cinématographique, c'est très mal réalisé et interprété, mais à cet instant, Elsa Fraulein SS cesse d'être un pur produit d'exploitation racoleur et cherche à être quelque chose de plus grave, même s'il n'y arrive pas. Dans les bonus du DVD, on apprend que Marius LESOEUR, patron d'Eurociné a été dans la résistance et fut décore pour son action pendant la guerre. Peut-être a-t-il voulu rappeler au spectateur de 20 ans dans les 70's les horreurs que sa génération a vécu?



lundi 20 janvier 2020

Hallowen III : Le Sang du Sorcier - 1982 - Tommy LEE WALLACE




Alors que la nuit d'Halloween approche, un médecin enquête sur la mort mystérieuse d'un de ses patient, ce qui va le mener jusqu'à une fabrique de masques.

Halloween III fut longtemps considéré comme le canard boiteux de la saga (qui est pourtant loin de ne compter que des chefs-d’œuvre). Pourtant, il s’avère bien plus intéressant que sa mauvaise réputation. Le film ne reprend pas le tueur Michael MYERS, il s'agit d'une histoire qui n'est pas intégrée au reste de la continuité. John CARPENTER, producteur, pensait légitimement avoir tout dit sur le personnage au masque blanc et souhaitait lancer une franchise qui aurait pour thème la nuit d'Halloween. Cette démarche montre l'évolution du cinéma d'horreur des 30 dernières années: de nos jours, les sagas sont remakées/rebootées jusqu'à plus soif et le poids des réseaux sociaux limitent la moindre initiative par crainte d'un bad buzz, alors qu'à l'époque il était possible d'essayer de faire réeellement autre chose.

Suite à l'échec commercial du film, Michael MYERS reprit du service dans les épisodes suivants. Le film vient de ressortir chez l'éditeur Le Chat Qui Fume dans une très belle édition, ce qui permet de le redécouvrir dans les conditions optimales.

Bien que non réalisé par John CARPENTER, le film porte indéniablement sa marque. Big John est producteur et il est l'auteur du thème musical, minimaliste et étouffant comme pour la plupart des œuvres du maître. La mise en scène ne cesse de reprendre les tics et gimmicks visuels de CARPENTER: ces intrigantes et menaçantes silhouettes qui encerclent les héros, à mi-chemin entre les voyous de Assaut et les clochards de Prince des Ténèbres, cette communauté traquée et assiégée par une menace qui la dépasse, cette critique sous-jacente du capitalisme et du consumérisme... Il n'y a rien d'original, mais c'est bien fait (ce qui est déjà pas mal!). Il y a également cette fin ouverte, irrésolue, qui laisse au spectateur l'impression d'un chaos final qui va tout submerger.

Malheureusement, il y a quelques gros défauts qui empechent le film d'être une petite réussite. Le personnage principal, incarné par l'excellent Tom ATKINS, est très mal écrit: on est assez loin des figures anti-héroïques du cinéma de CARPENTER. Mais le pire est la prestation de l'actrice principale qui joue extrèmement mal et n'est pas crédible. Même si le cinéma de CARPENTER compte peu de femmes, elles sont toujours des personnages forts et/ou intéressants et les actrices sont toujours très bien dirigées. Certaines scènes sont également très médiocres et ressemblent à un vulgaire film de hangar.

Cela peut paraitre étonnant que l'on compare autant le film à ceux de CARPENTER (alors qu'il n'est que producteur), mais il porte la marque de ce dernier, tant est si bien que Tommy LEE WALLACE apparait comme invisible derrière son mentor. D'ailleurs, on trouve dans les bonus une interview du toujours très intéressant Eric PERETTI, qui se trompe de nom lorsqu'il doit créditer le réalisateur et parle au final plus de CARPENTER que de WALLACE.

Au final, malgré ses défauts, Halloween III est un film intéressant à redécouvrir.











dimanche 5 janvier 2020

Nom de code: Oies Sauvages - 1984 - Anthony DAWSON (a.k.a Antonio MARGHERITI)





Nom de code: Oies Sauvages fait partie des derniers soubresauts du bis italien. Durant les années 80, l'industrie cinématographique populaire transalpine va connaitre un longue déchéance jusqu'à quasiment disparaitre à l'orée de la décennie 90's. Tourné par un vétéran de la caméra, Nom de code: Oies Sauvages est un mix entre le film de mercenaires et le film sur le Vietnam. Avec des faibles moyens, Antonio MARGHERITI livre un long-métrage qui, s'il n'est pas exempt de défauts, est à classer dans le haut du panier.

Le casting est composé d'acteurs anglo-saxons inconnus ou de vedettes venues cachetonner. Lewis COLLINS, la tête d'affiche, s'avère particulièrement transparent. Il n'est pas fondamentalement un mauvais comédien, mais n'a pas le charisme ou les épaules pour porter un film. A ses côtés, on a droit à un Lee VAN CLEEF dont la carrière est depuis longtemps en lambeaux et un Klaus KINSKI dont la présence impressionne toujours, mais a la réputation particulièrement ingérable sur les plateaux. Ernest BORGNINE, qui devait être en indélicatesse avec le fisc, fait également un passage à l'écran. L'histoire est assez classique, pas franchement intéressante. Il ne faut pas essayer de chercher les trous dans le script, le scénario ayant certainement été remanié plusieurs fois en cours de tournage, pour peu qu'il y en ait eu un.

Mais le film reste sympathique à regarder: même s'il est composé d'acteurs en déchéance et/ou peu motivés, le casting est solide et on a toujours plaisir à revoir ces vieilles tronches à l'écran. Mais ce qui impressionne le plus, c'est la mise en scène et le sens du récit de MARGHERITI: malgré de faibles moyens, il alterne explosions spectaculaires, fusillades et cascades sans temps morts. Il sait dynamiser une histoire et n'ennuie jamais le spectateur avec des scènes de remplissage. Certaines scènes restent même impressionnantes de nos jours, notamment le final. Évidemment, la faible qualité de l'image aide à camoufler les trucages, mais cela reste du bon boulot.

Une interview de Bruce BARON avec quelques anecdotes sur le tournage.