Une jeune punk moscovite - Valeria surnommée Crash - vit en conflit permanent avec ses parents. Elle ne cesse de multiplier les provocations, particulièrement vis-à-vis de son père qui est milicien (Police russe). Lorsqu'elle est agressé et violée par un gang de voyous, son père va régler les choses à sa façon, les armes à la main.
J'ai découvert l'existence de ce film en cherchant des informations sur La petite Vera. A priori, Avariya est sorti en occident, mais j'ai trouvé peu d'informations à ce sujet. Je n'ai trouvé ni version française, ni sous-titres anglais et ai donc du le regarder en russe, langue dont je ne comprends pas le moindre mot. Cependant, ce n'est pas un problème pour suivre le film, le sens de quelques scènes risque de vous échapper mais l''ensemble reste compréhensible.
Avariya - doch menta a été réalisé par Mikhail TUMANISHVILI qui est également l'auteur de Detached Mission (a.k.a Soviet), qui est considéré comme étant la réponse de l'URSS à Rambo. Avariya - doch menta est un exemple de film d'exploitation à la soviétique. Le ton est un mix entre le neo-polar italien et le drame social. Comme dans beaucoup de série B, le sujet n'est réellement traité que dans la dernière demi-heure. Le reste du film est consacré aux relations plus que difficiles que Valeria entretient avec ses parents. Loin d'être inintéressante, cette partie permet de montrer une partie de la scène underground moscovite de la fin des 80's. Concert punk, metalheads, bikers en virée nocturne, hippies tabassés par la Milice... Pas mal de passages qui montrent que ce type de sous-culture n'était pas réservé à la jeunesse occidentale.
Si le film n'a que de faibles moyens (selon les critères occidentaux) le réalisateur s'en sort plutôt bien. Il tire le meilleur des deux interprètes principaux (Valeria et son père) et sa mise en scène est assez efficace. On a même droit à la fin du film à une course-poursuite en Ladas très spectaculaire. Mikhail TUMANISHVILI arrive surtout à retranscrire l'ambiance pesante qui pèse sur cette famille assez ordinaire et sur la vie quotidienne des moscovites. Valeria, malgré ses frasques d'adolescente, est assez attachante car on comprend qu'il s'agit surtout d'un échappatoire pour fuir un quotidien sinistre. Quand au père, c'est un brave homme qui est près à risquer des ennuis auprès de sa hiérarchie pour sortir sa fille des ennuis où elle se trouve régulièrement. Valeria est son unique enfant et il l'aime. Il y a aussi Moscou, avec ses grands blocs d'habitation qui ne semblent pas finis, ses terrains vagues et ses arrières-cours sales, qui font un décor assez fascinant, presque exotique.
Mais un des aspects les plus intéressants de Avariya - doch menta est son discours politique sous-entendu. Contrairement à d'autres vigilante movies, il ne fait pas réellement l'apologie des méthodes musclées. Il montre surtout l'état de déliquescence de l'outil répressif de l'URSS. Le père de Valeria est un policier de base qui décide de faire justice lui-même plutôt que faire appel à ses collègues. Cela montre bien que plus grand chose ne marchait réellement à cette époque en Union Soviétique: ce type de régime autoritaire doit fonctionner sur la peur et l'efficacité de sa police et des services secrets, étant eux-mêmes soumis à une discipline impitoyable. Si des francs-tireurs se mettent à régler leur compte par eux-mêmes, c'est que l'institution est foutue. C'est un peu le message de certains poliziottesco qui, via les personnages de flics violents, montraient l'effondrement de l'état italien coincé entre la grande criminalité et les attentats politiques. Sauf que l'Italie a toujours été une démocratie où les réalisateurs pouvaient faire à peu près ce qu'ils voulaient tant que les entrées étaient suffisantes.
Musicalement, l'intérêt de ce groupe est relatif, mais j'étais loin d'imaginer que ce genre de concert avait lieu de l'autre côté du rideau de fer.
Vous trouvez que l'ambiance du déjeuner dominical en famille est pesante?
Le père de Valeria, policier.
Clip diffusé à la télé russe.
Des hippies arrêtés par la Police et tabassés par les passants.
Course poursuite en Ladas qui n'a pas à rougir de la comparaison avec les productions impérialistes.