Zara est une jeune fille yézidie, une minorité vivant en Irak. Enlevée par l’État Islamique, elle réussit à s'échapper et rejoint une milice kurde.
Je n'attendais pas grand chose de ce film et n'ai pas été réellement déçu. Certaines choses sont réussies, d'autres sont franchement gênantes.
L'histoire débute avec Zara, une jeune yézidie qui mène une existence paisible en Irak. Du jour au lendemain, les troupes de l’État Islamique envahisse son village. Elle se retrouve kidnappée, mariée de force à un gradé de Daech qui abuse d'elle. Elle parvient à s'enfuir puis rejoint une brigade internationale des forces kurdes. Sans être exceptionnelle, cette partie est la plus correcte et intéressante du film. Elle le mérite de mettre en image, d'une façon plutôt réaliste, le drame vécu par les populations et les minorités durant le conflit, malgré quelques lourdeurs dans la mise en scène (la goutte de sang dans le lavabo). Cette partie a également le mérite de montrer le cas des enfants-soldats enrôlés par Daech et de souligner que cette guerre aura des répercussions pendant de nombreuses années.
Puis le film part totalement en sucette!
Deux jeunes françaises (une juive et une arabe, tout un symbole!), arrivent au sein de la milice kurde. L'une d'elle est jouée par la chanteuse Camélia JORDANA. Les deux actrices ne jouent pas très bien et ne sont pas crédibles dans leurs rôles. A leur décharge, leurs personnages ne sont pas spécialement bien écrits, avec un
background trop faible pour que le spectateur croit et s'intéresse à elles.
La mise en scène, qui était correcte sans être exceptionnelle, vire au grand n'importe quoi. Les scènes d'entrainements sont ridicules, sur fond de musique pop avec un montage grotesque. Je ne demande pas à voir une déclinaison féminine de
Full Metal Jacket (ce serait ridicule), mais les personnages, et le spectateur, doivent comprendre qu'elles vont faire la guerre. Elles ne sont pas là pour rire ou se faire des copines, elles montent au front face à un ennemi sanguinaire. La réalisatrice a certainement voulu montrer la naissance d'une vraie amitié et solidarité entre guerrières, mais on a plus l'impression de regarder un
team building d'entreprise qu'une séance d'instruction militaire.
Les scènes d'action oscillent entre le très moyen et le franchement ridicule. Caroline FOUREST n'a certainement pas eu un budget colossal, ce qui peut excuser un manque d'ampleur. Mais certains plans sont totalement grotesques et évoquent la fameuse sortie de l'eau de Chuck NORRIS dans le premier
Portés Disparus. De même, le plan d'infiltration lors de l'assaut final n'est pas crédible un seul instant.
Mais le plus gênant dans le film ne sont pas les erreurs d'écriture, de mise en scène ou d'interprétation. Le parcours de son personnage principal assez ambigu: après avoir été enlevée et abusée par un djihadiste, elle rejoint un groupe de miliciens kurdes, devient une fière combattante. A la fin du film, elle semble avoir surmonté tous les traumatismes qu'elle a enduré, comme si la guerre pouvait être une bonne thérapie, alors qu'elle devrait être légitimement traumatisée. Même le personnage de John Rambo est finalement plus subtil et crédible: dans chaque volet de cette saga mythique, STALLONE ne cesse de répéter que le Bérêt Vert était revenu traumatisé et choqué du Viet Nam.
Sœurs d'Armes est assez loin de la connerie réjouissante des productions CANNON, qui bien qu'encore moins subtiles, assumaient totalement leur discours propagandiste sans chercher à se draper derrière un drapeau de vertu. Caroline FOUREST semble, comme beaucoup d'intellectuels de la gauche française, fascinée par la violence politique et le recours aux armes pour défendre sa cause. Elle approuve, sans même s'en cacher, la loi du Talion. On peut lui excuser beaucoup de choses, elle met en scène
son premier film de fiction, mais pas sa malhonnêteté intellectuelle.