jeudi 24 octobre 2019

Lords of Flatbush - 1974 - Martin DAVIDSON & Stephen VERONA



Brooklyn, 1958. Chico, Stanley, Butchey et Wimpy, quatre jeunes portant perfectos et bananes, forment un gang, les Lords. Ils s'ennuient au lycée, trainent et se cherchent une place dans la vie.

Sortie à grand peine du bourbier vietnamien et subissant encore le contrecoup de la Révolution des 60's, l'Amérique avait besoin de se rappeler d'une période où le plus gros danger pour la jeunesse était un jeune blanc-bec sudiste du nom d'Elvis PRESLEY. De ce fait, les 70's connurent une période de revival des 50's et lancèrent cette vilaine habitude d'adorer des films/musiques vieux de 20 ans, mais qu'on trouvait ringard il y a 10 ans. Chez nous, on aura le chanteur Renaud et Lucien, le personnage de Margerin. Lords of Flatbush appartient à ce revival et tentait de surfer sur l'énorme succès d'American Graffiti sorti l'année précédente.

D'un intérêt cinématographique très faible, le film a de nombreux défauts qu'il serait inutile d'énumérer. Certes, la trilogie bandes de jeunes/rock 'n roll/belles bagnoles est respectée, mais rien ne fonctionne ou n'intéresse. Il y a un manque d'argent et de talent assez évident. Le plus gros problème étant, comme souvent, l'âge des comédiens censés incarner des adolescents en fin de lycée alors qu'ils approchent tous de la trentaine.

Cependant, on voit Sylvester STALLONE en perfecto et portant une banane dans le plus pur style rockabilly, ce qui change du treillis ou des gants de boxeurs. Henry WINKLER campe un jeune greaser qui est un prototype de Fonzie, son futur personnage fétiche dans la série Happy Days. Est-ce que cela justifie le fait qu'on perde 85 minutes à regarder ce film? Oui, mais uniquement d'un point de vue historique.



 A droite, Perry KING qui affrontera à son tour des jeunes déliqnuants dans Class Of 1984.

Si vous savez où commander ce perfecto, merci de me faire signe.







lundi 21 octobre 2019

Les Fauves - 1984 - Jean-Louis DANIEL




Christopher BERGHAM est cascadeur. Lors d'un spectacle, Bella, sa partenaire et également épouse, est tuée. Trois ans plus tard, il est devenu agent de sécurité au sein de la société La Veillance. Le frère de Bella, Leandro se fait embaucher au sein de la même entre prise pour se venger de celui qu'il considère comme responsable de la mort de sa soeur.

En 1983, Daniel AUTEUIL est une star. Il vient d'enchainer deux gros succès comiques (Les Sous-doués passent le bac / Les Sous-doués en vacances) ainsi que d'autres comédies qui font de lui un acteur à succès (Clara et les chic types avec ADJANI et la troupe du Splendid...). Mais il a passé la trentaine et sait que ce type d'humour ne peut pas marcher éternellement et cherche à se renouveler. Il va se tourner vers un genre très en vogue à l'époque: le film policier. Plus exactement, vers le polar français des années 80.

Mais si, vous connaissez ce genre à base de néons bleus, de solos de saxophone nocturne, de poésie de la zone et d'anti-héros dépressif. Cette tentative de faire moderne et à l'américaine apparait aujourd'hui tellement datée datée que les polars des 70's apparaissent moins ringards que ceux des 80's.

Daniel AUTEUIL incarne ici un jeune cascadeur dont la compagne et partenaire de spectacle est décédée lors d'un show. Quelques années plus tard, il devient agent de sécurité. Le frère de l'ex d'AUTEUIL, incarné par un Philippe LEOTARD au mieux de sa forme (c'est-à-dire entre deux cures de désintox) va chercher à se venger.

On a également Farid CHOPEL, l'arabe de service des 80's qui joue un chef de gang (enfin d'agents de sécurité) qui va chercher à faire la peau à Daniel AUTEUIL, juste parce qu’il ne l'aime pas (ce qui est un bon motif). Florent PAGNY en homo et amoureux transi sera supportable car il se contente de jouer et ne chante pas. Jean-François BALMER, en salaud de violeur, fout un beau bordel dans ce petit monde et se fait buter deux fois. Un défilé de mode, organisé par Macha MERIL, qui se déroule Porte Maillot ressemble à un show de strip-tease. Les vigiles se baladent flingues à la ceintures, comme des cow-boys modernes. Pour souligner son mal-être, Daniel AUTEUIL roule de nuit avec des lunettes de soleil (ce qui est très dangereux quand on y réfléchit). Le final se déroule sur les marches du Palais de Bercy alors en construction.

En bonus, Valérie MAIRESSE, avec sa voix de velours, joue les répartiteurs à La Veillance et Louise PORTAL, avec son accent de la Belle Province, joue une femme qui veut montrer qu'elle en a!

Je sais, ce que j'écris parait chaotique, mais c'est à l'image du film: écrit avec les pieds avec des comédiens mal dirigés, la mise en scène est catastrophique et ridiculise un matériel de base qui n'était pas exceptionnel. Rien de marche, n'est construit ou n'est crédible. L'enchainement de certaines séquences redéfinissent la notion d'ellipses tant l'ensemble parait avoir été filmé au jour le jour.

Les Fauves est sympathique à regarder, mais uniquement si on a la perversité d'aimer le polar français des 80's. Quand à Daniel, il sait que le pire est derrière lui (L'Arbalète de Sergio GOBBI est sorti l'année précédente) et va tranquillement attendre que Claude BERRI vienne le chercher pour joue Ugolin.














samedi 19 octobre 2019

La Coupe à 10 francs - 1974 - Philippe CONDROYER




André, jeune ouvrier dans une ébénisterie, et ses copains ont les cheveux longs. Le patron leur ordonne de couper leur tignasse, mais ils refusent.


La province ouvrière française de l'après-68. Les Trentes Glorieuses touchent à leur fin et le pire reste à venir. La désindustrialisation et le chômage de masse des années 80 dévasteront ce que l'on appellera le périurbain. Les mœurs commencent à se libérer, mais la Gauche n'est pas encore au pouvoir, les patrons restent les patrons.
Inspiré d'un fait divers, La Coupe à 10 francs est un bon film qui décrit le parcours d'un jeune homme sans histoire qui se heurte à plus fort que lui et finit par le payer cher. Interprété par Didier SAUVEGRAIN (la belle gueule de voyou du cinéma français), André n'est pas l'avant-grade éclairée du prolétariat. C'est juste un type normal qui aspire mener sa petite vie normale avec son boulot, ses virées au bistrot avec les copains, sa petite amourette avec une fille des PTT et qui rentre chez ses parents le week-end. Il n'aspire pas à être un héros ou un symbole, mais va le devenir malgré lui.

Si le film a d'évidentes qualités (interprétation, écriture, mise en scène) et quelques défauts (quelques seconds rôles mal dirigés, des erreurs dans la narration), il est fascinant par sa retranscription de la France ouvrière des années 70 et des rapports sociaux inhérents. Certes, de nos jours le paternalisme patronal n'existe plus, mais la pression sociale vous impose toujours un code de conduite que vous devez respecter. La Coupe à 10 francs est à la fois très daté (le monde qu'il décrit n'existe plus ou est en voie de disparition) et totalement contemporain par son analyse des rapports sociaux (Même si vous avez raison, c'est celui qui a le pouvoir qui aura le dernier mot en fin de compte. Même dans une start-up, le patron reste le patron).







jeudi 17 octobre 2019

Banlieusards - 2019 - Leila SY & Kery JAMES


Trois frères en banlieue...
L'ainé est un truand devenu la honte de la famille. Le cadet fait des études pour devenir avocat. Le benjamin, encore collégien, hésite entre ces deux figures.

Sur les réseaux sociaux, il y a eu récemment une polémique à deux balles sur le fait que le film de Caroline FOUREST (Sœurs d'Armes) a bénéficié de significatifs financements publics, alors que celui de Kery JAMES n'en a eu aucun. Je ne sais pas si cela un fondement, je n'ai pas eu accès au plan de financement, et au fond je m'en moque. Il est clair que Caroline FOUREST a largement profité de son réseau médiatique pour recevoir l'argent du contribuable (cela ne lui évitera pas un échec critique et public assez violent et mérité). Il est clair, également, que Kery JAMES est peut-être un excellent musicien, mais surtout un cinéaste médiocre. 

Le vrai problème de ce film n'est pas son sujet, qui n'a rien de franchement polémique, mais son point de vue. Banlieusards est un ramassis de clichés tels que le véhiculent tous les films faits depuis 30 ans sur la banlieue. Kery JAMES n'a rien à dire qui n'ait déjà été mis en images. Le thème du choix entre l'insertion dans la vie professionnelle et la petite délinquance n'a rien de nouveau, Les Cœurs Verts en parlait déjà dans les années 60. Il y a quelques moments qui surnagent, mais sont souvent gâchés par la mise en scène: le concours d'éloquence entre les deux avocats est une scène avec un très beau texte, mais le montage paresseux la rend très ennuyeuse.

La mise en scène est inexistante, les auteurs ayant certainement pensé que poser la caméra et laisser les acteurs débiter leur texte allait suffire. D'ailleurs si l'ensemble du casting fait bien son job, Kery JAMES est assez transparent , malgré un charisme évident. Ce film n'est pas une déception, car je n'attendais rien de ce film. Il est clair qu'il n'a rien de révolutionnaire, ni même d'intéressant. Il n'est pas fondamentalement désagréable, mais simplement inutile. Si certains regrettent qu'il n'ait pu sortir en salles, la sortie sur Netflix lui a certainement évité un échec cuisant aux box-office.

mardi 15 octobre 2019

Sœurs d'armes - 2019 - Caroline FOUREST


Zara est une jeune fille yézidie, une minorité vivant en Irak. Enlevée par l’État Islamique, elle réussit à s'échapper et rejoint une milice kurde.

Je n'attendais pas grand chose de ce film et n'ai pas été réellement déçu. Certaines choses sont réussies, d'autres sont franchement gênantes.

L'histoire débute avec Zara, une jeune yézidie qui mène une existence paisible en Irak. Du jour au lendemain, les troupes de l’État Islamique envahisse son village. Elle se retrouve kidnappée, mariée de force à un gradé de Daech qui abuse d'elle. Elle parvient à s'enfuir puis rejoint une brigade internationale des forces kurdes. Sans être exceptionnelle, cette partie est la plus correcte et intéressante du film. Elle le mérite de mettre en image, d'une façon plutôt réaliste, le drame vécu par les populations et les minorités durant le conflit, malgré quelques lourdeurs dans la mise en scène (la goutte de sang dans le lavabo). Cette partie a également le mérite de montrer le cas des enfants-soldats enrôlés par Daech et de souligner que cette guerre aura des répercussions pendant de nombreuses années.



Puis le film part totalement en sucette! 

Deux jeunes françaises (une juive et une arabe, tout un symbole!), arrivent au sein de la milice kurde. L'une d'elle est jouée par la chanteuse Camélia JORDANA. Les deux actrices ne jouent pas très bien et ne sont pas crédibles dans leurs rôles. A leur décharge, leurs personnages ne sont pas spécialement bien écrits, avec un background trop faible pour que le spectateur croit et s'intéresse à elles.

La mise en scène, qui était correcte sans être exceptionnelle, vire au grand n'importe quoi. Les scènes d'entrainements sont ridicules, sur fond de musique pop avec un montage grotesque. Je ne demande pas à voir une déclinaison féminine de Full Metal Jacket (ce serait ridicule), mais les personnages, et le spectateur, doivent comprendre qu'elles vont faire la guerre. Elles ne sont pas là pour rire ou se faire des copines, elles montent au front face à un ennemi sanguinaire. La réalisatrice a certainement voulu montrer la naissance d'une vraie amitié et solidarité entre guerrières, mais on a plus l'impression de regarder un team building d'entreprise qu'une séance d'instruction militaire.

Les scènes d'action oscillent entre le très moyen et le franchement ridicule. Caroline FOUREST n'a certainement pas eu un budget colossal, ce qui peut excuser un manque d'ampleur. Mais certains plans sont totalement grotesques et évoquent la fameuse sortie de l'eau de Chuck NORRIS dans le premier Portés Disparus. De même, le plan d'infiltration lors de l'assaut final n'est pas crédible un seul instant.



Mais le plus gênant dans le film ne sont pas les erreurs d'écriture, de mise en scène ou d'interprétation. Le parcours de son personnage principal assez ambigu: après avoir été enlevée et abusée par un djihadiste, elle rejoint un groupe de miliciens kurdes, devient une fière combattante. A la fin du film, elle semble avoir surmonté tous les traumatismes qu'elle a enduré, comme si la guerre pouvait être une bonne thérapie, alors qu'elle devrait être légitimement traumatisée. Même le personnage de John Rambo est finalement plus subtil et crédible: dans chaque volet de cette saga mythique, STALLONE ne cesse de répéter que le Bérêt Vert était revenu traumatisé et choqué du Viet Nam.

Sœurs d'Armes est assez loin de la connerie réjouissante des productions CANNON, qui bien qu'encore moins subtiles, assumaient totalement leur discours propagandiste sans chercher à se draper derrière un drapeau de vertu. Caroline FOUREST semble, comme beaucoup d'intellectuels de la gauche française, fascinée par la violence politique et le recours aux armes pour défendre sa cause. Elle approuve, sans même s'en cacher, la loi du Talion. On peut lui excuser beaucoup de choses, elle met en scène son premier film de fiction, mais pas sa malhonnêteté intellectuelle.

samedi 5 octobre 2019

Joker - 2019 - Todd PHILLIPS



 Une vision de l'origine du Joker, le méchant ultime du Chevalier Noir de Gotham.

Quand j'ai appris qu'un film sur le personnage du Joker allait sortir, j'ai pensé que cela pouvait donner quelque chose d'intéressant, qui changerait des films standards sur l'univers de super-héros. J'apprécie les films Marvel et les trouve plutôt distrayants, mais il faut également reconnaitre qu'ils ne sont pas non plus exceptionnels. La faute à une caractère interchangeable dû à la volonté du studio de ne pas trop bousculer le spectateur et lui offrir le même confort qu'une série TV. Au fond j'admire plus l'effort du studio qui arrive à mener un tel projet que le Marvel Cinematic Universe (23 films en 11 ans et c'est loin d'être fini) que les films eux-mêmes. 

Quand j'ai vu la hype qui a suivi les premières projections du film, je me suis inquiété car le dernier film de genre qui faisait l'unanimité est Midsommar, qui s'est avéré être une grosse bouse boursouflée.

Maintenant que je suis sorti de la salle, je suis rassuré et ai beaucoup aimé ce Joker.

Parlons tout de suite de la prestation de Joaquin PHOENIX qui est exceptionnelle et bouffe totalement l'écran. Il met vraiment mal à l'aise par son regard, son rire, sa façon de se tenir... Mais si le Joker effraie, on a également mal pour lui car il traîne un lourd passé psychiatrique et est loin d'avoir une vie facile dans le Gotham sale et étouffant des 80's.

Le film est assez malsain, car au fur et à mesure qu'il commet ses actes criminels, le Joker va de mieux en mieux, il s'affirme et résiste à tout qui le faisaient chier. On est partagé entre l'horreur de ses actes et le soulagement de le voir aller mieux. C'est un traitement moralement douteux, mais parfaitement logique avec un tel personnage. Le film s'avère, par son ambiance urbaine crade et son personnage principal déglingué qui sombre dans la folie homicide, proche de certains polars des 70's comme Death Wish ou Taxi Driver. On ne peut pas approuver ses actes, mais on comprend parfaitement pourquoi il en arrive à de telles extrémités. 

Si le film est indépendant du DC Cinematic Universe, il reste connecté à l'univers Batman: le Joker que l'on voit est celui qui affrontera le justicier masqué de Gotham. Certaines pistes narratives sont d'ailleurs ouvertes et offrent une nouvelle vision sur les futurs affrontement entre le Joker et le Dark Knight. Cependant, on ne sait pas s'il s'agit de la vérité ou du délire d'un psychopathe, le film restant heureusement ambigu à ce sujet.
Certains éléments de l'histoire entrent en résonance avec l'actualité, particulièrement avec les évènements récents s'étant déroulés en France depuis novembre 2018: peu après ses premiers crimes (il a tué trois jeunes financiers travaillant pour Thomas WAYNE), le Joker devient peu à peu une idole populaire, un symbole de la "lutte anti-riches". Des admirateurs se réclamant de lui revêtent un masque de clown et se livrent à de violents émeutes. Cela m'a rappelé le mouvement des Gilets Jaunes où des citoyens lambdas sont prêts à saccager la ville juste parce qu’un type peu recommandable leur a dit "A bas les riches!".

Joker a également un discours assez critique sur la prise en charge de la maladie mentale par les autorités sanitaires, il établit un lien clair entre les coupes dans les budgets sociaux qui empêchent Joker de prendre ses médicaments et sa montée dans la folie. Quelque part, Gotham se retrouve puni d'avoir laissé tomber ses citoyens les plus fragiles et le paie au centuple.