Maxwell KIRSHNER est directeur d'une clinique réalisant des transplantations d'organes humains. Malade, il sait qu'il ne lui reste que quelques mois à vivre. Il choisit donc de se faire transplanter le tête sur un corps sain. Malheureusement les choses ne vont pas se passer comme prévues, le vieux bigot raciste va se retrouver obligé de cohabiter avec un afro-américain.
Le film porte évidemment une forte charge politique: en 1972, la ségrégation raciale vient juste d'être abolie aux États-Unis (il en restera des traces jusqu'à nos jours) Mohamed ALI a été privé de ses titres de champions du monde et les Blacks Panthers sont à l'apogée de leur mouvement. Faire cohabiter un vieux réac' avec un jeune noir condamné à tort au sein d'un même corps n'est pas sans arrière-pensée.
Après, il ne faut pas non plus surinterpréter politiquement comme le font certains: The Thing With Two Heads (T.T.W.T.H.) a été produit par American International Pictures, célèbre compagnie cinématographique de film d'exploitation. Dirigée par Samuel Z. ARKOFF, cette société avait un seul but, vendre des tickets aux spectateurs. De la même manière qu'un Easy Rider se contente de surfer sur la vague du film de Bikers des années 60, T.T.W.T.H. cherche avant tout un bon retour sur investissement.
D'un point de vue purement cinématographique, le film n'est pas bon. Il a été réalisé par Lee FROST, metteur en scène de nombreux films d'exploitation. Une de ses plus fameuses œuvres est Black Gestapo où des noirs tentant de s'organiser en milices fassent à l'oppression des blancs deviennent de vrais nazis. T.T.W.T.H. a de nombreux problèmes en terme d'écriture, de mise en scène et d'interprétation. Le film est court (90 min), mais souffre d'un rythme lent et on s'ennuie rapidement car il ne se passe pas grand chose. Le meilleur exemple est la (trop) longue scène poursuite qui semble durer des heures: mal montée, avec une gestion de l'espace qui rend la situation incompréhensible, elle n'est là que pour rajouter des minutes supplémentaires.
Un autre souci est le ton du film: avec une telle idée, il faut que le long-métrage parte dans le burlesque le plus total et le cabotinage extrême. Seulement, le surjeu n'est pas donné à la portée de tous les acteurs qui ici ne sont pas très bons ni très bien dirigés (du moins pas d'une façon qui soit vraiment drôle). De plus, si l'idée d'opposer un vieux blanc réac à un jeune noir n'est pas mauvaise, elle n'est pas suffisante. Il faut également montrer une évolution psychologique des personnages sinon on ne peut s'y attacher (alors qu'on les voit à l'écran de A à Z). Un bon exemple est le personnage de Victor PIVERT dans Les Aventures de Rabbi Jacob, également une comédie sur le racisme: outre l'indépassable prestation de Louis De FUNES, le film montre un vieux raciste qui vient peu à peu à dépasser ses préjugés et accepter l'autre. Dans T.T.W.T.H., il n'y a qu'une seule scène (celle du repas) où il y a une véritable confrontation des caractères, à ce moment, le film trouve un ton juste et intéressant.
En fait T.T.W.T.H. a le même problème qu'un Mr. No Legs: un pitch très alléchant, mais une incapacité totale à assumer l'idée délirante de départ.
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