dimanche 26 avril 2015

Arrête de ramer, t'attaques la falaise ! - 1979 - Michel CAPUTO

Ce film est un version comique et moderne du Cid de Pierre CORNEILLE. A la base, ce n'est pas forcément une mauvaise idée (même si ça n'en est pas forcément une bonne...): La Folie des Grandeurs de Gérard OURY s'inspire aussi d'un texte classique pour en faire quelque de léger et comique. Sauf qu'il y avait un bon metteur en scène derrière ce film, sachant créer un univers vraisemblable, rythmer son récit et ses scènes, et tout simplement diriger ses acteurs.
Les deux principaux problèmes sont visibles dès les premières séquences. Tout d'abord les costumes et les décors: le film est censé être une relecture contemporaine du Cid. Sauf que les costumes des personnages datent du XVI-XVIIième siècle. Et ce n'est pas valable pour tous les personnages car certains ont des costumes clairement contemporains. De plus le film est censé se passer en Espagne, mais a été clairement tourné dans le Paris des années 70. Que le budget du film n'ait pas permis une reconstitution d'époque n'est pas selon moi, un excuse: si on n'a pas l'argent pour montrer quelque chose à l'écran, on ne le montre pas ou on trouve des astuces, sinon on est ridicule.Le fait de mélanger les époques et les lieux peut paraitre anecdotique, mais cela réduit totalement à néant les effets comiques liés aux anachronismes ou au décalage culturel: certaines répliques peuvent être drôles pour un spectateur contemporain si c'est un homme du XVIIième siècle qui les prononce. Comme on ne sait pas à quelle époque ni en quel lieu se déroule le film, tout tombe à plat.
Le deuxième gros problème est le respect du texte de CORNEILLE: le film mélange extraits de la pièce et "créations originales". Ce n'est pas, à la base, une bonne idée de reprendre tel quel le texte d'époque qui n'est pas spécialement drôle et est fait pour être déclamé sur une scène de théâtre. Si le choix est de garder les dialogues originaux, il faut alors faire un gros travail de mise en scène pour en faire ressortir les éventuels aspects comiques. Dans le cas présent, ça n'a pas été fait. De plus, le mélange texte original/dialogues (dont la plupart semblent improvisés devant la caméra) passe très mal à l'écran, car les niveaux de langages différents grandement et au final, les éventuels effets comiques tombent à plat.
A part ces deux points, le film a la totalité des tares des mauvaises comédies franchouillardes: acteurs en roue libre et cachetonnant, séquences qui s'enchainent sans la moindre logique, humour au ras des pâquerettes...

Krull - 1983 - Peter YATES

Réalisé par Peter YATES
Titre original: Krull

Dans un monde d'heroic-fantasy, une belle princesse promise à un prince est enlevée par la Bête, entité maléfique. Son tendre et cher va partir à sa rescousse en affrontant milles dangers.

Le concept du Voyage du héros a été théorisé par Joseph CAMPBELL, un universitaire américain. Selon cette théorie, la plupart des histoires suivent une structure similaire avec uniquement quelques subtilités. Je vous invite à vous reporter à la page Wikipédia qui explique le mythe mieux que je ne saurai le faire. Georges LUCAS a reconnu s'être inspiré de cette idée pour écrire le premier Star Wars. Krull le fait également. Pour cette raison, on a l'impression que Peter YATES plagie Georges LUCAS alors que tous les deux ne font que plagier le même concept.

Le film en lui-même est raté: l'histoire n'est pas pire qu'une autre, mais les personnages sont beaucoup trop lisses pour qu'on s'y attache. De plus les acteurs ne sont pas très bons et le héros pas spécialement charismatique. Les effets spéciaux sont assez moches, surtout quand on compare à ce qui se faisait à l'époque. Ils ont évidemment vieilli, mais je pense qu'ils devaient être cheap dès la sortie du film. Quand à l'esthétique générale, c'est assez ridicule. Mais le plus gros problème de ce film, c'est qu'il est beaucoup trop long. Le séquences sont beaucoup trop étirées, des sous-histoires viennent polluer un récit qui n'est pas spécialement palpitant. On s'emmerde franchement! Ce film semble disposer d'une petite côte de popularité auprès des fans de cinéma bis, mais j'ai du mal à comprendre pourquoi.

Bref, c'est un échec cinématographique.

vendredi 24 avril 2015

L'Aube Rouge - John MILIUS - 1984 / Dan BRADLEY - 2012

L'Aube Rouge - 1984
Réalisé par John MILIUS
Titre original: Red Dawn

Le film raconte l'invasion des États-Unis d’Amérique par les armées cubaines et soviétiques. Dans une petite ville au milieu des montagnes, un groupe de jeunes américains va prendre les armes face à l'occupant.
Avec ce genre de pitch, on pense que le film va partir sur une mauvaise copie de Rambo II où la bêtise patriotique et la violence gratuite vont s'étaler en grand. Sauf que derrière la caméra, il n'y a pas un vulgaire tâcheron, mais John MILIUS, le réalisateur de Conan Le Barbare. D'une situation qui pouvait donner un film extrêmement caricatural, MILIUS en fait une très intelligente réflexion sur l'engagement personnel et la guerre.

Les héros nous apparaissent d'abord comme de bons américains qui ne font que se défendent. Ils se surnomment Wolverines, du nom de l'équipe locale de football. On prend parti pour eux face à un ennemi brutal et inhumain. Puis les choses deviennent moins évidentes. Ces braves garçons en viennent à commettre des atrocités. L'officier cubain qui a la charge de traquer les Wolverines en vient à douter de sa mission: il se rappelle que lui aussi a été un guérillero et prend peu à peu conscience de l'absurdité de la situation.

La grande intelligence de MILIUS est de montrer que la guerre n'est jamais une lutte entre le bien et la mal, mais l'affrontement entre deux forces qui ont chacune leurs raisons et leurs intérêts. La mise en scène est excellente: la scène de l'attaque de l'école par les parachutistes est un modèle de montée en tension. Quand à la musique de Basil POLEDOURIS, elle souligne parfaitement ce qui se passe à l'écran et participe grandement à la réussite du film.

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L'Aube Rouge - 2012
Réalisé par Don BRADLEY
Titre original: Red Dawn

Ce remake reprend la même trame que l'original. L'envahisseur étant ici la Corée du Nord et non plus l'URSS. A l'origine, le Chine devait être le rogue state, mais pour des raisons commerciales, les producteurs ont décidé qu'il devrait s'agir d'un pays ayant un plus faible potentiel commercial.

Passons sur le fait que le pitch, déjà pas très crédible à la base, devient presque grotesque si l'envahisseur est la Corée du Nord. Que les États-Unis connaissent une perte de pouvoir militaire et une régression économique, cela reste du domaine du crédible. Que cela permettent à la Corée du Nord de les envahir, c'est moins acceptable. Mais ce n'est pas le principal problème du film.

L'original est un film intelligent qui refuse totalement le manichéisme. Le remake est malheureusement beaucoup moins subtil.

Il y avait pourtant matière à faire quelque chose d'acceptable: le chef des Wolverines est un marine revenu d'Irak. Ce qui permet d'abord de justifier que les jeunes héros aient la connaissance militaire dans la guerre d'embuscade pour tenir en échec un armée professionnelle (sur ce point, il faut reconnaitre que l'original n'était pas très crédible). Mais cela montre également un héros qui, de soldat d'une armée d'occupation, devient un insurgé. De même certaines répliques au début tendent à souligner le fait que la Corée du Nord ne fait qu'appliquer la même méthode que les États-Unis ont mis en œuvre en Irak. Adopter ce point de vue aurait permis au film de se démarquer de son modèle et d'offrir une critique intéressante. Malheureusement, les auteurs ne s'y tiennent pas et préfèrent verser dans la caricature. Si le film est correct techniquement et assez spectaculaire,l'écriture des personnages est trop binaire: l'officier nord-coréen est une caricature de tortionnaire et à aucun moment les Wolverines ne réfléchissent aux conséquences de leurs actes. Le seul élément à sauver est une punchline du héros: Les Marines ne meurent pas, ils vont en enfer et se regroupent.









samedi 18 avril 2015

Mr. Death : Grandeur et décadence de Fred A. Leuchter Jr. - 1999 - Errol MORRIS

Réalisé par Errol MORRIS
Titre original: Mr. Death: The Rise and Fall of Fred A. Leuchter, Jr.

Un documentaire que j'ai vu il y a déjà quelques mois. Je me fixe comme règle d'écrire sur des films que j'ai vu récemment, mais celui-ci est assez particulier.
La première demi-heure suffirait à elle seule d'en faire un objet bien intriguant: le métier de Mr. LEUCHTER consiste à concevoir des systèmes d'exécution pour les prisons américaines (chaises électriques, potences, etc...). On nous présente quelqu'un qui, malgré le côté sordide de son métier, semble doté d'une grande conscience professionnelle et d'un amour du travail bien fait. On ne va pas dire que le monsieur apparaisse sympathique, mais les Etats-Unis d'Amérique regorgent de freaks en tout genre auxquels on consacre des heures de pellicule et celui-ci a l'air haut en couleurs.

Passé ce premier acte, le réalisateur traite enfin du sujet de son film: en 1988, Fred LEUCHTER fut appelé comme témoin pour la défense pour le procès d'un écrivain négationniste canadien, Ernst ZUNDEL. LEUCHTER, après avoir visité le camp d’Auschwitz, rédigea un rapport censé démontrer l’impossibilité de l'existence des chambres à gaz. Les thèses avancées furent aisément démolies par l'accusation, Fred LEUCHTER fut discrédité, perdit sa femme et ses clients refusèrent de travailler avec lui.
La première chose qui surprend en regardant ce film, c'est le ton très libre laissé de LEUCHTER. Ce type parle pendant des heures, explique clairement son parcours et montre indirectement ce qu'est la banalité du mal, un concept connu de tous mais au final assez flou. Les intentions du réalisateur sont sans ambiguïtés: le montage alterne les séquences où LEUCHTER explique sa théorie et ses méthodes, avec d'autres scènes où des historiens et des scientifiques démontrent les erreurs flagrantes de méthodologie et de rigueur scientifique.Cependant, il lui laisse une grande liberté de parole, chose qui ne serait certainement pas possible en Europe.

L'autre aspect intéressant du film est qu'il explique comment quelqu'un d'assez banal et sans histoire peut devenir un ordure intégrale. LEUCHTER fut rémunéré par Ernst ZUNDEL pour sa défense, on lui offrit de l'argent, la possibilité de voyager et une certaine forme de considération intellectuelle. Ses "compétences" scientifiques devaient prouver que les camps d'extermination n'étaient qu'une fable. Après le procès, LEUCHTER aurait pu reconnaitre qu'il s'était trompé, mais a préféré s’entêter et a donné des conférences dans les cercles négationnistes. Si son antisémitisme n'est pas explicité dans le film, il est clair que LEUCHTER souffre d'un gros manque de recul sur lui-même, ce qui l'a mené à une forme de déchéance sociale.

Le film est difficilement trouvable en DVD en France, certainement qu'aucun éditeur n'a voulu risquer d'éventuelles poursuites judiciaires. Je le conseille grandement car il ne ressemble pas à grand chose d'autre, tant par son sujet que par sa mise en scène.

samedi 11 avril 2015

La saga Mad Max

D'ici quelques semaines, un nouvel opus sur le Guerrier de la route va sortir, l'occasion pour moi de me replonger dans cette saga post-apocalyptique.


Mad Max - 1979
Réalisé par Georges MILLER

Dans ce premier volet, Max va affronter une bande de voyous qui vont s'attaquer à son meilleur ami, sa femme et son enfant. Fou de rage, il va les poursuivre et les massacrer un à un...
Quand on parle de l'univers des films Mad Max, on pense surtout au deuxième opus qui évoque des paysages dévastés après l'explosion de la bombe H, des hordes de pillards massacrant les pauvres égarés pour quelques gouttes de pétrole. Dans ce premier film, l'humanité n'en est pas encore là. La civilisation a reculé, mais il en reste encore pas mal de choses: la justice existe encore de même que la police (même si les membres de cette dernière ne sont pas fondamentalement différents des gangs qu'ils poursuivent). Le système fait face à une criminalité violente qu'il n'arrive pas à endiguer, mais la vie ne semble pas si terrible que ça: Max possède une petite maison et vit avec femme et enfant. La plupart des gens que l'on voit mènent une vie assez banale.

Ce premier opus est avant tout un drame psychologique: l'histoire est celle d'un homme qui voit tout son univers s'effondrer et qui perd tout ce à quoi il tient. Par certains aspects, ce film n'est pas sans rappeler le premier Death Wish avec son héros qui perd les pédales et devient ce qu'il avait toujours essayé de combattre. Ce film a été censuré pendant plusieurs années en France et n'a pu sortir qu'en 1982. Si le film n'est pas réellement violent (on ne voit que quelques plans réellement sanglants) il correspond à une époque où on ne pouvait imaginer s'identifier à un personnage qui finit par se transformer en ce qu'il est censé combattre. Pendant la première heure du film, le public prend fait et cause pour Max, on découvre sa vie de famille, son boulot. Interprété par le charismatique Mel GIBSON, c'est l'exemple type du héros policier, rempart contre la racaille. Puis son combat contre les voyous finit par déborder et atteindre sa famille. Le spectateur est alors partagé entre l'envie légitime de mettre une bonne raclée aux bandits et la révulsion entre les méthodes utilisées.


"The Nightrider. 
Remember him when you look at the night sky."
Si GIBSON crève littéralement l'écran et livre une très bonne performance, cette nouvelle vision m'a permis de découvrir les acteurs du gang qui sont tous très bons. On croit réellement à cette troupe de bandits motorisés, ils ne sont jamais ridicules et représentent une vraie menace. A certains moments, j'ai pensé aux droogies de Clockwork Orange.

Je n'ai pas grand chose à reprocher à ce film, si ce n'est la musique: elle appuie beaucoup trop les effets dramatiques et devient parfois assez ridicule. Elle souligne d'une manière parfois peu subtile ce qui est évident à l'écran.

Sinon, regardez le film en V.O. Je ne suis pas un intégriste à ce sujet, mais la V.F laisse passer quelques erreurs.


Mad Max 2: Le Défi - 1982
Réalisé par Georges MILLER

Quand on voit le nombre de copies de Mad Max 2 qui sont d'affreux nanars, on se rend compte que Georges MILLER est un véritable auteur. Tous ces films-photocopies reprennent la même histoire, n'ont pas forcément moins de moyens, mais tous échouent.

Passons outre les problèmes de continuité de narration avec le précédent opus: il n'était vraisemblablement prévu de faire un second épisode et donc on passera outre ces aspects qui sont particulièrement visibles lorsque l'on regarde les films à la suite. D'ailleurs, si on est honnête, le personnage de Max ne connait aucune évolution psychologique, contrairement au premier opus et pas grand chose ne le rattache à l'histoire précédente, si ce n'est le prologue qui semble clairement avoir été rajouté pour donner un semblant de liant.

Si le premier opus était avant tout un drame psychologique, celui-ci est tout autre: place à l'action débridée, aux costumes délirants (ceux du premier étaient assez sobres et réalistes), aux cascades improbables, à l'imagerie crypto-gay.

Mad Max 2 est un western où les chevaux ont été remplacées par des voiture tunées. Où le chef des vilains, au lieu d'être un mexicain avec un sombrero, est un colosse avec un short en cuir et un masque de hockey. Où on ne se bat pas pour des terres et des vaches mais pour du pétrole. Où a caravane de colons repart lorsque les indiens ont pillé la ville.
Mad Max 2, c'est un film 100% action, presque un comics. Le ton est beaucoup plus fun et léger que précédemment, on sent que le réalisateur a pris son pied à filmer ce héros solitaire, cette raffinerie avec ses habitants et la horde de vandales.


Mad Max 3: Au-delà du dôme du tonnerre - 1985
Réalisé par Georges MILLER

Un film que je n'avais jamais vu, contrairement aux deux épisodes précédents. Un film extrêmement décrié, certes en-dessous de ce qui a été fait avant, mais qui n'est pas non plus totalement mauvais.
Parlons tout de suite de ce qui ne va pas: Tina TURNER. Ce n'est pas son jeu d'actrice qui pose réellement problème mais surtout que par rapport aux deux bad guys que Max affrontait (Le Toecutter et Humungus) la comparaison est très cruelle. De même, l'esthétique fait parfois ridicule, notamment au niveau des costumes. Les deux premiers n'étaient jamais pris en défaut à ce sujet.
Pour la défense de Georges MILLER, le film a été coproduit avec un studio américain, alors que les précédents étaient 100% estampillés kangourou. De ce fait, le processus créatif a pu être bridé. De plus, MILLER sortait du tournage de La Quatrième Dimension où son collègue John LANDIS avait connu de graves problèmes (un accident d'hélicoptère tuant un acteur et deux enfants), situation qui n'aide pas réellement un réalisateur à travailler sereinement.
Que penser du film? Honnêtement, je n'ai pas détesté. J'ai trouvé l'histoire originale et intéressante: cette tribu d'enfants sauvages qui vit dans l'attente d'un sauveur est réussie. De même que l'idée de montrer qu'un début de retour à la civilisation engendrerait les mêmes dérives autoritaires, comme si l'Homme était incapable d'apprendre de ses leçons. Les cascades sont aussi réussies qu'avant et Mel GIBSON est toujours aussi impressionnant.
Je ne sais pas comment le tournage s'est déroulé, mais pour moi Mad Max 3 fait figure de film malade où tout semble avoir échapper au réalisateur qui semble avoir essayé de sauver ce qu'il a pu.