mardi 24 mai 2016

Justice Sauvage - 1991 - John FLYNN

Titre original: Out for Justice

A Brooklyn, un flic aux méthodes expéditives s'acharne à retrouver l'assassin d'un collègue et ami d'enfance.


Steven SEAGAL était à la sortie du film le nouvel espoir du cinéma d'action burné. Alors que sa carrière a depuis sombré dans le direct-to-DVD, il faut se souvenir qu'il a été un rival potentiel de SCHWARZENEGGER et STALLONE. D'un physique impressionnant, mais pas bodybuildé à l’extrême comme ses confrères. Son style de combats tranchait avec les standards des du cinéma d'art martiaux des années 70's: à base de clés de bras et d'emplafonnage de crânes,  le but n'était pas d'impressionner le spectateur avec des high-kicks bien placés, mais de lui faire comprendre que l'adversaire morflait sévère. Quelque part le style était précurseur de celui de Taken. Totalement impassible dans ses expressions faciales, la prestation de SEAGAL fait croire que la Montagne Autrichienne ou l’Étalon Italien sortent de l'Actor's Studio.

Justice Sauvage est un film comme on n'en fera plus. Les auteurs n'essaient pas de justifier  la violence par un quelconque traumatisme psychologique (la mort de son meilleur ami n'a pas l'air de tant l'affecter) ni de désamorcer l'ambiance par un second degré (les punchlines sont finalement assez rares). Le film va à l'essentiel: montrer des voyous se faire exploser brutalement par SEAGAL.

Je l'aime bien ce film. Certes, il manque cruellement d'humour mais son premier degré est assumé jusqu'au bout. De plus Justice Sauvage nous montre un Brooklyn sale et déglingué, loin de l'image bucolique des hipsters: le quartier est rempli de tapins, de toxicos ou d'immeubles en ruine. Pas un Starbucks ou un truck food en vue! John FLYNN a fait un excellent travail avec des combats superbement filmés qui mettent bien en valeur le style de SEAGAL. Le casting est parfait avec de bonnes tronches de mafiosos.

Que du bonheur...

lundi 23 mai 2016

Les Chevaliers du Zodiaque - La Légende du Sanctuaire - 2014 - Keichi SATO

La lutte entre les Chevaliers de Bronze d'Athéna et les Chevaliers d'Or, soit 73 épisodes de 22 minutes condensés en 1h30 de film.

Le projet était condamné dès le départ. Pour certains films, l'échec intervient au cours du processus créatif par de mauvais choix artistiques. Howard The Duck pouvait donner un bon résultat, même si le matériel de base était difficilement adaptable. Pour cette relecture de Saint Seiya, l'idée même de condenser en aussi peu de temps un arc narratif aussi dense que celui de la Bataille du Sanctuaire ne pouvait marcher. 

Le problème se voit dès les premières séquences: les différents personnages apparaissent à l'écran sans avoir été introduits, sans que l'on connaisse leurs enjeux. On ne sait rien de leur background ni pourquoi ils se battent. On peut reprocher beaucoup de choses à l'Anime: une critique récurrente est qu'il ne s'agissait que d'une suite de combats (ce qui n'est pas faux). Mais les personnalités et les motivations de chacun des héros étaient claires: Seiya se battait en espérant retrouver sa sœur, Hyoga avait un lien très fort avec sa mère... Pour cette adaptation, les personnalités des Chevaliers de Bronze sont totalement interchangeables, il n'y a aucun développement psychologique. De même, chaque adversaire avait sa propre histoire personnelle dans le manga ou l'Anime, mais pour le film ils apparaissent au gré des séquences sans que l'on apprenne quelque chose sur eux.

Le problème est aussi le public visé: soyons clair, les spectateurs potentiels sont majoritairement ceux qui ont découverts l'Anime des années 80. S'il s'agit de refaire ce qui a déjà été fait, ça n'a aucun intérêt. Je peux comprendre que certains producteurs aient envie de renouveler la franchise. De même, certains choix ne me dérangent pas. La réinterprétation du personnage de Death Mask est surprenante, mais cela a le mérite de l'originalité. Faire une nouvelle aventure indépendante aurait eu un sens, mais adapter une nouvelle fois l'histoire en enlevant le gras, le muscle et en ne laissant qu'un morceau d'os ne peut ni séduire les anciens spectateurs, ni intéresser de nouveaux.

mercredi 18 mai 2016

Howard ... Une nouvelle race de héros - 1986 - Willard HUYCK

Titre original: Howard The Duck

Howard est un canard humanoïde habitant d'une autre planète. Suite à un mystérieux phénomène, il se retrouve sur Terre.

Howard The Duck est un héros Marvel partageant le même univers que Spiderman ou les X-Men. Presque inconnu en France, ce personnage est essentiellement réputé pour l'adaptation cinématographique qui fut un échec critique et public monstrueux.

Ce film est une sorte d'objet étrange dans la galaxie hollywoodienne. Condamné dès le lancement du projet par un personnage principal dont il est impossible de faire la promotion, il est surprenant que personne ne se soit dit au sein du studio que l'équipe courrait à l'échec. Film pour enfant? Impossible vu les nombreuses références scatologiques et sexuelles. Film pour adolescent (les lecteurs de comics)? Difficile de s'identifier à ce canard qui agit parfois comme un véritable trou du cul.

Mais au-delà du matériel de base, Howard The Duck a de nombreux problèmes dans son traitement cinématographique. Tout d'abord le fait de réaliser le film en prise de vues réels pose de sérieux soucis: ce qu'on est prêt à accepter d'un film en animation, on ne l'est pas forcément d'un film traditionnel avec des acteurs. La distance et la relation entre le public et ce qu'il voit à l'écran n'est pas la même.Le costume d'Howard est assez réussi, mais ce n'est pas pour une raison pour que l'on accepte de croire à Lea THOMPSON discutant avec un palmipède en costard.

Un autre gros souci est la cohérence du film dans l'univers qu'il crée: au début de l'histoire, les protagonistes sont surpris, à juste titre, de voir un canard parlant habillé. Par la suite, la présence d'Howard semble beaucoup moins gêner et parait presque normale, sans que l'on ait réellement eu d'explications. Dans Qui veut la peau de Roger Rabitt?, dès le début il est admis que les toons et les humains cohabitent au sein du même univers. La règle est claire et nette. Pour Howard The Duck, la situation est toujours floue.

Le scénario a certainement été trop, ou pas assez, réécrit car il y a deux parties dans l'histoire qui cohabitent très mal: durant la première heure, on nous montre l'adaptation de Howard à ce nouveau monde qu'il découvre. Il est balayeur dans un bordel, provoque des bagarres dans des bars ou cherche du boulot.  Par la suite, il y a une histoire de Seigneurs Noirs de l'Espace qui veulent conquérir la Terre et d'expériences scientifiques ayant mal tournés. A partir de ce moment, on rentre vraiment dans une histoire de super-héros, mais cet aspect n'a absolument pas été préparé dans la première partie et débarque comme un cheveu sur la soupe. Le terme de super-héros est d'ailleurs à prendre avec des pincettes:  Howard n'a pas réellement de pouvoir, à l'exception de la maitrise d'un art martial appelé le Quack-Fu mais qui ne parait absolument pas spectaculaire à l'écran. Le problème est que Howard ne fait rien qu'un être humain ne pourrait faire.

Certes, cela parait facile de se moquer. De nos jours, lorsque la moindre information sort sur un film du Marvel Universe, les réactions sur Internet sont instantanées et permettent de prendre le pouls du public. Cela pose certains problèmes, mais peut permettre à un studio de corriger le tir s'il fait vraiment n'importe quoi. Le plus surprenant est que Howard The Duck ait été produit par les studios Universal et Lucas Studios dont la compétence n'est plus à démontrer. Le premier sortait Retour vers le futur l'année précédente. Quand à Georges LUCAS, on peut en penser ce qu'on veut, mais il a réussi à rendre crédible à l'écran l'univers de Star Wars, alors qu'il disposait de beaucoup moins de ressources financières. Peut-être pensait-il créer une nouvelle franchise avec moults produits dérivés.

Holly ROBINSON, avant 21 Jump Street

Qui parmi les producteurs/scénaristes/réalisateurs avait réellement lu le comics de base? Si le personnage de Howard avait dès le départ de gros problèmes d'adaptation, un meilleur travail d'écriture et de mise en scène aurait pu y pallier. Les choix créatifs (ou l'absence de choix) ont plombé le film. Le résultat aurait pu être une franche parodie qui s'assume ou un très bon film pour enfants, mais le ton n'est jamais clair, les enjeux mal posés et l'ensemble brouillon. Qu'un tel film ait pu sortir sur les écrans est assez mystérieux, mais en même temps réjouissant car montre que l'hyper-formatage que l'on reproche à Hollywood peut complètement dérailler.

lundi 16 mai 2016

The Guvnors - 2014 - Gabe TURNER

Dans les quartiers défavorisés de Londres, Mitch, un ancien chef de gang rangé des voitures doit redescendre dans la rue pour affronter Adam, un jeune chef de bande.

The Guvnors a tous les défauts d'un premier film, alors qu'il s'agit du troisième du réalisateur. On sent que ce dernier a voulu mettre beaucoup de choses et traiter de beaucoup de sujets, mais on final rien n'est consistant et abouti. 

Le principal problème de The Guvnors est que rien n'est clair dans les motivations des personnages. Adam, le jeune chef de bande veut rencontrer les anciens Guvnors et va jusqu'à tabasser leur ancien mentor, ce qui va déclencher les hostilités. Pourquoi est-il aussi fasciné par cette bande? Certes on lui a dit que les Guvnors étaient des vrais durs, mais on a du mal à croire qu'il va se lancer dans une guerre pour des motifs aussi futiles. Je suis prêt à accepter que les notions de territoire, de fierté et de respect soient très importantes pour lui, mais l'enchainement des situations n'est pas très crédible. Surtout que dans le même temps on le montre comme attentif à l'éducation de son petit frère: il a donc suffisamment de cervelle pour bien s’occuper de son cadet, mais pas assez pour se rendre compte qu'il est allé trop loin. On ne peut pas croire à ce personnage.

Du côté des Guvnors, ça n'est pas mieux. Mitch, l'ancien chef de bande, retombe un peu trop facilement dans la violence. Si le réalisateur avait montré qu'il n'avait jamais fait le deuil de son passé et qu'il était resté une brute au fond de lui, cela aurait pu donner de la consistance au personnage, mais cela n'est qu'esquissé et pas réellement traité. On est très loin de film comme The Firm ou Hooligans qui, même s'ils n'étaient pas sans défaut, arrivaient à parler intelligemment des bandes de rues: si la violence n'y était pas justifiée, on comprenait pourquoi elle avait lieu et ce qu'elle apportait aux protagonistes.

En terme de mise en scène et de script, c'est assez moyen. Les flash-backs ne sont pas très bien gérés et Gabe TURNER a une fâcheuse tendance à abuser du filtre bleu. L'écriture est faiblarde avec des retournements de situations assez grotesques. Le seul point positif est le casting composé de tronches ayant le rôle de l'emploi. C'est peu...

mercredi 11 mai 2016

Outsiders - 2016 - En cours

Dans un coin paumé du Kentucky, vit une communauté isolée de la civilisation: Les Farell refusent la modernité, ne savent pas lire et ne reconnaissent pas la valeur de l'argent. Une grande compagnie minière veut s'approprier la montagne où ils vivent pour les ressources naturelles.

Les Farell, les derniers américains...

Outsiders est une série 100% américaine. Les sujets abordés sont typiques de la mythologie fondatrice de ce pays. Se battre pour protéger sa terre, refuser de se faire dicter sa conduite par une autorité qu'on juge illégitime, il s'agit de thèmes classiques du western transposés à l'époque contemporaine. Il y a d'ailleurs une résonance avec différents évènements récents: qu'il s'agisse de l'occupation de bâtiments fédéraux par des miliciens en Oregon, ou du succès électoral de Donald TRUMP, il y a en filigrane cette question sur l'identité américaine. Les chevaux ont été remplacés par des quads ou des 4x4, les grandes compagnies minières font office de gros propriétaires terrains, mais il y a toujours un shériff, un héros solitaire et une communauté assiégée.

L'intelligence des auteurs a été d'utiliser un cadre de western sans le manichéisme habituel. Il n'y a pas réellement de bons et de méchants dans cette histoire, chaque camp a ses raisons et ses motifs d'agir. Les Farell ont certes le droit de vivre comme ils le souhaitent, mais ils font également preuve d'une intolérance envers tout ce qui vient de l’extérieur. Les citadins sont quand à eux usés par des années de chômage, ils voient dans la mine la possibilité de recommencer à vivre. Ils respectent les Farell, mais ne veulent plus vivre misérablement. Chacune des deux parties va d'ailleurs sombrer dans la violence avant même que l'autre camp n'attaque.

La série est globalement bien réalisée, les acteurs sont convaincants dans l'ensemble. L'atmosphère de la ville en décrépitude est bien rendue avec les drames personnels et ses personnages au bout du rouleau. Il y a quelques détails qui peuvent gêner dans la représentation des Farell, ils paraissent en trop bonne santé et vivent trop confortablement alors qu'ils refusent la moindre technologie: l'état de leur dentition trop blanche et éclatante n'est qu'un détail, mais n'est pas crédible si ces gens n'ont pas vu un dentiste depuis leur naissance. Au final, on s'attache plus aux citadins qu'aux montagnards: ces derniers sont avant tout des amish qui ne refusent pas de boire et de faire le coup de poing. Même si les personnages sont bien écrits et intéressants, j'ai du mal à réellement les apprécier. Le seul Farell pour qui j'aie réellement de l'affection, c'est le personnage d'Asa, qui a vécu dans la civilisation et aspire à revenir vers les siens qui les rejette: il s'agit d'un homme qui souffre réellement car il ne trouve pas sa place malgré ses efforts.

Une très bonne série qui aura livré une première saison très intéressante. Vivement la suite!

samedi 7 mai 2016

21 Jump Street - 1987 - 1991

Ne sont-ils pas mignons?
Une équipe composée de très jeunes policiers est chargée d'infiltrer les lycées afin de lutter contre les gangs et le trafic de drogue.

21 Jump Street est connu pour avoir lancé la carrière de Johnny DEPP. La série est typique des années 80 dans tous ses excès. Le problème qui saute immédiatement aux yeux est que les acteurs font beaucoup trop vieux pour incarner des lycéens mineurs ou tout juste majeurs. Si Johnny DEPP n'avait que 24 ans lors du début du tournage, il n'est pas crédible lorsqu'il doit incarner un gamin de 17 ans. Certes son charisme était déjà inattaquable, mais le personnage de Tom HANSON ne fonctionne pas une seule seconde. Mais il s'agit ici d'un défaut récurrent de la production hollywoodienne, qui n'est pas finalement très grave. Le gros problème de cette série, c'est avant tout son absence de recul sur son sujet. Typique des années Bush-Reagan, 21 Jump Street a un ton très moralisateur et manichéen: le trafic de drogue se résume à de méchants dealers caricaturaux, sans aucune esquisse d'analyse sociologique. On est très loin de The Wire qui , sans justifier la criminalité, essayait de comprendre les mécanismes l’engendrant. Le propos de la série est celui de la campagne anti-drogues de Nancy REAGAN: Just Say No, ce qui est un peu léger.

Nancy, épouse de Ronald REGAN
Une adaptation cinématographique est sortie il y a quelques temps, mais sur un tout autre registre. Les auteurs ont parfaitement compris la bêtise initiale du pitch et en ont fait une grosse comédie.

Pour être honnête, la série a quand même pas mal de qualités. La principale est son casting: si les acteurs font trop vieux, ils forment un groupe pour lequel on éprouve de l'empathie. Le changement de commissaire au début de première saison est d'ailleurs bienvenu: sur les premiers épisodes, le chef était interprété par Frederic FORREST qui interprétait un flic cool et sympa, guitariste à ses heures. Il a rapidement été remplacé par Steven WILLIAMS qui incarne une figure paternelle, autoritaire mais juste, ce qui contrebalance parfaitement la jeunesse des policiers. Si la crédibilité est plus que douteuse, on apprécie ces jeunes flics qui tranchent avec les durs à cuire habituels. Le contraste est frappant avec la saison 5: Johnny DEPP et Dustin NGUYEN ont quitté la série et de nouveaux personnages ont été introduits. Malheureusement l'alchimie ne prend plus réellement entre les acteurs.

Le cas particulier de la saison 4:

Si les histoires sont globalement invraisemblables et abracadabrantesques sur les trois premières saisons, la quatrième se distingue par des scénarios de qualité. Plusieurs nouveaux auteurs ont été recrutés dont certains travailleront par la suite sur X-Files, notamment Glen MORGAN et James WONG, et les frères Larry et Paul BARBER. Le scénariste John TRUBY, script doctor réputé et auteur de plusieurs livres sur les techniques d'écriture a également participé à plusieurs épisodes.

Sur cette saison, le ton a changé. Parfois comique avec de forts accents fantastiques (l'épisode Le Fantôme de Jump Street ressemble à une ébauche des futures aventures de MULDER et SCULLY) ou plus sérieuse mais avec une vraie réflexion (l'épisode A qui la faute? montre que le combat contre la drogue n'est pas si simple que l'on croit et peut avoir des conséquences dramatiques), la série est vraiment intéressante et audacieuse. Malheureusement, on ne retrouvera aucun de ces auteurs pour la cinquième et dernière saison qui retombera dans ses travers.

Glen MORGAN & James WONG



Si vous découvrez maintenant cette série, vous la trouverez idiote. Si vous l'avez vue lors de sa première diffusion et que vous la re-regardez entre deux épisodes de Game Of Thrones, vous la trouverez également débile mais la nostalgie jouera et vous fera avaler les cinq saisons sans problèmes.