mercredi 30 septembre 2015

Une affaire de femmes - 1988 - Claude CHABROL

Pendant la guerre, Marie, une jeune mère de famille se met à pratiquer des avortements, d'abord pour rendre service puis par gout pour l'argent. 

Lorsque que l'on parle de CHABROL, on pense immédiatement à la bourgeoisie de province comme étant son sujet de prédilection. Cependant, il s'agit plus du décor que du thème de ses films à proprement parler.

Dans Une affaire de femmes, CHABROL se penche sur le sort des prolétaires abandonnés à eux-mêmes durant la guerre. Marie, l'héroïne, vit misérablement avec ses deux enfants. Elle n'est pas heureuse avec son mari, prisonnier de guerre récemment libéré. Ce qu'elle voudrait Marie, c'est être chanteuse.

Il y a un côté Madame Bovary chez Marie. Les deux personnages mènent une existence qu'elles jugent médiocre. Chacune va avoir recours à des actes délictueux, voire criminels, pour sortir de leur condition. Elle est consciente que ce qu'elle fait est mal, mais elle ne voit pas d'autre solution. CHABROL ne juge pas Marie, il sait qu'elle a ses raisons et qu'elle n'est pas la pire personne de son époque.

C'est dur, c'est cruel et ça donne un film magnifique.

Meurtre au 43ième étage - 1978 - John CARPENTER

Titre original: Someone's Watching Me!

Une jeune femme emménage dans un building ultra-moderne de Los Angeles. Peu à peu, elle va se rendre compte que quelqu'un l'observe. 


Il s'agit d'un téléfilm diffusé sur NBC et non d'un film de cinéma. CARPENTER ne disposait certainement pas des moyens financiers et de la même liberté de ton que pour le grand écran, mais il a su s'approprier le sujet pour en faire un objet assez curieux, mais pas inintéressant. Plus qu'un film policier, il s'agit plutôt d'un version américaine du Giallo, ce genre italien très en vogue à l'époque: dans ce type de films le thème récurrent est une femme observée par un tueur dont on ignore l'identité. CARPENTER y mélange des sujets typiques des années 70 (les grand ensembles urbains, la technologie aliénante dans la vie quotidienne) à ses thèmes favoris (résister aux forces du mal alors que l'on est prisonnier d'un espace clos). Je ne sais pas entre Halloween ou de ce film, lequel a été tourné en premier, mais Someone's Watching Me! fait penser à une sorte de brouillon de la première apparition de Michael MYERS.

Après, tout est loin d'être parfait, et on sent que CARPENTER ne pouvait pas faire ce qu'il souhaitait. Tout reste assez sage et  on est loin des meilleures œuvres de BIG John. Cependant, Someone's Watching Me! est assez intéressant et mérite qu'on s'y attarde.

mercredi 16 septembre 2015

American Grindhouse - 2010 - Elijah DRENNER

L'histoire du cinéma d'exploitation américain des premiers films de Thomas EDISON jusqu'aux années 70.

Tout d'abord de quoi parle-t-on lorsque l'on parle de cinéma d'exploitation? Entre cinéma de genre, cinéma populaire, série B, les expressions sont parfois confuses. Ce documentaire propose une définition assez claire: le public veut quelque chose à l'écran (des monstres, du cul, de la drogue, des bikers...), un producteur va donc s'arranger pour le lui proposer afin de lui vendre des tickets.

Cette définition a notamment plusieurs mérites: tout d'abord elle n'a pas de préjugés sur la qualité de l’œuvre (American Grindhouse parle aussi bien de nanars que d'authentiques réussites artistiques). Ensuite elle rappelle indirectement que le film d'exploitation peut être tout autant issu d'un studio traditionnel (Universal, Columbia...) que du circuit des sociétés indépendantes, même le premier cas est moins fréquent. Enfin, elle souligne la différence avec un studio traditionnel qui vend surtout des stars et des noms sur l'affiche.

Kim MORGAN
American Grindhouse aborde le sujet d'une manière chronologique en faisant appel à différents intervenants réalisateurs (John LANDIS, Joe DANTE, William LUSTIG...) ou critiques/historiens du cinéma (notamment une certaine Kim MORGAN qui gagnerait à être connue). Le film est très classique dans son approche, ce qui a le mérite de rester très lisible et compréhensible pour le spectateur. Il commence avec Traffic In Souls (1913), une production Universal sur la traite des blanches et s'achève sur Les Dents de la Mer (1975) qui marque le début du blockbuster. L'une des grandes qualités de ce documentaire, c'est qu'il arrive à mettre les choses en perspective en expliquant l'influence d’évènements socio-économiques et le contexte de l'époque (notamment la lutte pour les droits civiques et la libération sexuelle).

On est en présence d'un documentaire qui enrichira votre To Watch List et fourmille d'anecdotes passionnantes.
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dimanche 6 septembre 2015

Raspoutine, le moine fou - 1966 - Don SHARP

Titre original: Rasputin, the Mad Monk

L'histoire de RASPOUTINE, pope défroqué qui gravit peu à peu les marches du pouvoir auprès de la famille du Tsar de Russie.

Christopher LEE pour incarner RASPOUTINE! Quelle excellente idée de casting! Qui mieux que lui pouvait incarner cet aventurier mystique devenu un mythe source de tant de fantasmes.

Un film avec un très bonne idée à la base, mais qui au final ne donne pas grand chose. La vision du personnage n'est pas très intéressante, il est représenté comme un ambitieux débarqué de sa campagne, très porté sur l'alcool et les femmes. Le problème de ce film, c'est qu'il traite de la personnalité de RASPOUTINE, alors que ce qui est intéressant, c'est la fascination et l'attraction qu'il exerce sur les autres.

En termes de réalisation, il n'y a rien d’extraordinaire. Il s'agit d'une reconstitution historique comme on les faisait dans les années 60. Il n'y a pas de recherche en terme de mise en scène. La seule scène un tant soit peu intéressante est l'agression au vitriol que subit le frère d'une victime de RASPOUTINE: durant ce passage, son visage et sa silhouette baigne dans l'obscurité ce qui en fait un être entre le divin et l'humain.

Un film très moyen qui serait passé aux oubliettes de l'histoire sans la présence de son acteur principal.  

Une fille... pour le diable - 1975 - Peter SYKES

Titre original: To the Devil a Daughter

Un prêtre excommunié a pris la tête d'une secte adepte de rituels occultes et de sacrifices de jeunes filles. 


Christopher LEE en gourou d'un culte satanique est un excellent choix de casting. Cet immense acteur avait prouvé dans The Wicker Man que son charisme et son talent en faisait un leader maléfique évident. Une fille ... pour le diable est dans la lignée des films d'horreur des années 70 comme La Malédiction ou Rosemary's Baby: l'histoire commence dans un cadre contemporain classique, puis vire peu à peu vers le gothique et le surnaturel.
La réalisation est très efficace: les plans sont très travaillés (débullage de la caméra, caméra shaky...) et aident à mettre en place un sentiment de malaise. Le montage est également réussi comme la scène d'accouchement qui alterne les plans de l'héroïne et de la femme enceinte. Les effets spéciaux sont, au final, assez peu présents mais bien utilisés: même s'ils apparaissent comme vieillots au spectateur contemporain, ils ne sont pas ridicules.

Le personnage de Christopher LEE est assez intéressant: il ne s'agit pas d'un simple adorateur de Satan, mais d'un ancien homme d’Église avec ses convictions. Il n'est pas représenté comme un dépravé, mais comme un homme avec ses propres convictions. Il croit à la Toute-puissance de l'Homme au lieu de celle de Dieu. Il y a peut-être une critique de certains dogmes libertaires à la mode à l'époque.

Un bon film qui joue avant tout sur une ambiance angoissante et non sur les jumpscares. Il peut ne pas plaire au spectateur contemporain, mais reste agréable.

mardi 1 septembre 2015

The Wild One - 1953 - László BENEDEK

Titre français: L’Équipée Sauvage

Un groupe de motards débarque dans une petite ville américaine. A leur tête, Johnny.

Sorti avant même le premier disque d'Elvis PRESLEY, The Wild One invente tous les mythes de la culture Rock: motos, blouson de cuir noir, rébellion, esprit de bande ... . Le plus grand atout de ce film est évidemment Marlon BRANDO: son charisme fait merveille dans le rôle du chef des bikers.

Mais le film est aussi beaucoup plus malin qu'il n'y parait dans la description de Johnny et des Black Rebels. Si ce derniers apparaissent comme sympathiques au premier abord, ils n'en restent pas moins des voyous capables de grandes violences: la scène où ils poursuivent la petite amie de Johnny n'est pas sans évoquer un viol collectif. De même, Marlon BRANDO n'incarne pas un héros réellement positif: on sent qu'il a eu un passé difficile dont on ne sait pas grand chose et qui le pousse à une vie de marginal. Mais sa révolte ne sert rien ni personne et semble avant tout dirigée contre lui-même. Ceci est d'ailleurs illustré par la fameuse réplique: 


Mildred: Hey, Johnny, what are you rebelling against? / Hé, Johnny, tu te rebelles contre quoi? 
Johnny: What've you got? / Tu proposes quoi?

Sa haine de la police va d'ailleurs  l'éloigner de celle qui l'aime. Au final, sa rébellion ne va le mener à rien.
Il reprendra la route comme un cow-boy, seul.

All the beetles missed you Johnny!
Mais le vrai rebelle, celui qui reste un pur blouson noir, c'est Lee MARVIN: son personnage de Chino est réellement autodestructeur et semble pouvoir exploser à tout moment. Si Johnny incarne quelque part des notions d'ordre et d'autorité comme les héros des westerns, Chino est l'authentique petite frappe en rupture avec la société.