Jeff NICHOLS est un réalisateur américain né en 1978 à Little Rock, Arkansas. État dont Bill CLINTON était le gouverneur à cette époque. Il est l'auteur de trois films.
Shotgun Stories - 2007:
Dans une petite ville de l’Arkansas, trois frères apprennent le décès de leur père. Ce dernier les a abandonnés et a fondé une nouvelle famille. Ils se rendent à l'enterrement et se heurtent à leurs demi-frères. Un série d'évènements dramatiques va en découler.
Un premier film réalisé avec des bouts de ficelles, mais très prometteur. Dès les premières minutes, on sent une atmosphère réellement lourde et pesante. Visuellement, le film impressionne avec un cadre en cinémascope qui permet de situer les personnages dans un univers triste et sans grandes perspectives. Le spectateur sent que la vie est dure pour les protagonistes, avec des difficultés de logement et d'emploi. Les acteurs sont tous très bons, Michael SHANNON en tête.
Mais surtout, ce qui est appréciable avec NICHOLS, c'est qu'il ne porte pas de jugement sur ses héros. Il filme cette classe ouvrière américaine avec respect: chaque clan, chaque personnage porte sur lui les stigmates de son passé et doit composer avec. Il n'y a pas de bons ou de méchants, juste des gens qui ont leurs raisons et leurs points de vue. Un tâcheron aurait fait de cette histoire un simple vigilante movie avec des rednecks grimaçants et caricaturaux. NICHOLS cherche lui à montrer ce qui arrive quand on cherche à se venger. Dernier point positif, la musique est très belle et est l’œuvre de LUCERO, un groupe de rock sudiste où joue le frère du réalisateur, Ben NICHOLS
Pas un chef-d’œuvre, mais un très bon premier film.
Take Shelter - 2011:
Curtis, jeune père de famille, est ouvrier dans une entreprise de construction. Des visions de tempête, de nuées d'oiseaux, d'agressions contre sa famille viennent peu à peu perturber son existence.
Qu'est ce qui arrive à Curtis? Est-il en train de devenir fou? Sa famille est-elle réellement menacée? Cette menace ne cache pas quelque chose de plus symbolique comme la crise économique qui menace l'existence de la middle class américaine? Ou bien s'agit-il d'une sorte de châtiment divin, certaines images faisant penser aux plaies d’Égypte?
Second film de Jeff NICHOLS, toujours avec Michael SHANNON. Take Shelter est très proche de Shotgun Stories que ce soit par les thèmes abordés ou la mise en scène. Deux les deux œuvres, on a une famille de la classe ouvrière américaine dont l'existence est menacée d'une manière ou d'une autre. D'ailleurs, comme dans Shotgun Stories, les actes du personnage de Michael SHANNON ne feront qu'aggraver la situation. Si le contexte socio-économique est moins présent ici, Jeff NICHOLS se permet de glisser quelques critiques contre le système de santé qui ne permet pas une bonne prise en charge pour les gens modestes: si Curtis avait pu bénéficier de soins psychiatriques, les choses se seraient certainement passées différemment pour lui.
Formellement, Take Shelter est aussi brillant que son prédécesseur: toujours les plans larges qui perdent les personnages au milieu du décor, toujours une très bonne utilisation de la musique. Et surtout, NICHOLS a l'intelligence de ne pas appuyer la situation si ce n'est pas nécessaire. La scène d'ouverture de la cave est très bien maitrisée, sans effets spectaculaires ou montage à la hache pour accroitre la tension. Il n'y a que ce qu'il faut.
La grande force de Take Shelter, c'est que ce film qui tient toutes ses promesses. A aucun moment, il ne se dégonfle comme une baudruche et vire au n'importe quoi. Jusqu'au dernier plan, d'ailleurs magnifique, la tension reste palpable.
Mud - 2013:
Deux adolescents, Ellis et Neckbone, rencontrent un homme échoué sur une île au milieu du Mississippi. Il s'appelle Mud et va demander de l'aide aux jeunes garçons pour rejoindre sa bien-aimée.
Toujours l'Arkansas, toujours une famille de la classe ouvrière menacée par la destruction. Par contre, ici Michael SHANNON n'a qu'un rôle assez secondaire. Jeff NICHOLS utilise ses figures et thèmes habituels pour aborder un nouveau sujet: la quête initiatique d'un adolescent. Le vrai héros du film, le personnage auquel on nous demande de s'identifier, ce n'est pas Mud, mais Ellis qui est à une étape importante de sa vie: ses parents sont en train de divorcer, il tombe amoureux d'un fille, il commence à comprendre les désillusions et les mensonges du monde des adultes auquel il devra pourtant se confronter.
Ce que j'ai beaucoup apprécié dans ce film, c'est que NICHOLS sait doser l'émotion de son film et évite le symbolisme lourd et peu subtil. Mud ne représente pas pour les adolescents une quelconque figure paternelle, je pense d'ailleurs que lui-même aurait besoin d'un père. Mud n'est, au fond, qu'un prétexte pour faire avancer l'histoire des ados et leur faire découvrir certaines choses. On est présence d'un film réellement émouvant, mais pas larmoyant.
J'ai retrouvé dans Mud tout ce que j'ai apprécié dans les deux précédents films de NICHOLS (le cinémascope, la musique parfaitement gérée, l'ambiance réaliste et respectueuse des personnages). Il y a aussi une qualité que je n'avais pas encore remarqué chez lui, c'est la qualité du casting et la direction d'acteurs: tous les interprètes sont extrêmement crédibles dans leurs rôles. Que ce soit dans la dégaine white trash ou l'accent à couper au couteau, à aucun moment je ne suis sorti du film.
Mais surtout, ce qui est appréciable avec NICHOLS, c'est qu'il ne porte pas de jugement sur ses héros. Il filme cette classe ouvrière américaine avec respect: chaque clan, chaque personnage porte sur lui les stigmates de son passé et doit composer avec. Il n'y a pas de bons ou de méchants, juste des gens qui ont leurs raisons et leurs points de vue. Un tâcheron aurait fait de cette histoire un simple vigilante movie avec des rednecks grimaçants et caricaturaux. NICHOLS cherche lui à montrer ce qui arrive quand on cherche à se venger. Dernier point positif, la musique est très belle et est l’œuvre de LUCERO, un groupe de rock sudiste où joue le frère du réalisateur, Ben NICHOLS
Pas un chef-d’œuvre, mais un très bon premier film.
Take Shelter - 2011:
Curtis, jeune père de famille, est ouvrier dans une entreprise de construction. Des visions de tempête, de nuées d'oiseaux, d'agressions contre sa famille viennent peu à peu perturber son existence.
Qu'est ce qui arrive à Curtis? Est-il en train de devenir fou? Sa famille est-elle réellement menacée? Cette menace ne cache pas quelque chose de plus symbolique comme la crise économique qui menace l'existence de la middle class américaine? Ou bien s'agit-il d'une sorte de châtiment divin, certaines images faisant penser aux plaies d’Égypte?
Second film de Jeff NICHOLS, toujours avec Michael SHANNON. Take Shelter est très proche de Shotgun Stories que ce soit par les thèmes abordés ou la mise en scène. Deux les deux œuvres, on a une famille de la classe ouvrière américaine dont l'existence est menacée d'une manière ou d'une autre. D'ailleurs, comme dans Shotgun Stories, les actes du personnage de Michael SHANNON ne feront qu'aggraver la situation. Si le contexte socio-économique est moins présent ici, Jeff NICHOLS se permet de glisser quelques critiques contre le système de santé qui ne permet pas une bonne prise en charge pour les gens modestes: si Curtis avait pu bénéficier de soins psychiatriques, les choses se seraient certainement passées différemment pour lui.
Formellement, Take Shelter est aussi brillant que son prédécesseur: toujours les plans larges qui perdent les personnages au milieu du décor, toujours une très bonne utilisation de la musique. Et surtout, NICHOLS a l'intelligence de ne pas appuyer la situation si ce n'est pas nécessaire. La scène d'ouverture de la cave est très bien maitrisée, sans effets spectaculaires ou montage à la hache pour accroitre la tension. Il n'y a que ce qu'il faut.
La grande force de Take Shelter, c'est que ce film qui tient toutes ses promesses. A aucun moment, il ne se dégonfle comme une baudruche et vire au n'importe quoi. Jusqu'au dernier plan, d'ailleurs magnifique, la tension reste palpable.
Mud - 2013:
Deux adolescents, Ellis et Neckbone, rencontrent un homme échoué sur une île au milieu du Mississippi. Il s'appelle Mud et va demander de l'aide aux jeunes garçons pour rejoindre sa bien-aimée.
Toujours l'Arkansas, toujours une famille de la classe ouvrière menacée par la destruction. Par contre, ici Michael SHANNON n'a qu'un rôle assez secondaire. Jeff NICHOLS utilise ses figures et thèmes habituels pour aborder un nouveau sujet: la quête initiatique d'un adolescent. Le vrai héros du film, le personnage auquel on nous demande de s'identifier, ce n'est pas Mud, mais Ellis qui est à une étape importante de sa vie: ses parents sont en train de divorcer, il tombe amoureux d'un fille, il commence à comprendre les désillusions et les mensonges du monde des adultes auquel il devra pourtant se confronter.
Ce que j'ai beaucoup apprécié dans ce film, c'est que NICHOLS sait doser l'émotion de son film et évite le symbolisme lourd et peu subtil. Mud ne représente pas pour les adolescents une quelconque figure paternelle, je pense d'ailleurs que lui-même aurait besoin d'un père. Mud n'est, au fond, qu'un prétexte pour faire avancer l'histoire des ados et leur faire découvrir certaines choses. On est présence d'un film réellement émouvant, mais pas larmoyant.
J'ai retrouvé dans Mud tout ce que j'ai apprécié dans les deux précédents films de NICHOLS (le cinémascope, la musique parfaitement gérée, l'ambiance réaliste et respectueuse des personnages). Il y a aussi une qualité que je n'avais pas encore remarqué chez lui, c'est la qualité du casting et la direction d'acteurs: tous les interprètes sont extrêmement crédibles dans leurs rôles. Que ce soit dans la dégaine white trash ou l'accent à couper au couteau, à aucun moment je ne suis sorti du film.
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