dimanche 2 avril 2017

Le Gang des Antillais - 2016 - Jean-Claude BARNY

Dans la France des années 70, quand le président s'appelait GISCARD... Jimmy, jeune martiniquais venu en Métropole grâce au BUMIDOM, connait de grandes difficultés à s'insérer socialement. Avec d'autres antillais, il va former un gang de braqueurs.

Le BUMIDOM est un organisme d'état créé en 1963 et qui disparut au début des années 80. Il fut chargé de faire venir des antillais et des réunionnais en Métropole afin de leur fournir une formation et un emploi. A l'époque, la situation en outre-mer était particulièrement difficile: surpopulation, manque de croissance économique, fort taux de chômage... Le BUMIDOM devait en partie régler ces problèmes. La France connaissait une forte croissance économique et avait besoin de bras pour faire tourner la machine industrielle. Les antillo-réunionais occupèrent des postes faiblement qualifiés qui s'avérèrent très différents de ce qui leur avait été promis. En plus des difficultés sociales, ils subirent le racisme des métropolitains. Même si la Martinique et la Guadeloupe sont françaises depuis cinq siècles, beaucoup d'autochtones ne se génèrent pas pour rappeler aux insulaires qu'ils n'étaient que des "sales nègres". Malgré la déception et le choc qu'ils éprouvèrent, il leur était impossible de rentrer chez eux car le prix du billet était beaucoup trop élevé. L'immigration est souvent vue comme un bloc homogène alors qu'elle a de multiples facettes. Le Gang des Antillais parle d'une histoire qui reste peu connue en Métropole alors qu'elle est un sujet brûlant en Outre-Mer.

La principale qualité du film est son casting: les acteurs qui composent le gang sont très charismatiques et convaincants. Eriq EBOUANEY est particulièrement impressionnant dans le rôle de Politik, le chef de bande qui pense mener un combat social à travers ses hold-ups. Le ton du Gang des Antillais oscille entre film de braquage et conscience de classe. Chacun des personnages a ses propres buts, notamment l'argent ou la lutte contre le colonialisme. Mais aucun d'entre eux n'apparait comme caricatural. Jimmy est un héros attachant, partagé entre l'amour qu'il porte à sa fille et son envie de belles sapes.

Cependant, si Le Gang des Antillais a un propos juste et intéressant, le film souffre d'un manque de moyens financiers qui se voit particulièrement à l'écran. La mise en scène, sans être honteuse, ressemble à celle d'un téléfilm. Le réalisateur fait avec ce qu'il a, le résultat est honorable mais les fissures sont souvent visibles. Par ailleurs, certains dialogues sonnent parfois faux. De plus, le film s'inspirant d'un récit autobiographique, le personnage de Jimmy apparait parfois comme un peu trop sympathique. Malgré ces défauts, Le Gang des Antillais est intéressant à voir. Il aborde un sujet trop méconnu de ce côté de l'Atlantique et le traite intelligemment. On n'est pas en présence d'un grand film de gangster à la sauce blaxploitation, mais d'une œuvre sympathique qui se laisse voir avec plaisir.












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