dimanche 28 février 2016

Saut dans le vide - 1995 - Daniel CALPASORO

Titre original: Salto al vacío

L'itinéraire d'Alex, jeune délinquante au crâne rasé qui erre dans sa banlieue pourrie.

Une vision espagnole de la jeunesse perdue. Le film fait beaucoup penser à Pusher sorti à peu près au même moment, mais surtout à Made In Britain d'Alan CLARKE. Saut dans le vide partage avec ce dernier le même type de mis en scène: caméra à l'épaule ou steadycam, la caméra colle au personnage principal. Tourné uniquement en décors naturels, le réalisateur cherche à immerger le spectateur dans un monde glauque et sans espoir. Sur cet aspect, Saut dans le vide est réussi.

Le principal problème du film est son script qui ne fait pas avancer son héroïne. Elle monte plusieurs combines, dont certaines échouent et d'autres non, mais rien ne semble lui donner une progression psychologique. Cela peut être volontaire car l'auteur a voulu montrer que rien ne pourra sortir Alex de sa condition et que son avenir se limitera à des combines et à des coups minables, mais cela ne passe pas très bien à l'écran.

Quelques défauts, mais réussi dans l'ensemble.

mardi 23 février 2016

Body Rock - 1984 - Marcelo EPSTEIN

Le titre français!
Chilly est un jeune membre d'un crew de hip-hop. Repéré par un producteur, il va peu à peu laisser tomber ses anciens amis.

A chaque fois qu'une mode ou un mouvement de jeunesse émerge (le rock & and roll, le punk...), un producteur va essayer d'en tirer un film. Si cela peut donner des œuvres sympathiques (Saturday Night Fever par exemple) cet opportunisme artistique est généralement sanctionné par un crash tant critique que public.

Body Rock est un film qui tente de surfer sur la vague du mouvement hip-hop alors en pleine ébullition dans les ghettos new-yorkais. Le premier problème est le personnage principal ainsi que son interprète: Chilly est interprété par Lorenzo LAMAS qui connaitra la gloire quelques années dans la série TV Le Rebelle. Si dans son rôle de motard il était plutôt crédible, il ne l'est absolument en rappeur. Il ne sait pas danser, ni chanter, de ce fait on ne comprend quel talent on lui trouve et pourquoi on cherche à l'embaucher. Toute l'histoire tombe à plat car les actions et motivations des protagonistes ne paraissent pas justifiées.
Une crédibilité toute relative...

L'autre gros problème du film est son esthétique années 80: tout en fluo et en bandanas, Body Rock exhibe les pires atrocités vestimentaires et visuelles de cette époque. A l'époque, ça ne devait pas être très beau à voir, mais avec le recul, c'est encore pire.

John J. B. WILSON, fondateur des Raspberry Awards considère ce film comme un des cents plus mauvais films drôles jamais fait. Est-ce vraiment un nanar de choix? Pas réellement, car même si le scénario est bancal, même si l'acteur ne convient pas du tout et même si l'esthétique est affreuse, Body Rock est assez sage et ne connait pas réellement d'excès dans le n'importe quoi. Lorenzo LAMAS est une erreur de casting mais est finalement assez sobre dans son jeu. Les rebondissements et les situations sont prévisibles et ridicules mais ne sont pas risibles, juste ennuyeux.

Un aspect plutôt intéressant du film est son traitement des minorités: le héros est blanc ainsi que ses principaux copains. Les seuls personnages afro-américains que l'on voit sont des seconds rôles, des figurants ou des danseurs. Le hip-hop est à la base une culture née chez les noirs américains, mais pour le vendre au grand public, on le blanchit! Évidemment, cela achève de décrédibiliser l'ensemble.

Un très petit nanar pas folichon!

dimanche 21 février 2016

Phone Game - 2002 - Joel SCHUMACHER

Titre original: Phone Booth

Stuart est un jeune attaché de presse en vogue. Alors qu'il s'arrête à une cabine téléphonique pour appeler sa maitresse, il reçoit un étrange coup de fil.

Huis-clos à ciel ouvert, Phone Game a été réalisé par Joel SCHUMACHER après l'échec critique et commercial de Batman et Robin. Tourné avec un très petit budget, il s'agit d'une petite réussite dont le crédit est également à imputer à Larry COHEN, vieux routier de la série B, qui signe le script.

Ce film est assez dérangeant car il fait appel aux bas instincts du spectateur: le personnage de Stuart est présenté comme un insupportable connard arrogant. A partir du moment il se retrouve pris au piège du sniper, on est partagé entre la satisfaction de le voir s'en prendre dans la tronche et la peur de savoir qu'un sadique peut s'en prendre à n'importe qui sans raison. Outre l'efficace mise en scène de SCHUMACHER, l'excellente prestation de Colin FARRELL favorise l'immersion du spectateur: on déteste rapidement ce personnage, mais l'acteur arrive à nous communiquer son angoisse.

Un aspect intéressant du film est l’ambiguïté de la situation: pendant une bonne partie de l'histoire, on ne sait pas si Stuart est réellement victime d'un psychopathe ou s'il ne s'agit pas du produit de son imagination. A-t-il réellement quelqu'un au bout du fil?

Un bon film!





mardi 16 février 2016

The Visit - 2015 - M. Night SHYAMALAN

Deux enfants vont rendre visite à leurs grand-parents qu'ils n'ont jamais rencontrés. Des évènements étranges vont se dérouler.

Je ne connais pas trop la carrière de SHYAMALAN, je n'ai vu que quelques uns de ses films qui ne m'ont pas laissé un souvenir impérissable. Il a été une star au début des années 2000 notamment grâce à son méga-succès Sixième Sens et son twist. Depuis son étoile a pâli à cause de quelques échecs artistiques et commerciaux.

The Visit adopte la forme du found footage, ce genre où le film est constitué d'images prétendument trouvées ou filmées par les protagonistes. La première partie du film est réellement efficace: on ne sait si on regarde un film d'horreur, une comédie loufoque ou un drame. Le problème vient-il des grands-parents ou de leurs petits enfants? SHYAMALAN ne cesse d'égarer le spectateurs en semant des indices qui, s'ils paraissent éclairer le spectateur sur le déroulement de l'histoire, ne sont que des pièges. La forme du found footage est judicieuse: par définition, une image est trompeuse et ne reflète qu'un point de vue qui est forcément tronqué. Les deux adolescents sont en train de réaliser un film sur l'histoire familiale: ne sont-ils pas en train de monter en épingle quelques faits anodins ou se passe-t-il réellement quelque chose?

Durant le dernier tiers du film, le réalisateur choisit de sortir de cette ambiguïté: le film devient plus classique, non sans être efficace. Quelques éléments sont malvenus, comme le côté rappeur du petit frère qui n'apporte rien à l'histoire, mais dans l'ensemble le résultat est très sympathique.

Une bonne surprise!