jeudi 28 janvier 2016

Chute Libre - 1993 - Joel SCHUMACHER

Affiche québécoise
Titre original: Falling Down

Pris dans les bouchons du petit matin de Los Angeles, D-Fens, un automobiliste craque et décide de rentrer chez lui. Sur sa route, il va semer chaos et dévastation.

D-Fens, parfait anonyme perdu dans la foule, représente la figure ultime du film d'auto-défense. Le spectateur ne cesse d'être partagé entre l'identification à ce type qui ressemble à tout le monde et le dégout qu'inspire ses actes. Il est le fantasme que tout à chacun rêve d'être, celui qui envoie chier la Terre entière pour faire ce qu'il a envie. En même temps, il n'est jamais réellement montré comme un héros ou un modèle. Si ces actes nous apparaissent comme justes, sa personnalité lisse et trouble nous inspire la méfiance. Il finira par affronter les conséquences de ses actes et en paiera le prix. L'intelligence du film est de nous montrer qu'outrepasser les règles imposées par le contrat social est peut-être très séduisant, mais n'est pas sans dégâts.

Joël SCHUMACHER a parfaitement retranscrit dans sa vision de Los Angeles une ville sous pression, accablée par la chaleur et à deux doigts d'exploser. Comme Tony SCOTT, c'est un réalisateur plutôt sous-estimé. Michael DOUGLAS trouve ici un de ses plus grands rôles.

CHEF D’ŒUVRE!

mercredi 27 janvier 2016

Le Dernier Samaritain - 1991 - Tony SCOTT

Titre original: The Last Boy Scout

Un détective privé, ancien flic devenu alcoolique, et un ex-joueur de football devenu cocaïnomane unissent leurs forces pour enquêter sur la mort de la petite amie de ce dernier.

Un jour on réhabilitera Tony SCOTT et on reconnaitra son talent! On ne cesse de célébrer son frère Ridley (qui a pourtant de sacrés daubes sur son CV) mais on oublie Tony qui fut de ceux qui définirent le cinéma clinquant et burné des années 80 et 90.

Le Dernier Samaritain c'est l'exemple type du buddy movie comme on savait le faire à l'époque, comme l'avait défini 48h. Bruce WILLIS fait du Bruce WILLIS (c'est-à-dire du John MC LANE) avec un raté alcoolique en guise de héros mais toujours attachant. D'ailleurs, je ne cesse de voir en lui la suite du personnage de Clint EASTWOOD dans L’Épreuve de Force. Face à lui, Damon WAYANS en sidekick black, lui aussi très sympathique auquel on s'attache. Une des meilleurs idées du film, c'est de proposer deux losers en guise de héros, au lieu des deux habituels meilleurs flics de la ville que tout oppose.

Il faut être client de ce type de film représentatif de son époque. Tout est en punchlines mythiques, bourrinades et énormités. Le cinéma d'action US a bien changé depuis les 90's et ce film fait presque office de madeleine de Proust.

mardi 26 janvier 2016

Ghosts… of the Civil Dead - 1990 - John HILLCOAT

Dans une prison de haute sécurité, divers incidents vont peu à peu aboutir à de graves évènements.

Un film peu connu, par le réalisateur de La Route. Il n'est pas sans évoquer la série Oz avec sa tension palpable et son atmosphère glauque. La musique, composée par Nick CAVE qui joue également dans le film, est particulièrement angoissante.

Le problème c'est qu'aussi réussi que soit l'ambiance, ça ne suffit pas à faire un bon film. On ne s'attache que peu aux personnages, on en connait trop peu pour sur eux pour les trouver intéressants. Si les acteurs sont convaincants dans leurs rôles, on est très loin des figures charismatiques de la série de Tom FONTANA. La narration est chaotique: si les séquences sont bien réalisées, leur enchainement est assez bordélique. Le montage ne réussit pas à restituer le temps qui passe, et on a plus droit à une sucession de scènes choc qu'à une montée en tension.

Un film inégal, mais pas inintéressant.

lundi 18 janvier 2016

La Nuit des Juges - 1984 - Peter HYAMS

Titre original: The Star Chamber

Jeune juge idéaliste, Steven HARDIN est contraint de libérer plusieurs criminels à cause de points de procédures. Il rejoint alors un tribunal clandestin qui se charge de juger les meurtriers que la Justice n'a pu condamner.

L'idée d'un tribunal composé de juges écœurés par leur métier est un bon concept pour renouveler le film d'auto-défense. Plutôt qu'un gars de la classe moyenne qui prend les armes pour venger sa famille, on a ici un groupe de professionnels de la justice qui décident d'outrepasser les pouvoirs qui leurs ont été accordés. 

La première partie du film est excellente: Michael DOUGLAS est très convaincant dans son rôle de juge écœuré par les faiblesses du système. La réalisation de Peter HYAMS est efficace, notamment dans les scènes d'action qui restent impressionnantes même aujourd'hui. La tension commence à monter. Jusqu'où iront ces magistrats dans leur croisade?

Le problème, c'est qu'une fois que les choses se sont mis en place, le film ne fait plus rien d'intéressant: sans trop spoiler, on oublie totalement l'histoire de ces hommes qui se croient au-dessus de la loi qu'ils sont censés appliquer. L'histoire devient un simple polar, certes de qualité, mais qui ne se démarque pas des autres films policiers. Dommage!

dimanche 17 janvier 2016

Un moment d'égarement - 1977 - Claude BERRI / 2015 - Jean-François RICHET

Deux quadragénaires amis d'enfance partent en vacances avec leurs filles adolescentes. L'un d'eux va tomber sous les charmes de la fille de l'autre.
1977 - Réalisé par Claude BERRI

Claude BERRI était surnommé le Nabab du cinéma. Réalisateur, producteur et scénariste entre autres choses, il alliait un talent artistique à un sens des affaires. Un moment d'égarement est symptomatique de ces traits de caractère. Ce film est totalement marqué par son époque: les années 70 sont celles de la Révolution sexuelle, mais aussi celles de la loi sur le divorce par consentement mutuel (ce que beaucoup ont tendance a oublié). BERRI savait que son histoire était dans l'air du temps.

Après, que vaut le film en tant que tel? Il reste sympathique à voir et doit beaucoup à la présence de Jean-Pierre MARIELLE et Victor LANOUX. Pour le reste, ça n'a pas très bien vieilli et est même assez ennuyeux. En terme de mise en scène ou de scénario, le résultat est très décevant. Mais surtout les deux protagonistes sont plutôt antipathiques, voire des vrais connards: MARIELLE, après avoir couché une première fois avec la fille de son meilleur ami, éprouve légitimement des remords. Mais, il remet ça après avoir été relancé par la jeune fille. Si le spectateur peut comprendre ce premier moment d'égarement, le second est plus difficilement excusable. Quand à LANOUX, il ne pardonne pas à son meilleur ami, mais donne aussi l'impression d'avoir pas mal de choses à balayer devant sa porte: qu'il trompe sa femme, c'est son problème, mais il est moins en position de donner des leçons.

Si le film pouvait avoir à sa sortie un parfum de scandale et choquer le bourgeois giscardien, il n'en reste plus rien aujourd'hui.



2015 - Jean-François RICHET

RICHET est plus habitué à filmer des truands ou la banlieue française. Il est plutôt surprenant qu'on le trouve aux manettes d'un tel projet. A-t-il mieux fait que BERRI?

Trente-sept ans après, les vacances au bord de la mer ont bien changé: on n'écoute plus RTL en voiture mais RIHANNA à fond sur son lecteur MP3, la première chose que l'on cherche lorsque l'on arrive à destination c'est du réseau Wifi pour pouvoir poster des selfies sur Facebook.

Ce qu'on remarque immédiatement, c'est que les deux adolescentes sont devenues des vraies petites pestes qui n'en font qu'à leur tête, alors que les gamines des années 70 étaient assez effacées. Mais, c'est voulu de la part du réalisateur. Il a voulu leur donner des personnalités ainsi qu'un vrai rôle dans l'histoire, pas de simple faire-valoir. On ne voit pas uniquement la midlife crisis de deux vieux beaux, mais également le passage à l'age adulte de deux jeunes filles qui se voient, pour la première fois de leur vie, confrontées à leurs responsabilités et aux conséquences de leurs actes.

Si tout est loin d'être parfait, le film est beaucoup plus intéressant et est moins moralisateur que la version de 1977. Par rapport au modèle, la version 2015 a quelque chose à dire: les pères ne sont pas là pour jouer les copains comme le personnage de CASSEL, ni pour être des tyrans comme CLUZET, il faut qu'ils soient entre le deux. C'est simple à dire, mais c'est loin d'être évident à accomplir.

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Avant de me lancer dans le visionnage de ces deux films, je pensais adorer l'original et détester le remake. Au final, c'est l'inverse qui s'est produit, j'ai beaucoup plus apprécié la version de RICHET.