lundi 4 décembre 2017

Deprisa, deprisa! - 1981 - Carlos SAURA


Titre français: Vivre vite! (Le titre français est un contresens: Deprisa veut dire vite en espagnol, c'est ce que les jeunes braqueurs disent à leur victime.)

Pablo et Meca sont deux jeunes voleurs de voitures vivant dans la banlieue de Madrid au début des années 80. Pablo tombe amoureux d'Angela, une jeune serveuse. Avec l'aide de Sebas, ils vont monter des braquages plus audacieux.

Deprisa, deprisa! est une co-production franco-espagnole et est, d'après ce que je sais, le seul film du genre quinqui a avoir été distribué en France. Il a également remporté l'Ours d'Or au festival de Berlin. Au début de l'année 2017, il a été édité en DVD chez l'éditeur Tamasa.

C'est une version espagnole de Bonnie et Clyde: Pablo et Angela sont deux marginaux qui n'ont qu'eux-mêmes pour survivre. On ne sait pas grand chose d'eux, sur leur passé mais on devine qu'ils n'ont pas dû avoir la vie très facile, entre l'éducation à coup de ceinture et les passages en maison de correction. Le ton du film se veut assez réaliste, sans trop verser dans la teensploitation vulgaire et racoleuse ou les fulgurances poetico-pouet pouet dont est capable le cinéma français. Carlos SAURA a l'intelligence de ne pas légitimer les actes des ses protagonistes sans les accabler. Ce ne sont ni des victimes de l'oppression sociale, ni d'odieux truands, mais simplement des gamins qui essaient de survivre. Ils ne veulent pas être Tony MONTANA, ils ont des rêves simples, presque enfantins, mais ne pourront les concrétiser parce qu'ils font le choix de faire des conneries.

La direction d'acteur est assez remarquable: les acteurs, sans livrer des prestations exceptionnelles, sont plutôt bons, bien qu'aucun d'entre n'ait eu la moindre expérience de comédiens. Comme le veut le genre quinqui, il s'agit de jeunes délinquants ayant été recrutés par casting sauvage, donc ne doivent pas être les acteurs les plus faciles à diriger. Ils collent physiquement à leur personnage et n'ont pas des têtes de jeunes premiers qui sortent une école de comédiens.

Deprisa, deprisa! est un très bon film, qui avec beaucoup de justesse, montre une jeunesse espagnole qui passe à côté du train de la transition démocratique et des espoirs qu'elle a suscité (métaphore employée à plusieurs reprises dans le film). Il y a également cette ambiance trash et déglinguée de l'Espagne post-franquiste avec ses banlieues crades et ses barres d'immeubles pourries. L'excellente musique provient de tubes pop-rock hispanophones de l'époque. Bref, j'aime beaucoup!



Un juke-box, quelque-chose que l'on ne voit plus de nos jours.

 Pablo, interprété par José Antonio VALDELOMAR dont c'est l'unique rôle au cinéma. Mort à 34 d'une overdose d'héroïne.

Angela, interprétée par Berta SOCUELLAMOS dont c'est également l'unique rôle au cinéma.



 Sebas, également le seul rôle de l'acteur




Durant une scène, la petite bande visite un monument dédié aux victimes de la Guerre Civile. Il s'agit de statues religieuses ayant été saccagées par les Républicains. Dans l'Espagne post-franquiste, la scène a du faire réagir les spectateurs.

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