mercredi 30 mars 2016

Swimming With Sharks - 1995 - George HUANG

Guy, jeune diplômé d'une école de cinéma, vient d'être embauché pour être l'assistant de Buddy, un gros ponte d'un studio de cinéma à Hollywood. Cynique et brutal, ce dernier va martyriser et humilier son jeune employé. 

Produit pour moins d'un million de dollars, ce film avait fait grand bruit à l'époque avec cette peinture acerbe du système hollywoodien et ce personnage de patron de studio psychopathe. Au-delà du cas spécifique du cinéma, Swimming With Sharks a une portée assez universelle: dans beaucoup de milieux professionnels, vous rencontrerez des jeunes ambitieux un peu naïfs qui encaissent les coups en attendant d'avoir leur part du gâteau. Parce que le plus effrayant, ce n'est pas tant Buddy (excellemment interprété par Kevin SPACEY), mais la façon dont le personnage de Guy adopte les codes du milieu où il évolue. Rien ne l'empêche de partir, mais il choisit de rester parce qu'il espère en être un jour. Il est parfaitement conscient que Buddy est une ordure et ne lui obéit pas parce qu’il voit en lui une figure d'autorité, mais parce qu’il espère prendre sa place. Buddy ne fait jamais qu'obéir aux codes du milieu où il évolue, il sait qu'il faut en baver pour arriver là et qu'il ne faut pas hésiter à marcher sur les autres.Guy aurait le choix de partir, mais il décide de rester.

En terme de mise en scène, c'est pas fou-fou et même parfois assez moche, mais le budget limité l'explique. De toutes façons, Swimming With Sharks fait partie de ces films où l'important est le texte et les acteurs. Le gros problème, c'est la structure en flash-back qui tue un peu le suspens et n'est pas très bien utilisée. Un récit plus linéaire aurait été plus judicieux.

Excellent!

mardi 29 mars 2016

The Punisher - 1989 - Mark GOLDBLATT

Franck CASTLE, un policier, a vu sa famille massacrée par la mafia. Ivre de vengeance, il va mener sa vendetta.

Ce film constitue un des premières adaptation de l'univers Marvel sur grand écran. Je ne connais pas trop le personnage, n'étant pas réellement fan de Comics, mais les auteurs s'en tirent honorablement. Le point fort du film est son casting: Dolph LUNGDREN est excellent dans le rôle, sa stature, son charisme en font un vigilante détraqué et brutal. C'est d'ailleurs dommage, quand on voit sa filmographie, qu'un tel acteur n'ait jamais rencontré le metteur en scène qui aurait pu en faire une superstar comme John MILIUS ou James CAMERON ont fait d’Arnold SCHWARZENEGGER l’icône du cinéma d'action burné des années 80.

Le film tient globalement la route, le ton est très premier degré et ne s'autorise aucun humour, ce n'est pas le Tony STARK d'Iron Man. Le Punisher est montré ici comme un croisé contre le crime, maladif et obsédé par la justice. Si le spectateur comprend ses actes (il a vu sa famille mourir dans une voiture piégée), on voit également qu'il traine de sérieux problèmes psychiatriques et aurait besoin d'aide à ce niveau. Il y a quelques aspects qui rappellent qu'on est dans une adaptation de Comics (la Yakuza japonaise et sa fille muette), mais le film reste plutôt sombre.

La mise en scène est plutôt efficace avec ses longs travellings lors des scènes en Harley dans les égouts. L'assaut final est un peu gâché par quelques défauts et deux trois séquences qui manquent clairement de souffle, mais le résultat est honorable.

Lors de la sortie, un certain nombre de spectateurs auraient été mécontents car le Punisher n'a pas la fameuse tête de mort sur sa poitrine. C'est le genre de chose qui ne pourraient plus arriver aujourd'hui avec Internet et les réseaux sociaux: dès la première photo de tournage sortie dans la presse, l'absence de l'emblème déclencherait immédiatement un bad buzz sur la toile qui condamnerait le film à l’échec commercial.

Pas inoubliable, mais correct.

Dillinger - 1973 - John MILIUS

La vie de John DILLINGER, célèbre truand qui pilla de nombreuses durant la Grande Dépression des années 1930 dans le Midwest américain.

Ce film est produit par American International Pictures, célèbre compagnie qui commit principalement des films destinés au marché de l'exploitation (on en parle dans le documentaire American Grindhouse) et permit à certains grands réalisateurs de trouver un premier boulot (Martin SCORCESE, Brian DE PALMA...). On trouve donc ce qu'on attend de ce genre de films: des braquages, des fusillades et des courses poursuites. Cette première œuvre de John MILIUS (futur réalisateur de Conan Le Barbare) n'est pas inoubliable, mais est néanmoins très sympathique. On est encore loin des futurs chefs-d’œuvre qu'il signera, mais il accouche déjà un excellent petit polar de série B.

Une bonne partie de la réussite tient au casting composé de "tronches" et seconds couteaux du cinéma U.S des années 70 et 80 (Harry DEAN STANTON, Geoffrey LEWIS...). Les scènes de fusillades sont très rythmées (et extrêmement violentes). Si la mise en scène est assez impersonnelle, elle contient néanmoins quelques très beaux plans qui montrent que ce n'est pas un vulgaire tâcheron qui est aux manettes.

Pas le film du siècle, mais très sympathique.



mercredi 23 mars 2016

Blue Steel - 1989 - Kathryn BIGELOW

Lors d'un braquage d'épicerie, Megan, une jeune policière de New York abat un malfrat. Dans la confusion, l'arme de ce dernier est ramassée par un quidam qui va commencer à la traquer.

Kathryn BIGELOW filme souvent le même type de personnage: des gens qui ont besoin d'adrénaline. Des surfeurs de Point Break aux militaires de Démineurs, son cinéma est rempli de héros en quête perpétuelle du grand frisson. Blue Steel est de cette veine et met face-à-face deux protagonistes qui doivent gérer la pression: Megan, jeune engagée du NYPD et Eugene, un trader. Ce dernier va traquer la jeune policière, la harceler simplement parce que cela l’excite: la simple possession de l'arme va provoquer en lui des pulsions de violence. Par certains aspects, il n'est pas sans rappeler Travis  BICKLE (Taxi Driver) sauf qu'on a ici un personnage en apparence parfaitement intégré socialement (très bon job, bel appartement) mais qui se révèle un parfait sociopathe. De son côté, Megan gère comme elle peut la situation, mais on la sent prête à exploser face à ce fou furieux. La confrontation entre eux a une forte connotation sexuelle: Megan porte un uniforme de policière, métier très masculin, et à certains moments le revolver renvoie à un fort symbole phallique.

En terme de mis en scène, c'est plutôt pas mal: BIGELOW essaie de recréer l'ambiance sale et oppressante du New York de la crise économique. Le film se déroule principalement la nuit ou sous la pluie, ce qui n'est pas sans rajouter une pression supplémentaire à l'atmosphère.

Un très bon film!


lundi 21 mars 2016

Anniversaire du blog!

Le blog a un an et toutes ses dents!
 

Christine - 1983 - John CARPENTER

Arnie est un jeune adolescent timide et complexé. Un jour il trouve une vieille voiture, une Plymouth Fury 1957, qu'il achète et répare avec amour. Peu à peu, il change de caractère.

Je me rends qu'il s'agit du premier vrai film de John CARPENTER dont je parle sur ce blog alors que j'adore ce réalisateur. Christine est une œuvre plutôt mineure dans sa filmographie, il s'agit d'une commande de studio. Mais Big John ne s'est pas contenté du service minimum et a fait un excellent boulot.

Le jeune héros nous est d'abord présenté comme le souffre-douleur des gros durs de son lycée. Au contact de la voiture, il va devenir plus sur de lui, moins fragile, mais aussi plus inquiétant. Cette évolution du personnage est certainement ce qu'il y a de plus réussi et angoissant dans le film: on se prend d'abord de pitié pour lui, puis on commence à le craindre. C'est la différence avec un film comme Shining où l'on voit dès le début que Jack TORRANCE est un cinglé . Surtout que la fin est assez ambigüe en ce qui concerne les meurtres commis par Christine: Arnie était-il ou non au volant de la voiture lorsqu'elle écrasait les brutes qui le martyrisaient? Etait-il conscient de ce qu'il faisait?

En terme de mise en scène, il n'y a rien à reprocher: que ce soit l'emploi de la musique, l'utilisation du scope notamment lors de la poursuite du chef des loubards, John CARPENTER est à son zénith. Un CARPENTER mineur (à l'époque il a déjà pondu Halloween et New York 1997), mais quand même excellent.




samedi 19 mars 2016

Dark Clown - 2012 - Conor Mc MAHON

Titre original: Stitches

Lors d'un gouter d'anniversaire, un clown meurt par accident. Quelques années plus tard, il revient pour se venger.

J'ai acheté ce film à sa jaquette, sans trop savoir à quoi m'attendre. Au final, je ne suis pas déçu. On n'est pas en présence d'un chef-d’œuvre du cinéma d'épouvante, mais d'une petite série B très sympathique qui joue principalement sur le registre de l'humour noir. Le clown ressemble plus à Krusty un lendemain de cuite qu'à une vraie figure horrifique comme pouvait l'être Pennywise dans Ça. Dès le début on comprend qu'on est dans la grosse déconnade.

Pas grand chose à dire sur le film, c'est plutôt bien fait, les acteurs jouent correctement, la mise en scène tient la route, les scènes de meurtres sont assez inventives et spectaculaires.

Pas inoubliable, mais franchement sympathique.

lundi 14 mars 2016

Okolofutbola - 2013 - Anton BORMATOV

L'histoire de quatre hooligans moscovites. L'un d'eux est une taupe de la police, ce qui va mettre à mal leur amitié.

Le hooliganisme en Russie, et d'une manière générale dans les anciens régimes communistes, a une histoire assez différente de celle de leurs homologues ouest-européens. Dans ces pays où la liberté d'expression était assez limitée, le stade de foot était un des rares espaces de libertés où l'homme de la rue pouvait s'exprimer. De plus, les clubs étaient alors souvent affiliés à une organisation: l'armée, les coopératives agricoles ou les services secrets. Cela donne un background plutôt intéressant, mais qui ne sera malheureusement pas exploité.

Okolofutbola n'est pas très réussi. Tout d'abord, le casting est assez décevant: les acteurs font trop propres sur eux pour être crédibles en chef de bandes. Non pas qu'un leader de gang de rues doit forcément être un balafré avec un œil de verre et tatoué sur les trois-quarts du corps, mais il doit cependant apparaitre comme suffisamment charismatique pour pouvoir emmener une foule d'hommes énervés derrière lui. Ce n'est malheureusement pas le cas ici. La mise en scène est d'une qualité variable: si certaines scènes sont réussies (la première bagarre dans le métro) d'autres sont moins spectaculaires (l'affrontement entre les bandes dans le champ). D'une manière générale, le réalisateur n'arrive pas à créer une véritable atmosphère dans le film: on ne croit pas à cette bande de voyous et on ne ressent pas l'agressivité de l'univers dans lequel ils sont censés évoluer.

C'est dommage, car en terme d'écriture, il y a de bonnes choses: les personnages sont plutôt intéressants. Il s'agit de jeunes hommes dans la trentaine, intégrés socialement (l'un d'eux est enseignant, un autre mécanicien...). Ils se battent, mais à aucun moment ils ne sont capables d'expliquer pourquoi. De plus, l'histoire a l'intelligence de montrer que les codes qui régissent cette bande (loyauté, honneur, amitié...) sont relatifs et qu'il suffit d'un rien pour que l'on trahisse ses meilleurs amis.

Décevant, malgré de bonnes choses.

jeudi 10 mars 2016

Hooligans - 2005 - Lexi ALEXANDER


Titre original: Green Street

Matt BRUCKNER est renvoyé injustement de Harvard. Il se rend à Londres pour visiter sa sœur et rencontre Pete, le frère de son mari qui appartient au Green Street Elite, un club de supporters de West Ham United. Peu à peu fasciné par cette fraternité, Matt va intégrer ce groupe.

Il y a du bon, voire du très bon, mais aussi du moins bon.

J'avais déjà vu ce film il y a quelques années et j'ai été surpris de me rendre compte que Pete est incarné car Charlie HUNNAM qui joue également le chef des bikers dans Sons Of Anarchy. Je le trouve d'ailleurs bien plus crédible en petite frappe des bas-fonds londoniens qu'en biker californien. Avec sa démarche, son look et son phrasé, on sent qu'il est une vraie petite brute qui n'hésite pas à faire le coup de poing.  Le reste du casting est également excellent aussi bien dans les premiers que dans les seconds rôles. Globalement, la réalisatrice a fait un bon boulot, elle a bien su recrée bien un Londres ouvrier et populaire.

Il y a pas mal de clichés, tant sur les personnages que sur certains rebondissements, malheureusement je ne peux en parler sans spoiler. Mais certaines choses sont très bien vues et analysées: le plus intéressant est le personnage de Matt BRUCKNER, joué par Elijah WOOD. Il vient d'un milieu plutôt privilégié, a fait de bonnes études (même s'il s'en ait fait renvoyé) et n'est pas le prototype du hooligan tel qu'on l'entend. Habituellement, on image plutôt que la terreur des stades est un prolo incapable d'aligner deux mots sans faute, alors qu'on a ici un garçon plutôt propre sur lui et sympathique. La fascination pour la violence est quelque chose qui transcende les classes sociales, ce n'est pas exclusif aux milieux populaires. Certes le héros connait une période plutôt difficile de sa vie, mais cela était quelque chose qui était déjà en lui, la dernière scène montre qu'il a parfaitement assimilé cette culture qui ne demande qu'à resurgir. C'est plutôt bien vu et assez intéressant.

Après, d'autres choses ne vont pas: le plus gros problème est le traitement du personnage de Pete. Ce dernier est présentée d'une façon beaucoup trop positive: certes on ne fait pas l'impasse de sa violence, mais on n'oublie pas de montrer qu'il a un code d'honneur auxquel il croit et qu'il entend respecter jusqu'au bout. C'est d'ailleurs une des idées que le film veut faire passer: on parle de voyous qui se battent pour un résultat de match de foot, mais de voyous qui le font dans le respect de leurs lois et de leurs règles. Le problème de Hooligans, c'est un peu le même que celui de Sons Of Anarchy, les auteurs sont un peu trop fascinés par ce qu'ils montrent et semblent manquer de recul. Que le personnage de Matt soit fasciné par ce milieu, on peut le comprendre mais le spectateur, lui, ne doit pas l'être.


###

Le film a connu deux suites, assez dispensables, qui n'ont pas de véritable continuité scénaristique avec le premier opus. Je n'ai pas trop regardé qui en était les auteurs, mais il semble que le nom de la franchise ait simplement été rajouté pour être plus vendeur. Le deuxième volet est un film de prison qui sombre dans le ridicule total lors de la dernière demi-heure. A noter la présence de Vernon WELLS dans le rôle du directeur de la prison et Matthias HUES qui fait de la figuration (mais on le reconnait bien à sa carrure) et est scandaleusement sous-utilisé. Le troisième est un film de kick-boxing qui essaie de ranimer ce genre qui fit la gloire des vidéos-club du début des années 90. Il n'est pas honteux, mais pas réellement indispensable.


dimanche 6 mars 2016

The Firm - 1989 / Alan CLARKE - 2009 / Nick LOVE

The Firm - 1989 - Alan CLARKE

Agent immobilier, Clibe "Bexy" BISSEL est marié et a un enfant. Il mène une petite vie tranquille et est un vrai monsieur-tout-le-monde. Son seul signe particulier est qu'il est également le leader d'une bande de hooligans.

Alan CLARKE est un réalisateur anglais ayant principalement œuvré à la télévision, d'où un relatif anonymat et une très mauvaise distribution de ses films en France. The Firm n'est d'ailleurs pas un un film destiné au cinéma, mais un téléfilm de la BBC.

The Firm raconte l'histoire de Bexy dont le hobby est de se battre avec les bandes rivales de supporter. Il rêve cependant de les unifier avant le prochain championnat d'Europe lorsqu'il devra se rendre sur le continent et se battre contre les hooligans européens. Quelque part, The Firm est un prototype de Fight Club, les deux films racontent peu ou prou la même histoire: des jeunes hommes dans la trentaine, parfaitement intégrés socialement passent leur week-end à se battre pour se prouver à eux-mêmes et aux autres qu'il existent. Bexy s'image en leader national des hooligans, mais son rêve de gloire va peu à peu le détruire, lui sa famille et même son gang.

The Firm étant un téléfilm, le manque de moyens est assez criant, ce qui paradoxalement sert le film: peu d'acteurs et inconnus pour la plupart, des décors naturels, l'ensemble a un côté brut de décoffrage. Le ton est ultra-réaliste et n'a pas pris une ride. Gary OLDMAN, alors inconnu, est parfait dans son rôle de petite frappe qui rêve d'être un grand.

Philip DAVIS
Pour la petite anecdote, le chef du gang adverse, surnommé le Yeti, est interprété par Philip DAVIS qui est également réalisateur du très bon Hooligans (1995).










The Firm - 2009 - Nick LOVE

Dom est un jeune adolescent qui traine dans une banlieue ouvrière de Londres. Un jour, son chemin va croiser celui de Bexy, le chef d'une bande de hooligans.

La version 2009 de bonnes idées mais ne les exploitent pas correctement. Raconter la même histoire, mais d'un point de vue différent permet d'aborder de nouveaux thèmes: l'adolescence, la relation avec le père.... C'est plutôt intéressant et montre qu'un remake peut vraiment apporter quelque chose de nouveau simplement si on change de point de vue.

Le problème, c'est que le film ne va pas jusqu'au bout de sa logique et de ce qu'il s'est fixé comme objectif. Le spectateur est amené à s'identifier à Dom: c'est lui qui est nouveau dans la bande, en apprend les codes et la culture. Peu à peu, il va se rendre compte que Bexy, loin d'être un modèle paternel et viril, n'est qu'un immonde connard. Le problème, c'est que les scènes montrant le caractère stupide de Bexy ne sont pas montrées du point de vue de Dom, mais de celui du spectateur: il s'agit essentiellement de scènes qui copient la version The Firm de 1989, sans intégrer Dom. Certes, le spectateur voit que Bexy n'est qu'une ordure, mais c'est par les yeux de Dom qu'il devrait l'apprendre. Ce n'est pas anecdotique car cela pose un gros problème de cohérence: l'histoire que l'on raconte est celle de Dom, pas celle de Bexy.

En terme de mise en scène, il n'y a pas réellement de problème, à part la question du point de vue, mais le film souffre de deux gros écueils: tout d'abord les acteurs incarnant Bexy et le Yeti sont beaucoup moins charismatiques que dans la version originale, ce qui est embêtant quand on doit incarner un chef de bande craint et respecté. Ensuite, le budget est plus important ce qui permet d'avoir plus de figurants et pose paradoxalement un autre problème: Bexy est trop montré comme étant un leader régnant sur une véritable petite armée (alors que dans la version d'originale il n'a dans son gang qu'un dizaine de gars) ce qui lui donne une aura qu'il ne devrait pas avoir.

Certes, la version de 2009 n'est pas sans défauts, mais reste agréable. Par contre, si vous regardez le film en VO, vous devez impérativement avoir une licence d'anglais avec Cockney en option car l'accent et l'argot rendent le film parfois dur à comprendre.

samedi 5 mars 2016

A Mort l'Arbitre! - 1984 - Jean-Pierre MOCKY

Lors d'un match de foot du championnat, l'arbitre a sifflé un penalty qu'un groupe de supporteurs, les Jaunes et Noirs estiment injustes. Ces derniers vont le traquer.

Un des premiers (rares) films à parler du hooliganisme au cinéma et certainement un des meilleurs. MOCKY a parfaitement su expliquer la violence des supporters, sans l'excuser. Il démonte les mécanismes qui mènent un groupe de personnes à une explosion de violence. A part Dupont Lajoie de Yves BOISSET, peu de films ont su montrer avec un tel brio les effets de la bêtise collective. Frustrations sociales ou sexuelles, identification sans recul à un club,  sentiment d'impunité de l'effet de groupe... La charge peut sembler parfois un peu caricaturale, mais le sujet veut ceci: les actes que commettent les Jaunes sont totalement inexcusables, rien ne peut les justifier. On n'est pas ici dans un film d'auto-défense où la violence peut éventuellement être justifiée. le but d’À mort l'Arbitre! est de montrer comment, pour des enjeux dérisoires (en l’occurrence un pénalty injuste) des personnes en arrivent aux pires extrémités.
Claude BROSSET

Michel SERRAULT est grandiose dans son rôle comme il l'est à chaque fois qu'il jouer un salaud. A ses côtés, Claude BROSSET est également impressionnant et rivalise sans problèmes. BROSSET est un de ces seconds rôles  méconnu qui ont fait le sel d'une bonne partie du cinéma français. Face à eux, Eddy MITCHELL a l'air de se faire un peu chier et n'est pas très convaincant tout comme Carole LAURE. La mise en scène est parfois un peu à la ramasse et certaines séquences ne sont pas trop crédibles, mais l'ensemble tient largement la route.

Un très bon film, malgré quelques faiblesses!

mercredi 2 mars 2016

Les Bidasses en Folie - 1971 - Claude ZIDI

Les aventures d'un groupe de musicien qui cherche à échapper au service militaire.

En lisant l'excellente biographie consacrée aux Charlots sur le site Nanarland, j'ai appris que ce film avait fait 7 millions d'entrée à sa sortie. Évidemment, ce chiffre doit être relativisé car en quarante ans, l'industrie cinématographique et sa consommation par le public ont beaucoup changé. Mais cela reste impressionnant!

Les Bidasses en Folie souffre des habituels problèmes des films qui essaient de surfer sur la vedette à la mode: ils n'essaient pas de créer un univers cohérent autour de ses héros, ni même simplement de les présenter. On ne sait pas réellement qui sont ces musiciens, les relations entre eux ne sont que brièvement évoquées. Si on ne connait pas déjà les Charlots avant de regarder le film, on n'y comprend rien.
Jacques SEILER

Le film essaie d'avoir un humour absurde, qui n'est pas sans rappeler celui de Gaston LAGAFFE ou les Monty Python (en beaucoup moins réussi). Quelques gags font sourire, mais la plupart des effets tombent à plat. A l'exception de Jacques SEILER qui campe un sergent instructeur particulièrement réussi et dont la prestation est la meilleure du casting, il n'y a pas grand chose à sauver. Le problème n'est pas les Charlots en eux-même: ils ne sont pas très bons comédiens, mais leur groupe dégage une franche sympathie qui passe très bien à l'écran. L'ensemble a énormément vieilli: l'idéologie baba-cool et gentiment anti-militariste est trop marquée dans les années 70 pour être regardable de nos jours. De toutes façons, l'ensemble a été bâclé pour surfer sur un phénomène de mode.

Mais quelque part, le film n'est pas si désagréable que ça à voir, grâce à ses défauts: on peut le regarder comme un document d'époque sur la mode et les goûts d'alors. De même, on se rend compte que l'humour populaire de cette époque n'était pas forcément mieux que celui d'aujourd'hui.

Clairement pas indispensable, mais à regarder par curiosité.

mardi 1 mars 2016

Hooligans - 1995 - Philip DAVID

Titre original: Identity Document

Alex, un jeune policier ambitieux est chargé d'infiltrer un groupe de hooligans. Il va peu à peu devenir l'un d'eux.

Un film qui nous balade dans les bas-fonds de Londres au sein d'un groupe de supporters: pour eux, le vrai intérêt du football est de se bagarrer avec ceux d'en face pour se prouver qu'on existe. Le sport proprement dit, ils s'en moquent! D'ailleurs à aucun moment on ne voit les images d'un match. Le stade est juste une arène pour eux où ils se rendent pour en découdre.

Le film est réussi pour créer cette atmosphère de violence: le casting est un bon défilé de sales tronches dans un Londres prolétaire. La mise en scène est efficace, immersive et brutale sans être trop bêtement spectaculaire.

L'un des aspects les plus intéressants, c'est qu'on ne voit pas à quel moment Alex a perdu pied et a oublié qu'il était un policier. Il n'y a pas une scène choc qui nous fait comprendre qu'il a franchi la barrière: lorsque le spectateur comprend qu'il a oublié sa mission, il est en fait devenu un hooligan depuis longtemps.

Un bon film, malgré une séquence finale un peu ridicule.