mercredi 14 juin 2017

Bleu comme l'Enfer - 1986 - Yves BOISSET

Franck, policier aux méthodes expéditives, arrête Ned, un jeune truand. Ce dernier s'enfuit en emmenant avec lui la femme du représentant de l'ordre. Une course-poursuite impitoyable commence.

Les films policiers français des années 80 ont un style particulier. Décennie de la honte en ce qui concerne le bon goût, cette période aura détruit tout le savoir-faire cinématographique acquis des générations précédentes. Le policier en costard-cravate à la GABIN ou à la VENTURA n'existe plus, on l'a remplacé par un jeune chien fou en jean et blouson de cuir.  Cette volonté de faire moderne, branché et à l'Américaine a logiquement très mal vieilli. Il n'y a qu'à comparer les films des 70's avec ceux des 80's:  si le temps est une salope, il a été bien plus cruel avec les films sortis sous MITTERRAND que ceux sortis sous GISCARD. Le genre ne s'en relèvera pas pendant quinze ans.

Fin des eighties, début des nineties, les flics français ont disparus des écrans de cinémas pour squatter la petite lucarne. Pouvez-vous me citer un seul bon polar gaulois produit après 1990? Par contre, à la télé, on en aura bouffé du poulaga: Commissaire Moulin, Julie Lescaut, Navarro...

Bleu comme l'Enfer est assez représentatif de son époque et concentre pas mal de clichés. Adapté d'un roman de Philippe DJIAN qui était l'auteur à la mode (37,2 le matin était sorti la même année), il essaie de faire la synthèse de deux genres: tout d'abord celui du film policier à l'américaine avec une poursuite impitoyable où un seul s'en sortira, ensuite celui de l'étude de mœurs d'un couple en crise, typique du cinéma français. Ce mix s'avère plutôt infâme à l'arrivée. La poursuite entre le flic brutal et le jeune voyou n'occupe que les premiers et derniers quarts d'heure du film et sont loin d'être palpitants. Le reste du film n'est constitué que de sous-intrigues plus ou moins abouties qui ne font pas progresser le récit. Hitcher, sorti à peine deux mois plus tard et sans disposer de moyens plus significatifs, est autrement plus réussi. Quand à l'étude de mœurs, elle s'avère inintéressante: on ne croit pas à ces personnages plombés par une écriture et une interprétation approximatives.

Je n'ai pas lu le roman original, mais on sent qu'il a dû être transposé tel quel sur grand écran, sans que l'histoire et l'univers ait été adapté. Dans un article sur DJIAN, il expliquait qu'il inventait ses histoires au fur et à mesure de leur écriture, sans plan établi et sans savoir ce que deviendrait ses personnages. Ce côté décousu peut passer à l'écrit, mais est particulièrement visible à l'écran. Le film n'est pas désagréable à regarder, il est correctement réalisé et Tchéky KARYO est crédible dans son rôle de brute sadique. Il a surtout ce cachet 80's à base de saxophone qui le rend délicieusement ringard. Bleu comme l'Enfer a très mal passé l'épreuve du temps, ce qui paradoxalement le rend intéressant à regarder de nos jours.



Un des adjoints de Franck est joué par Phify qui interprétait un des tueurs de Brigade des Moeurs (Max PECAS)







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