lundi 11 décembre 2017

Revenge - 2017 - Coralie FARGEAT


Trois hommes dans la quarantaine, entrepreneurs aisés, partent en week-end de chasse. L'un d'entre eux a amené sa maitresse, une provocante jeune fille d'une vingtaine d'années. Les choses vont très vite déraper et la traque va commencer.

Comme son titre et son sujet l'indiquent, ce film est un mix de Rape and revenge et de survival. Revenge est une déclaration d'amour au genre et au cinéma d'exploitation. Que nous vend l'affiche et que voit-on à l'écran: une bombasse en petite tenue qui flingue des ordures à coup de fusil à pompe. Le film est une pure Série B comme le cinéma français n'en fait que trop peu. Malgré des moyens financiers certainement réduits, Revenge ne fait absolument pas cheap. La réalisation est efficace avec des effets gores très réussis. Les acteurs s'en sortent très bien, notamment Matilda LUTZ dont le personnage évolue de la petite bimbo à la justicière sanglante. En chef de la meute des ordures, Kevin JANSSENS est impressionnant dans un personnage particulièrement odieux.

Ce que j'apprécie beaucoup dans Revenge, c'est que le film est très premier degré, sans être réaliste. Il ne joue pas la carte du second degré et de la référence. Le souci que j'ai avec les films qui veulent rendre hommage à un genre, c'est la tendance qu'ont les réalisateurs à appuyer sur les références, ce qui a tendance à me sortir du film tant j'ai l'impression de regarder un reportage sur l'histoire du cinéma. Cela donne même parfois l'image d'un certain cynisme et d'un respect plus que limité pour le genre. Tandis que pour Revenge, Coralie FARGEAT ne cède pas à la tentation de la punchline inutilement badass ou du clin d’œil vulgaire, elle respecte son histoire et ses personnes. Il y a un paquet d'invraisemblances dans Revenge, par exemple la quantité de sang que perdent les protagonistes n'est pas possible d'un point de vue médical, de même l'héroïne est capable de parcourir des distances phénoménales  dans le désert et de distancer ses poursuivants motorisés alors qu'elle est pieds nus. Mais ces détails rappellent qu'on ne doit pas prendre le film au sérieux, on est dans un rape and revenge bourrin, pas chez Ken LOACH. Le spectateur est présent pour voir des têtes explosées au fusil de chasse à gros calibre, pas pour voir un metteur en scène réciter la liste des films qu'il a vu.

Revenge n'est pas est film féministe selon moi, sauf à considérer que l'emploi du fusil à canon scié est préférable à une action policière et judiciaire. Si on doit trouver un message politique à Revenge, il serait plutôt à chercher du côté des rapports de forces sociaux et de la lutte des classes: le film montre trois hommes aisés qui pensent que leur argent leur donnent tous les droits et qui n'hésitent pas à recourir à la violence. Habituellement dans les films de vigilantisme, ce sont plutôt les prolos ou les rednecks qui sont montrés comme nuisibles et exterminables. Paul KERSEY (le héros de Death Wish, figure iconique de la victime qui prend les armes) est un bourgeois dont la femme et la fille sont sauvagement par des jeunes loubards issus des quartiers défavorisés. Ce schéma que l'on retrouve dans la plupart des vigilante movie a donné un connotation fasciste au genre. A mon sens c'est ce qui a nui au genre, bien plus que la justice personnelle proprement dite. 

Revenge est l'exemple de ce que peut être le bon cinéma de genre à la française. Le sujet est traité intelligemment et avec respect. Ce n'est pas un chef-d’œuvre, cela ne révolutionne pas grand chose, mais c'est un très bon film. J'attends de voir les prochains films de la réalisatrice.

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