dimanche 17 janvier 2016

Un moment d'égarement - 1977 - Claude BERRI / 2015 - Jean-François RICHET

Deux quadragénaires amis d'enfance partent en vacances avec leurs filles adolescentes. L'un d'eux va tomber sous les charmes de la fille de l'autre.
1977 - Réalisé par Claude BERRI

Claude BERRI était surnommé le Nabab du cinéma. Réalisateur, producteur et scénariste entre autres choses, il alliait un talent artistique à un sens des affaires. Un moment d'égarement est symptomatique de ces traits de caractère. Ce film est totalement marqué par son époque: les années 70 sont celles de la Révolution sexuelle, mais aussi celles de la loi sur le divorce par consentement mutuel (ce que beaucoup ont tendance a oublié). BERRI savait que son histoire était dans l'air du temps.

Après, que vaut le film en tant que tel? Il reste sympathique à voir et doit beaucoup à la présence de Jean-Pierre MARIELLE et Victor LANOUX. Pour le reste, ça n'a pas très bien vieilli et est même assez ennuyeux. En terme de mise en scène ou de scénario, le résultat est très décevant. Mais surtout les deux protagonistes sont plutôt antipathiques, voire des vrais connards: MARIELLE, après avoir couché une première fois avec la fille de son meilleur ami, éprouve légitimement des remords. Mais, il remet ça après avoir été relancé par la jeune fille. Si le spectateur peut comprendre ce premier moment d'égarement, le second est plus difficilement excusable. Quand à LANOUX, il ne pardonne pas à son meilleur ami, mais donne aussi l'impression d'avoir pas mal de choses à balayer devant sa porte: qu'il trompe sa femme, c'est son problème, mais il est moins en position de donner des leçons.

Si le film pouvait avoir à sa sortie un parfum de scandale et choquer le bourgeois giscardien, il n'en reste plus rien aujourd'hui.



2015 - Jean-François RICHET

RICHET est plus habitué à filmer des truands ou la banlieue française. Il est plutôt surprenant qu'on le trouve aux manettes d'un tel projet. A-t-il mieux fait que BERRI?

Trente-sept ans après, les vacances au bord de la mer ont bien changé: on n'écoute plus RTL en voiture mais RIHANNA à fond sur son lecteur MP3, la première chose que l'on cherche lorsque l'on arrive à destination c'est du réseau Wifi pour pouvoir poster des selfies sur Facebook.

Ce qu'on remarque immédiatement, c'est que les deux adolescentes sont devenues des vraies petites pestes qui n'en font qu'à leur tête, alors que les gamines des années 70 étaient assez effacées. Mais, c'est voulu de la part du réalisateur. Il a voulu leur donner des personnalités ainsi qu'un vrai rôle dans l'histoire, pas de simple faire-valoir. On ne voit pas uniquement la midlife crisis de deux vieux beaux, mais également le passage à l'age adulte de deux jeunes filles qui se voient, pour la première fois de leur vie, confrontées à leurs responsabilités et aux conséquences de leurs actes.

Si tout est loin d'être parfait, le film est beaucoup plus intéressant et est moins moralisateur que la version de 1977. Par rapport au modèle, la version 2015 a quelque chose à dire: les pères ne sont pas là pour jouer les copains comme le personnage de CASSEL, ni pour être des tyrans comme CLUZET, il faut qu'ils soient entre le deux. C'est simple à dire, mais c'est loin d'être évident à accomplir.

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Avant de me lancer dans le visionnage de ces deux films, je pensais adorer l'original et détester le remake. Au final, c'est l'inverse qui s'est produit, j'ai beaucoup plus apprécié la version de RICHET.

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