samedi 8 octobre 2016

Killing Zoe - 1994 - Roger AVARY

Pas le nom du réal', mais celui du producteur!
Zed, un truand américain se rend à Paris pour retrouver un ami d'enfance. Avec la bande de ce dernier, ils vont braquer une banque. Leur route va croiser celle de Zoé, une prostituée.

Killing Zoe est sorti au même moment que Pulp Fiction et surfait sur la même vague d'humour et de violence. Du moins, c'est ainsi que le film a été vendu à l'époque. Le nom de TARANTINO est écrit en gros sur l'affiche, certains dialogues sur la pop culture laissent penser qu'il aurait peut-être participé à l'écriture, ou plus vraisemblablement que les auteurs se sont fortement inspiré de lui. Ce qui a du décevoir fortement les spectateurs, car Killing Zoe se veut plus brut de décoffrage, sans utilisation de l'ironie  et second degré pour désamorcer la violence.

Ce que j'ai apprécié, c'est que le film n'utilise pas le cliché de montrer la Tour Eiffel pour faire comprendre que l'action se déroule à Paris. De même, pour jouer des français, AVARY a fait appel à des acteurs français pour jouer des français qui parlent en français la plupart du temps. Donc Killing Zoe arrive à être crédible et cohérent sur ce aspect. Pour le reste...

Ce dont on se rend compte assez rapidement, c'est que le film n'a pas été tourné en France (ce que le générique confirme vu qu'aucun nom français n'apparait!) à l'exception de quelques plans sans les acteurs principaux. L'essentiel du film se déroule en intérieur (dans des décors souvent laids), les quelques scènes extérieures se déroulent dans des voitures aux vitre opaques. Ces pseudo-astuces ressemblent surtout à des caches-misères et s'avèrent extrêmement visibles. Que le réalisateur n'ait pu tourner à Paris, cela est excusable, mais il doit adapter son script à cette contrainte, et surtout ne pas insister toutes les cinq minutes que l'action se déroule en France.

Killing Zoe est assez mal filmé, surtout dans la scène d'action finale de l'assaut des forces de l'ordre: AVARY film uniquement les gangsters, mais ne montre pas le contre-champ des policiers qui pénètrent (cependant, il n'avait peut-être pas les moyens de les filmer). Le problème est que les truands semblent tirer n'importe où, mais pas sur la porte d'entrée: cela démontre une mauvaise gestion de l'espace et donne une impression de désordre. Tout est filmé en caméra à l'épaule, ce qui donne un très vilain contraste avec les affreux décors et la photographie est laide.

Le film est très bizarrement structuré: la première partie qui raconte les retrouvailles des deux amis ainsi que la nuit de débauche est beaucoup trop longue. Quand au braquage, il y a en fait assez peu d'action. Mais le souci vient du personnage de Zoé: elle n'apparait que cinq minutes au début du film, puis disparait pendant près d'une heure pour finalement un rôle peu conséquent. L'histoire donne l'impression d'être un rafistolage de scènes sans souci de la progression dramatique.

Mais le plus gros problème de Killing Zoe est que le ton provoc' et trashy a horriblement vieilli: même si le film a pu être considéré comme choquant à l'époque, on a vu depuis bien pire et bien mieux raconté. Malheureusement on ne retient pas grand chose d'autre du film que sa volonté de choquer: cela veut dire deux choses, soit Roger AVARY n'a rien d'autre à dire ou à raconter, soit il a échoué dans ce qu'il voulait faire. Provoquer ne suffit pas pour qu'un film soit intéressant et supporte le poids des ans: Les Valseuses a provoqué un gros scandale dans le France giscardienne. En le regardant je retiens surtout un trio d'acteurs en parfaite alchimie et une mise en scène d'une grande qualité. Pour Killing Zoe, il n'en reste rien après son visionnage. Beaucoup de défauts que je reproche au film sont peut-être des intentions de réalisation et correspondent exactement à ce que souhaitait AVARY, mais le résultat donne au spectateur un sentiment d'inachevé et de bâclé.

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