mercredi 18 mai 2016

Howard ... Une nouvelle race de héros - 1986 - Willard HUYCK

Titre original: Howard The Duck

Howard est un canard humanoïde habitant d'une autre planète. Suite à un mystérieux phénomène, il se retrouve sur Terre.

Howard The Duck est un héros Marvel partageant le même univers que Spiderman ou les X-Men. Presque inconnu en France, ce personnage est essentiellement réputé pour l'adaptation cinématographique qui fut un échec critique et public monstrueux.

Ce film est une sorte d'objet étrange dans la galaxie hollywoodienne. Condamné dès le lancement du projet par un personnage principal dont il est impossible de faire la promotion, il est surprenant que personne ne se soit dit au sein du studio que l'équipe courrait à l'échec. Film pour enfant? Impossible vu les nombreuses références scatologiques et sexuelles. Film pour adolescent (les lecteurs de comics)? Difficile de s'identifier à ce canard qui agit parfois comme un véritable trou du cul.

Mais au-delà du matériel de base, Howard The Duck a de nombreux problèmes dans son traitement cinématographique. Tout d'abord le fait de réaliser le film en prise de vues réels pose de sérieux soucis: ce qu'on est prêt à accepter d'un film en animation, on ne l'est pas forcément d'un film traditionnel avec des acteurs. La distance et la relation entre le public et ce qu'il voit à l'écran n'est pas la même.Le costume d'Howard est assez réussi, mais ce n'est pas pour une raison pour que l'on accepte de croire à Lea THOMPSON discutant avec un palmipède en costard.

Un autre gros souci est la cohérence du film dans l'univers qu'il crée: au début de l'histoire, les protagonistes sont surpris, à juste titre, de voir un canard parlant habillé. Par la suite, la présence d'Howard semble beaucoup moins gêner et parait presque normale, sans que l'on ait réellement eu d'explications. Dans Qui veut la peau de Roger Rabitt?, dès le début il est admis que les toons et les humains cohabitent au sein du même univers. La règle est claire et nette. Pour Howard The Duck, la situation est toujours floue.

Le scénario a certainement été trop, ou pas assez, réécrit car il y a deux parties dans l'histoire qui cohabitent très mal: durant la première heure, on nous montre l'adaptation de Howard à ce nouveau monde qu'il découvre. Il est balayeur dans un bordel, provoque des bagarres dans des bars ou cherche du boulot.  Par la suite, il y a une histoire de Seigneurs Noirs de l'Espace qui veulent conquérir la Terre et d'expériences scientifiques ayant mal tournés. A partir de ce moment, on rentre vraiment dans une histoire de super-héros, mais cet aspect n'a absolument pas été préparé dans la première partie et débarque comme un cheveu sur la soupe. Le terme de super-héros est d'ailleurs à prendre avec des pincettes:  Howard n'a pas réellement de pouvoir, à l'exception de la maitrise d'un art martial appelé le Quack-Fu mais qui ne parait absolument pas spectaculaire à l'écran. Le problème est que Howard ne fait rien qu'un être humain ne pourrait faire.

Certes, cela parait facile de se moquer. De nos jours, lorsque la moindre information sort sur un film du Marvel Universe, les réactions sur Internet sont instantanées et permettent de prendre le pouls du public. Cela pose certains problèmes, mais peut permettre à un studio de corriger le tir s'il fait vraiment n'importe quoi. Le plus surprenant est que Howard The Duck ait été produit par les studios Universal et Lucas Studios dont la compétence n'est plus à démontrer. Le premier sortait Retour vers le futur l'année précédente. Quand à Georges LUCAS, on peut en penser ce qu'on veut, mais il a réussi à rendre crédible à l'écran l'univers de Star Wars, alors qu'il disposait de beaucoup moins de ressources financières. Peut-être pensait-il créer une nouvelle franchise avec moults produits dérivés.

Holly ROBINSON, avant 21 Jump Street

Qui parmi les producteurs/scénaristes/réalisateurs avait réellement lu le comics de base? Si le personnage de Howard avait dès le départ de gros problèmes d'adaptation, un meilleur travail d'écriture et de mise en scène aurait pu y pallier. Les choix créatifs (ou l'absence de choix) ont plombé le film. Le résultat aurait pu être une franche parodie qui s'assume ou un très bon film pour enfants, mais le ton n'est jamais clair, les enjeux mal posés et l'ensemble brouillon. Qu'un tel film ait pu sortir sur les écrans est assez mystérieux, mais en même temps réjouissant car montre que l'hyper-formatage que l'on reproche à Hollywood peut complètement dérailler.

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